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Mondial-2019: Ellis et Wiegman, un banc de touche 100% féminin en finale

6 juillet 2019, 15:28

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Mondial-2019: Ellis et Wiegman, un banc de touche 100% féminin en finale

Ce n’était arrivé qu’une fois jusqu’ici, il y a 16 ans: deux sélectionneuses seront sur le banc de touche en finale du Mondial féminin de football dimanche à Lyon, une rareté dans un milieu encore majoritairement masculin.

L’Américaine Jill Ellis et la Néerlandaise Sarina Wiegman, aux trajectoires similaires, espèrent ne pas rester l’exception. Pour retrouver trace d’une opposition tactique 100% féminine à ce stade de la compétition, il faut remonter à 2003 et la victoire de l’Allemande Tina Theune sur la Suédoise Marika Domanski-Lyfors.

Avant cette date, seuls des messieurs avaient officié pour les trois premières éditions de la Coupe du monde féminine.

«Je suis très heureuse personnellement d’être en finale, Jill également», s’est réjouie Sarina Wiegman, nommée en janvier 2017 à la tête de la sélection féminine des Pays-Bas, avec dans la foulée un titre de championne d’Europe.

«S’imposer»

«Faisons plus d’efforts pour nommer des femmes aux plus hauts postes dans les instances internationales du football. Les femmes doivent avoir le courage de s’imposer, de prendre des risques et de prendre ces postes qui aujourd’hui leur sont accessibles. En tant que femmes, nous devons montrer notre talent», a-t-elle lancé.

Leur présence commune en finale ressemble tout de même à un trompe-l’oeil. Au Mondial-2019, seules neuf sélections sur vingt-quatre étaient dirigées par des femmes (Afrique du sud, Allemagne, Ecosse, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Pays-Bas, Thaïlande).

En championnat de France, la proportion est encore inférieure. Au début de la saison écoulée, il n’y avait que deux entraîneures (PFC et Rodez) sur les bancs de touche de la D1 féminine.

La finale de dimanche à Lyon, la capitale européenne du football féminin, sera donc toute symbolique.

Elle met par ailleurs aux prises deux protagonistes aux parcours miroirs, tracés aux Etats-Unis, pays précurseur dans la démocratisation du football féminin.

Née à Portsmouth et élevée à Cowplain, en Angleterre, Jill Ellis (52 ans) s’est installée avec ses parents à Manassas, en Caroline du Nord (Etats-Unis), en 1981. C’est à 14 ans, sans vraiment savoir quel est son poste sur un terrain, qu’elle revêt pour la première fois un maillot de football, avant de vite devenir incontournable dans les sélections de jeunes.

Elle a construit toute sa vie aux Etats-Unis, devenant citoyenne américaine, et après quelques expériences sur les bancs d’équipes universitaires, sera propulsée à la tête de l’équipe nationale le 16 mai 2014.

Ellis et Pozzo

Comme Ellis, qui avant de se tourner vers le football a dû passer par la pratique du hockey sur gazon et du netball, deux des rares sports collectifs où les compétitions féminines étaient structurées dans l’Angleterre des années 1970, Sarina Wiegman (49 ans) a dû batailler pour se faire une place dans les équipes de garçons, dans les rues de La Haye, pendant son enfance.

Alors qu’elle parvient à intégrer l’équipe nationale des «Oranje» pour le tournoi international de la Fifa en Chine en juin 1988, elle est repérée par le sélectionneur américain de l’époque Anson Dorrance, qui l’invite à passer un an aux États-Unis chez les Tar Heels (1989/90), en Caroline du Nord (comme Jill Ellis).

Wiegman y puise ses idées de jeu, qu’elle s’attachera à développer une fois de retour chez elle et d’autant plus depuis son intégration dans le staff des «Oranje» féminines, dès 2014 comme assistante, puis comme sélectionneuse en 2017.

«Moi-même j’ai été joueuse, j’ai joué aux États-Unis. J’ai un grand sens du collectif, c’est très important de jouer ensemble (...) Dans la culture américaine, il s’agit de fournir beaucoup d’efforts, c’est une culture différente des Pays-Bas. Si on veut l’emporter, il faut lutter pied à pied, se positionner. Il faudra vraiment fournir de gros efforts, batailler pour marquer», a prévenu la technicienne néerlandaise dans la semaine en conférence de presse.

Wiegman a mené les Néerlandaises, championnes d’Europe en titre (2017), à leur première finale d’un Mondial cette année. De son côté, Ellis pourrait devenir dimanche la première sélectionneuse à remporter deux finales de Coupe du monde de rang. Seul l’Italien Vittorio Pozzo en a fait autant chez les messieurs avec la «Nazionale» en 1934 et 1938.