En décembre 2019, cela fera 20 ans qu’il existe. Si ses alentours se modernisent, lui reste le même, mais avec plus de moisissures. Le Millennium monument, à Wooton, a été érigé par le ministère des Arts et de la culture (sous Joseph Tsang Mang Kin) pour célébrer le passage de la République de Maurice dans le troisième millénaire, en 1999. En ce moment, un morcelle- ment et un entrepôt sont en construction juste à côté. Mais, à part avoir fait dépenser Rs 15 millions au pays, à quoi sert-il ?

Depuis son existence, c’est le monument le plus oublié de nos parlementaires. Il n’a pas attiré le grand public, malgré le jardin qui l’entoure. La plupart des habitants des environs et que nous avons interrogés ne savent même pas ce que cela représente, ni ne semblent intéressés à le savoir. «Les gens qui viennent sont la plupart du temps des touristes. Mais ils ne s’attardent pas quand ils se rendent compte qu’il n’y a rien à visiter à l’intérieur. Les Mauriciens ne viennent presque pas», explique le gardien qui y travaille depuis plusieurs années.

«Gaspillage de fonds publics»

Toutefois, il attire un grand nombre de voyous. Ouvert au public de 9 heures à 16 heures la semaine et de 9 heures à midi les samedis, c’est le soir qu’il y a de l’ambiance là-bas. «Nous, les gardiens, nous le surveillons 24/7. Souvent, le soir, des visiteurs indésirables y pénètrent en sautant la barrière. Ils viennent en groupe et se saoulent ou cherchent des choses à récupérer sur le monument comme les barres de fer sur la grille.» Les gardiens ne peuvent rien faire pour les chasser, par peur mais aussi parce qu’ils savent qu’il n’y a rien à voler.

Accusé d’avoir été un «gaspillage de fonds publics», par Pravind Jugnauth en 2003, ce monument de 18 mètres de haut est composé de 3 500 pierres de basalte bleu foncé. Le Parti travailliste était au pouvoir (1995 à 2000) lors de sa conception. Inauguré le 31 décembre 1999, le monument avait dû refermer, connaissant fuites et humidité. Ce n’est que le 1er novembre 2000 qu’il a rouvert au public.

Mis à part ces pierres et les quatre rochers à l’extérieur qui donnent l’impression d’être à l’île de Pâques, l’autre fait historique est que chaque détail a été conçu par l’architecte, artiste peintre et philanthrope Marcel Lagesse. Le Millennium reste la dernière œuvre de sa vie, étant décédé un mois avant son inauguration. Comme il le disait : «Qu’importe si je meurs, si mon œuvre doit demeurer…» Effectivement, elle demeure… mais dans quelles conditions.