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Venezuela: droits de l’homme et crise au menu de la visite d’une représentante de l’ONU

19 juin 2019, 08:09

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Venezuela: droits de l’homme et crise au menu de la visite d’une représentante de l’ONU

La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, débute mercredi une visite de trois jours au Venezuela pour prendre la mesure de la crise humanitaire qui secoue le pays, où le bras de fer entre le président Nicolas Maduro et l’opposant Juan Guaido dure depuis cinq mois.

Michelle Bachelet, dont l’agenda n’a pas été communiqué à l’avance, avait été invitée il y a plusieurs mois par Caracas, mais elle avait expliqué que cette visite ne pouvait avoir lieu sans certaines garanties, que l’ONU n’avait pas détaillées.

Jusqu’à vendredi, elle doit notamment rencontrer Nicolas Maduro, ainsi que Juan Guaido, le chef de file de l’opposition vénézuélienne, qu’une cinquantaine de pays reconnaissent comme président par intérim de ce pays qui affronte la pire crise de son histoire récente.

Selon les Nations unies, la crise a poussé près de quatre millions de Vénézuéliens à fuir à l’étranger depuis 2015. La récession se traduit, entre autres, par des pénuries de médicaments, d’essence, des coupures de courant à répétition, et surtout une hyperinflation qui devrait atteindre 10.000.000% cette année, selon les prévisions du FMI.

Un quart des Vénézuéliens, soit 7 millions de personnes, a besoin d’une aide humanitaire urgente, selon l’ONU.

Au plan politique, le Venezuela est dans l’impasse, depuis que le jeune opposant de centre droit s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier.

Il qualifie à l’envi le chef de l’Etat socialiste d'«usurpateur», réélu en 2018 à l’occasion d’un scrutin présidentiel «frauduleux» lui ayant permis de se maintenir au pouvoir. Nicolas Maduro, à la tête du pays depuis 2013, continue, lui, à jouir du soutien de l’état-major de l’armée, clef de voûte du pouvoir vénézuélien.

M. Maduro affirme que la visite de Michelle Bachelet n’a été possible qu’avec son assentiment, tandis que Juan Guaido l’assimile à «une victoire» de son camp. Mais l’opposant a prévenu que «le régime (allait) essayer d’occulter les problèmes».

Le bureau de Michelle Bachelet a toutefois assuré en amont qu’elle allait aussi rencontrer des «victimes d’abus et de violations des droits humains ainsi que leurs proches».

«Exécutions extrajudiciaires»

L’ancienne présidente du Chili a elle-même dit avoir été mise au courant de cas d'«usage excessif de la force, d’assassinats, de détentions arbitraires et de torture» de la part des forces de l’ordre au cours des gigantesques manifestations organisées en janvier contre le pouvoir chaviste.

A l’image d’Amnesty International (AI), certains défenseurs des droits de l’Homme dénoncent aussi des «exécutions extrajudiciaires».

«Nous espérons que Michelle Bachelet sera en mesure de rencontrer les fils, les frères et les épouses de toutes ces personnes qui ont été exécutées de manière extrajudiciaire et en toute impunité», a déclaré à l’AFP Carolina Jimenez, directrice du programme Recherches pour la région des Amériques chez AI.

Selon l’ONG Foro Penal, 715 personnes sont actuellement détenues pour motifs politiques au Venezuela. Les familles de ces détenus espèrent que la venue de Michelle Bachelet permettra de contribuer à leur libération.

En prélude à sa visite, les autorités vénézuéliennes, qui nient l’existence de prisonniers politiques, ont libéré lundi soir le député d’opposition Gilber Caro, emprisonné pendant près de deux mois.

La Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, a demandé à Mme Bachelet «ses bons offices pour la libérations des prisonniers politiques du régime», entre autres le vice-président de l’Assemblée, Edgar Zambrano, incarcéré depuis le 8 mai.

Tout en dénonçant la situation des droits de l’Homme dans le pays, la Haut-Commissaire a également fustigé à plusieurs reprises les sanctions économiques qu’a prises le gouvernement américain pour mettre Nicolas Maduro sous pression.

Elle s’est ainsi montrée critique concernant l’embargo américain sur le pétrole vénézuélien, qui accentue la crise financière et, par ricochet, frappe durement la population dans ce pays dont 96% des revenus proviennent précisément de l’exploitation du brut.

Michelle Bachelet va «faire part de son scepticisme quant aux sanctions, mais elle va aussi se faire l’écho de certaines situations qui devraient montrer le régime de Maduro sous un jour très défavorable», prédit Mariano de Alba, un juriste vénézuélien à Washington spécialisé en droit international.