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Siven Ramen: «Le pouvoir central asphyxie l’administration régionale»

29 juin 2019, 16:22

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Siven Ramen: «Le pouvoir central asphyxie l’administration régionale»

Récemment, Siven Ramen a refait une apparition dans le public à la faveur d’un débat radiodiffusé. Cet homme de gauche très connu à Curepipe dans les années 70 est toujours actif, malgré ses 74 ans.

C’est un septuagénaire qui paraît beaucoup plus jeune que son âge qui nous accueille dans son atelier à Curepipe Road. Siven Ramen a gardé de l’intérêt pour les sujets qui ont toujours retenu son attention. Parmi ces questions : la justice sociale, la protection de l’environnement et le développement urbain ordonné.

L’état de Curepipe désole notre interlocuteur. «Je suis triste et j’ai honte pour ma ville», dit-il. Le citoyen d’honneur trouve que la Ville lumière a perdu de son lustre d’antan. «Le béton occupe de plus en plus d’espace et les herbes folles envahissent des quartiers à l’abandon», déplore le citadin.

«C’est dommage que les priorités des élus locaux sont autres.»

Le Curepipien, jadis engagé, explique cette situation déplorable par la perte d’autonomie des collectivités locales. «Le pouvoir central asphyxie l’administration régionale», affirme le citoyen Ramen. «Il y a beaucoup de choses tant sur le plan culturel que sportif qu’on aurait pu offrir aux habitants. C’est dommage que les priorités des élus locaux sont autres

Siven Ramen est un observateur attentif de la société mauricienne. Il reconnaît que les maux qui affectent sa ville ne sont que les résultats des erreurs commises au niveau national. «Par exemple, notre système d’éducation produit des diplômés, mais peu de citoyens responsables», estime l’observateur. «Les structures permettant la transmission des valeurs à nos jeunes ont disparu», fait-il remarquer.

Le couturier trouve qu’il manque un encouragement à l’innovation. «Cela nous aurait permis d’exploiter à bon escient nos ressources, telles les richesses marines, pour le développement de l’économie bleue par exemple, sans oublier l’immense réservoir de talents que représente notre jeunesse.»

Il faut dire que Siven Ramen a connu le sens de l’engagement, très jeune. Issu d’une famille modeste de Camp-Caval, il fait des petits boulots après le secondaire. Le jeune Siven atterrit chez un tailleur qui l’initie au métier. Très vite il se retrouve chez Caustat, couturier renommé de Curepipe.

Par la suite, avec son ami Assim Mowlah, il fonde la Maison Asven qui a pendant de longues années fait le bonheur des Curepipiens, surtout. En 1969, Siven Ramen est attiré par les activités du Club des étudiants militants. Sans surprise, il est à Saint-Jean avec les autres pour protester contre la venue de la princesse Alexandra à Maurice.

Par la suite, le Curepipien continue son engagement au sein du Mouvement militant mauricien (MMM). En 1971, arrêté pour affichage illégal, il fait l’expérience d’un bref séjour en prison.

Toutefois, lors de la première scission au MMM, en 1973. Siven Ramen se range dans le camp de Dev Virahsawmy. Il fera partie du bureau politique du MMMSP, le parti formé par les dissidents. Puis, Siven Ramen prend congé de la politique et s’en va à Paris pour approfondir ses connaissances du métier de couturier. Rentré à Maurice, il se consacre à son métier. Cependant, l’homme est animé par une soif d’apprendre.

C’est ainsi que l’artisan répond régulièrement à l’invitation de Joseph Cardella pour participer aux activités de l’université populaire. Siven Ramen découvre la philosophie et y prend goût.

Récemment, le septuagénaire s’est joint à une troupe de théâtre. Il prend plaisir à être créatif, mais surtout à partager une expérience avec des jeunes et des enfants. «On ne finit jamais d’apprendre et au contact avec des jeunes on apprend autant qu’on transmet», affirme Siven Ramen. Un programme stimulant pour le septuagénaire.