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Anne Murielle Ravina: «Je ne fais plus la belle qui se tait»

22 juin 2019, 20:32

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Anne Murielle Ravina: «Je ne fais plus la belle qui se tait»

Elle monte au créneau. Anne Murielle Ravina, Miss Mauritius 2017, dénonce l’absence de soutien à Urvashi Gooriah, tenante du titre de 2018, au concours de Miss World 2019, et d’autres… injustices. Pourquoi un tel recours pour lui porter secours ? Que fait-elle après son règne de reine de beauté ? Explications.

Sur votre profil Facebook, vous vous réjouissez du remaniement au niveau de la gestion du concours Miss Mauritius. Le temps du changement est-il donc venu ?
Effectivement, le monde change de jour en jour. Mais le véritable changement réside dans l’être humain. Par exemple, le fait positif, c’est de voir une équipe de jeunes apporter son aide… Bien sûr, l’aide n’implique pas uniquement le coaching, la publicité, etc. Il y a le soutien moral et «l’empowerment» de celles qui sont déjà sur le bateau. Le changement doit pouvoir toucher tous ceux concernés.

Pourquoi écrivez-vous qu’il faut «sauver Urvashi» sur votre post ?
Urvashi n’a nul besoin d’être sauvée. Elle a besoin d’être aidée et soutenue. Elle a la tête sur les épaules et la posture pour porter sa couronne. C’est pourquoi elle a été élue Miss. Malgré tout ce qu’elle a pu dire après son élection, c’est une fille qui a un grand cœur.

C’est son silence qui m’a encouragée à dire les vérités. Je croyais qu’elle aurait plus de soutien que moi car on m’a toujours fait comprendre que ma différence ne m’aidait pas toujours en tant que Miss Maurice. Parler, c’est ma façon de l’aider ou du moins d’essayer. Soutenir Urvashi, c’est une révolution pour les nouvelles reines de beauté et pour que Maurice puisse briller à l’international.

Vous évoquez un piège qui s’est abattu sur vous et qui résonne avec le silence d’Urvashi. Lequel ?
Le piège : c’est d’être Miss, d’être belle et se taire. Sinon on nous joue la carte de: «Tu n’iras pas au concours de Miss Monde.» Si c’est pa du chantage ou quoi alors? Clairement, quand on est une Miss, il s’avère que tout n’est pas permis. On peut dire à une Miss qu’elle n’ira pas à son concours si elle ne travaille pas sur son projet et ses obligations. Les Miss n’ont aucune indépendance.

Un comité disciplinaire qui est lui-même indiscipliné ne peut apporter des changements positifs. Les nouveaux coachs sont tout aussi enfermés dans cette cage: l’absence d’indépendance. Je parle aujourd’hui pour que toutes les nouvelles désireuses de rejoindre cette équipe aient un autre traitement et encadrement.

Vous parlez de souffrance, d’injustices et de mauvais traitements. Pourquoi ? Ne dit-on pas qu’il faut souffrir pour être belle...
Excusez-moi, mais ce n’est pas un titre et une couronne qui nous rendent belles. Et souffrir pour être belle ne se résume pas à ça. Sinon les Miss de tous les continents devraient vivre ces mêmes souffrances. Là, il ne faut pas uniquement souffrir pour être belle mais on se permet de nous dire : «Sois belle et tais toi», «Souffre financièrement et psychologiquement si tu veux représenter ton pays à l’international.» Ce n’est pas normal mais inadmissible. On doit être respecté. Bien sûr, on ne critique pas l’eau qu’on a bue quand on avait soif. Mais si on sait que l’eau peut être néfaste à la santé d’autrui, faut bien en parler! Moi je dis juste : «Sois toi-même et parle».

Que faites-vous à présent ?
Je travaille avec la Global Rainbow Foundation comme Project Manager pour Rodrigues. La passion pour les personnes en difficulté est devenue ma profession. De plus avec l’aide d’autres collégues, on fait de notre mieux pour éduquer les jeunes à travers l’art, le mannequinat et le social au sein de la Stars Agency. C’est surtout implication à aider les autres qui m’a fait réfléchir. En tant que présidente de ce groupe, je ne peux prôner l’épanouissement et dire que je veux voir les jeunes briller en étant aveugle aux déboires d’Urvashi. Je n’ai rien à gagner ni à perdre en étant la voix de celles qui se murent dans le silence. Être le rempart face aux problèmes est un de mes objectifs. Donc je suis déterminée à me battre, indépendamment des répercussions à mon égard.

Urvashi Gooriah, Miss Maurice 2018 : «Je ne veux rien dire sur cela»
Sollicitée pour une réaction suivant la position d’Anne Murielle Ravina, Urvashi Gooriah, Miss Maurice 2018, affirme ne plus répondre aux journalistes désormais. Elle nous a simplement déclaré : «Je ne veux rien dire sur cela. Je ne sais pourquoi Anne Murielle Ravina a fait cela. Elle parle peut-être de sa propre expérience. Elle est quelqu’un de bien.»