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CAN-2019: avec les supporters algériens, la journée la plus chaude

30 juin 2019, 15:38

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CAN-2019: avec les supporters algériens, la journée la plus chaude

La CAN, ses stades vides et ses supporters algériens. Dans une ambiance générale très policée, les fans des Fennecs sont les plus bruyants à s’être déplacés en Egypte, bravant la chaleur et la sécurité à double tour.

Au Caire, quand on s’éloigne du terrain, il est difficile de concevoir que la plus grande compétition d’Afrique a démarré le 21 juin. Dans un hôtel près des pyramides, 300 à 400 irréductibles la font vivre à leur manière: des drapeaux sont suspendus au balcon, des chants résonnent du hall d’entrée.

A cinq heures du coup d’envoi de Sénégal-Algérie, Ismaïl tape en rythme sur la darbouka. Dans la masse blanche et verte qui commence à repeindre le resort vieillot, une chenille joyeuse se forme devant un personnel stoïque.

«C’est magnifique!», explique le percussionniste de 23 ans, originaire d’Alger, qui pour, la première fois, est parti soutenir sa sélection hors des frontières. «Je suis venu tout seul, mais j’ai des nouveaux frères ici.»

Pour le premier match des Fennecs en Egypte, gagné face au Kenya, ils étaient entre 2.000 et 3.000 à animer une enceinte désertée des locaux. A part pour les Pharaons, qui attirent plus de 75.000 spectateurs au stade international, le public boude les autres affiches.

«Tout le monde aimerait jouer dans un stade plein, mais ce n’est pas le cas malheureusement», a reconnu le sélectionneur algérien Djamel Belmadi. «Mais nos fans sont venus. Nous sommes chanceux de les avoir, ils viennent à chaque match.»

1.000 euros

Dans cet hôtel, les supporters sont passés par des agences de voyage. Bahri a payé près de 1.000 euros pour quinze jours et trois matches.

«C’est cher, mais je reste si les Fennecs vont plus loin», prévient le jeune homme de 24 ans, habitué des tribunes du MC Oran. «Supporter son club et l’Algérie, ce n’est pas la même chose. Tu entres dans le stade avec un show. Ca sort du coeur.»

«On fait des sacrifices. Quand il s’agit d’équipe nationale, et d’aventure, on aime ça. On aime notre pays», renchérit Samir, 52 ans, venu avec ses deux enfants. «Là où l’Algérie joue, on trouve toujours des Algériens. Même en Ligue des champions! Même s’il n’a pas de joueurs algériens, il y a toujours le drapeau algérien!»

Un chant à la gloire de Sofiane Feghouli commence à s’élever, quand sonne l’heure du départ: sous 40 degrés, cinq bus attendent pour aller au stade. Devant eux, des policiers. Certains d’entre eux sont stationnés en permanence devant la résidence des supporters algériens.

Leur présence rappelle le contexte sécuritaire tendu en Egypte, où des récents attentats ont visé des touristes étrangers sur la route des pyramides, non loin de là. Mais des supporters se plaignent de leur omniprésence, ainsi que de fouilles trop poussées au stade.

«trop strict»

«C’est trop strict ici. On est isolés», lâche l’un d’entre eux. «En Algérie, le supporter vient au stade pour s’exprimer, on est libres. Ce n’est pas pareil en Egypte. Trop de sécurité, ça se retourne contre soi.»

Les autorités égyptiennes ont déjà expulsé un fan pour avoir brandi une pancarte pro-contestation lors du premier match, alors qu’en Algérie, les stades de foot ont été l’une des scènes du mouvement populaire populaire inédit qui a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril.

Deux autres l’ont suivi, pour avoir utilisé un fumigène lors de la même rencontre.

«L’ambiance, c’est malheureux. Il y a 24 équipes, c’est 24 groupes de supporters. Je ne sens rien. Il n’y a pas de boutique CAN. C’est dommage», déclare un autre.

Les supporters interrogés jurent que la rivalité avec l’Egypte, qui s’est exacerbée en 2009 avec le caillassage du bus des joueurs algériens au Caire, c’est «du passé». «On n’est pas rancuniers. On avance», assure Samir.

«On est là pour l’Algérie», rappelle Hamza, 32 ans, en montrant les sacs poubelle qu’il entasse dans son sac, pour nettoyer la tribune à la fin de la rencontre. L’Algérie s’est finalement imposée 1 à 0 face au Sénégal.