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Nouvelles manifestations en Géorgie pour demander le départ des autorités

21 juin 2019, 21:32

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Nouvelles manifestations en Géorgie pour demander le départ des autorités

Plusieurs milliers de manifestants étaient à nouveau réunis vendredi devant le Parlement géorgien à Tbilissi pour demander le départ des autorités, au lendemain de violents heurts dus à l’intervention d’un député russe dans l’hémicycle de ce pays du Caucase.

A 20H00 locales (17H00 GMT), une heure après le début officiel de la manifestation, au moins 8.000 personnes avaient répondu à l’appel de l’opposition, selon un journaliste de l’AFP.

Certains avaient un oeil bandé en soutien à des manifestants éborgnés la veille lors de heurts avec la police et la plupart demandaient le départ de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, souvent présenté comme le véritable homme fort du pays.

S’adressant à la foule, Grigol Vachadzé, le leader du principal parti d’opposition, le Mouvement national uni (MNU) créé par l’ancien président en exil Mikheïl Saakachvili, a notamment appelé à des élections législatives anticipées, une réforme électorale et la démission du ministre de l’Intérieur.

Les troubles ont commencé jeudi, quand environ 10.000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement pour protester contre l’intervention d’un député russe, Sergueï Gavrilov.

Beaucoup ont estimé sa présence choquante alors que les deux pays se sont affrontés dans une courte guerre en 2008 lors d’une intervention militaire russe en Géorgie, et que la Russie maintient des troupes dans deux régions séparatistes prorusses géorgiennes frontalières de son territoire.

Alors que la foule tentait de pénétrer dans le Parlement, des affrontements ont fait 240 blessés, dont 160 manifestants et 80 policiers, et conduit à 305 arrestations.

Ces manifestations se sont rapidement transformées en un mouvement plus global contre la domination dans le pays du parti Rêve géorgien, fondé par Bidzina Ivanichvili.

«Ivanichvili doit partir, tout son gouvernement fantoche doit partir», a déclaré à l’AFP une étudiante de 19 ans, Ana Ladaria.

«Il a gagné ses milliards en Russie, il est contrôlé par Poutine. Les Géorgiens veulent s’en débarrasser», a estimé de son côté un dentiste de 47 ans, Alexi Pataridzé.

Parmi les pancartes brandies par les manifestants, certaines disaient «Stopp l’URSS» tandis que d’autres interpellaient les forces de l’ordre: «Ne nous tirez pas dessus, nous sommes vos enfants».

Relations compliquées

Au lendemain des premières manifestations, le président du Parlement Irakli Kobakhidzé a démissionné.

Cette démission est un signe de son «grand niveau de responsabilité» et non pas de «concession aux demandes irresponsables des partis de l’opposition», a affirmé le secrétaire général du Rêve géorgien, Kakha Kaladzé.

Dans une vidéo publiée sur Facebook, l’ex-président Mikheïl Saakachvili a appelé ses partisans à «descendre dans la rue» et a demandé la fin du «régime» du milliardaire Bidzina Ivanichvili, considéré comme tenant les rênes du parti Rêve géorgien.

Tandis que l’ONG Human Rights Watch a dénoncé le recours à la force une foule «non violente», Amnesty International a appelé à une «enquête sérieuse» après la réponse «musclée» des forces de l’ordre. L’ONG dénombre 31 journalistes parmi les blessés.

De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé une «provocation russophobe».

Bidzina Ivanichvili, souvent présenté comme le véritable homme fort du pays, a pour sa part joué l’apaisement, assurant «partager pleinement l’indignation sincère des citoyens».

«Il est inacceptable que le représentant du pays occupant préside une rencontre au Parlement», a-t-il ajouté.

Le souvenir de la guerre d’août 2008 reste vivace en Géorgie. L’armée russe était intervenue sur le territoire géorgien pour voler au secours de la petite Ossétie du sud, territoire séparatiste prorusse où Tbilissi avait lancé une opération militaire.

En cinq jours seulement, l’armée géorgienne avait été vaincue. Les hostilités avaient pris fin après la conclusion d’un accord de paix arraché sous la médiation du président français de l’époque Nicolas Sarkozy, dont le pays assurait la présidence tournante de l’Union européenne.

L’Ossétie du Sud et une autre république séparatiste prorusse, l’Abkhazie, sont frontalières de la Russie et comptent toujours des troupes russes sur leur territoire. Après la guerre, Moscou a reconnu leur indépendance mais n’a été suivi que par une poignée d’autres pays dans le monde.