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Sept ans de cavale, «une souffrance» déclare David Gras devant les assises

21 juin 2019, 22:12

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Sept ans de cavale, «une souffrance» déclare David Gras devant les assises

«J’en finissais pas de ne pas me faire arrêter»: au premier jour de son procès devant les assises du Nord vendredi, David Gras, qui fut l’un des braqueurs les plus recherchés d’Europe, a abordé, sans détail logistique, ses sept ans de cavale, «une souffrance».

Le 2 août 2018, l’accusé s’était présenté de lui-même au greffe de cette cour d’assises pour se constituer prisonnier.
«J’avais décidé de me rendre et de prendre mes responsabilités. Je me suis dit «stop, on arrête ça», la cavale n’est pas une vie, c’est une horreur», relate Gras à la barre.

En choisissant de partir, «j’ai choisi la solitude, je me suis coupé de tout le monde, notamment de ma grand-mère, décédée pendant ma cavale... Je le regretterai jusque la fin de mes jours», poursuit l’homme de 48 ans, chemise bleu ciel et cheveux grisonnants tirés en arrière.

Pendant sa fuite, il raconte s’être «converti à l’orthodoxie»: «Ma foi m’a donné la force de revenir», tout comme la volonté de revoir sa fille de 20 ans.

«La vie est moins difficile aujourd’hui qu’elle ne l’était en cavale... La prison est une sorte de monastère d’où on ne peut pas sortir», estime-t-il.

«Nous pouvons aussi émettre l’hypothèse que vous vous soyez rendu parce que vous n’aviez plus d’argent...», glisse le président du tribunal.

«Non... Je n’avais plus d’argent depuis 2015, je me suis adapté, j’ai travaillé», répond simplement David Gras.

L’accusé est jugé jusqu’au 5 juillet pour une série de braquages, y compris à l’explosif, dont un à Orly qui avait fait un mort. Lors de ce premier jour d’audience, l’accusé, qui se dit «en pénitence», s’est tourné vers la famille de la victime: «Je suis désolé de ce qui s’est passé».

Ancien skinhead

Le 8 juillet 2016, il avait été condamné par contumace à 25 ans de réclusion criminelle, lors d’un procès où 19 personnes avaient été jugées. Une peine «inappropriée» et «disproportionnée», estime Gras qui reconnaît quasiment l’intégralité des faits qui lui sont reprochés.

Son complice présumé Serge Veron, rencontré en prison, a lui été condamné à 18 ans de réclusion.

David Gras a dévoilé vendredi avoir fui la France en 2012, sans préciser pour quel pays, car «ici» c’était «le stress»: «Une fois que l’ADN de Serge a été retrouvé, je savais que la relation serait faite».

«J’ai fui seul, sans l’aide de personne, sans moyens particuliers. Je n’avais confiance en personne... Les gens avec qui j’ai fait ça (les braquage, ndlr) ne sont pas des amis, j’allais certainement pas m’adresser à eux», raconte l’accusé, amateur de musculation et de sports de combat.

Selon l’enquête de personnalité, David Gras a été élevé par sa grand-mère à Nevers, dans la Nièvre, dans «des conditions très modestes».

Une enfance qu’il juge «assez insipide» jusqu’à son adolescence, période lors de laquelle il se rapproche «du mouvement de contestation punk». Il rejoint la «mouvance skinhead», d’abord dans une démarche «anarchiste», puis «patriotique», soulève l’enquête.

«J’ai renié tout ça depuis plus de 25 ans», balaie l’accusé, qui a enchaîné quasiment toute sa vie les petits boulots, «ceux faits pour les gens qui n’ont rien fait à l’école, comme moi».

Malgré les multiples relances de la cour, David Gras, déjà condamné pour le braquage d’une bijouterie en 2004, ne donnera pas plus de détails sur sa cavale. «Je ne veux pas causer de problèmes aux gens avec qui j’étais, question de correction, de bon sens.»