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Dooshiant Ramluckhun: «Je suis virtuellement le maire»

29 juin 2019, 20:25

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Dooshiant Ramluckhun: «Je suis virtuellement le maire»

Dooshiant Ramluckhun ne cache pas sa déception de ne pas être maire de Quatre-Bornes. C’est avec de grands espoirs qu’il attend les prochaines élections générales.

Vous avez volé la vedette au maire de Quatre-Bornes, lors de son élection, le jeudi 27 juin.
Je suis virtuellement le maire. Des well-wishers m’ont dit : «Pran li, touzour enn ti meday.» Dan mo liv pena lennmi. Je ne fais de tort à personne, mais la jalousie est un gros problème dans le monde actuel. Mon père a travaillé très dur…

Votre histoire à vous commence quand ?
Partout où je vais, j’agis. Avant-hier, en déposant mon oncle à Crève-Coeur, j’ai vu un tuyau percé. De nos jours, les gens n’appellent pas le 170 alors que c’est bien simple. Si vous ne faites rien, votre conscience va vous le reprocher.

Mais votre histoire commence quand ?
Bien avant…

Vous avez quel âge ?
Trente-cinq ans. Aider, c’est dans le sang. C’est ce que mon père m’a appris. Il a travaillé très dur dès l’enfance. Aujourd’hui il va réaliser l’un de ses rêves : construire une salle de réceptions à Trianon.

À Maurice, on dit souvent, quand vous êtes dans le business, n’entrez pas dans la politique. On vous dit que la politique, li malang. Je suis un jeune, c’est aux jeunes de changer cela.

Après l’élection mairale, vous avez déploré le «manque de méritocratie». Vous voulez changer quoi ?
Je suis le premier de la famille à être tombé dans la marmite politique. Ma soeur est de six ans plus jeune que moi. Elle aussi aime la politique. Quand je vais en Chine, à Hong Kong ou à Dubaï pour le business, je vois des changements overnight. Quand je rentre à Maurice, nou tou relax.

En 2015, quand mon père m’a parlé de politique, cinq minutes après, je lui ai dit oui. À l’époque, Roshi Bhadain et Xavier-Luc Duval de l’alliance Lepep l’avaient approché pour les municipales. Mon père a préféré me céder la place. Je crois dans le travail, dans la lumière. À l’université que je fréquentais, la Rushmore Business School (NdlR : Dooshiant Ramluckhun dit être détenteur d’un BA Hons Business Management), ils m’ont dit que c’est là que la route a été éclairée, alors qu’ils attendaient depuis longtemps.

Pourquoi avez-vous choisi le MSM ?
En 2015, bannla m’ont approché. À l’époque, il y avait monsieur Bhadain. Monsieur Xavier aussi est venu. Je n’ai pas décidé seul, j’ai un grand respect pour mes parents. J’en ai discuté avec eux.

Regrettez-vous ce choix après l’élection mairale ?
Quand on est jeune, ou bizin ress aprann mem ou. Durant ces deux dernières semaines, j’ai appris beaucoup de choses.

Quoi par exemple ?
Même les grands leaders doivent accepter des choses qu’on ne peut pas digérer. Ki mo pou dir ou ? Il ne faut pas oublier les citadins qui ont voté pour nous. C’est chagrinant. Ils ne savent pas tout ce qui se passe.

Expliquez-leur pourquoi on a choisi Nagen Mootoosamy comme maire plutôt que Dooshiant Ramluckhun.
Les proches savent. Ena sagrin. D’autres m’ont félicité. It’s ok. Je suis pour la transparence. Je suis amer, mais le travail continue. Que je sois conseiller ou pas, le travail se fera. Après la victoire, le PM avait dit que les portables devaient être on 24/7.

C’est votre cas ?
J’ai deux portables, avec une double SIM sur chacun. Seki dir pa pe kapav gagn Dooshiant fode li enn bon manter. Même quand je suis en Chine, si on m’appelle, je suis toujours là pour aider. Même à mes risques et périls.

Après l’élection, vous avez déclaré, «si zot trouve mo pa bon, dir mwa, mo ale». On vous a demandé de partir depuis ?
Non. Le Premier ministre est au courant de ces choses.

Vous lui en avez parlé personnellement ?
Non. Mais il est au courant.

Comment le savez-vous ?
Politik sa. Si quelque chose se passe à Grand-Baie, à Grand-Port fini kone.

Prakash Maunthrooa, conseiller du Premier ministre, a assisté à l’élection. Il vous a longuement parlé ensuite. On dirait qu’il vous encourageait.
Il y a des well-wishers. Il n’y a pas que lui. Je suis là pour faire du bon travail. C’est reconnu là-haut.

À quel niveau ?
Si vous faites du bon travail, cela se voit, que ce soit par les citadins ou le PM.

On vous a promis autre chose ?
Non. Me fini tande. On attend. Quand il y a une erreur grave, il faut réparer. Des gens de différents bords m’ont m’approché pour le fameux ticket. Il y a beaucoup de couleurs qui me voient, j’espère que ma couleur me verra, pour les élections générales. Je suis là pour le MSM. La quantité de cravates orange que j’ai.

C’est obligatoire ?
La ou pou dir mwa baret tou sa la. Je n’ai pas de longs cheveux. Pour moi, c’est une marque de respect.

Vous ne portiez pas de cravate orange à l’élection mairale.
Ma tenue avait déjà été choisie par une proche. Il y avait beaucoup d’attentes à Quatre-Bornes. Cette personne avait déjà prévu la chemise et la cravate.

Vous avez dit tout haut que vous n’êtes pas satisfait du poste d’adjoint au maire. Craignez-vous des répercussions ?
Mo pa pe koz manti. Ce que je dis est vrai.

Personne ne vous a demandé de vous taire ?
Si, des proches.

Et les «higher quarters» ?
Non, non. Bann la konn mwa. Quand quelque chose est vrai, il faut le dire. Le PM croit dans la méritocratie, mais s’il faut changer certaines choses, cela va créer des débalancements. Nous sommes à la veille des élections. Il faut l’accepter.

Vous savez vous défendre. En novembre 2016, vous avez tiré sur un présumé cambrioleur dans le supermarché familial, Super Unic.
Sa li enn lot zafer. Enn lot demars sa. L’affaire a été rayée en cour.

Est-ce qu’en politique aussi vous allez vous défendre ?
Parfois, il y a des choses amères dans la vie, mais on tourne la page.

Quand vous parlez de vous-même, vous dites Dooshiant. Que signifie votre prénom ?
Qui vous a dit de demander cela ? Dooshiant était le nom d’un roi.