Publicité

«Land Division»: regain d’espoir des «dépossédés»

18 juin 2019, 12:22

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

«Land Division»: regain d’espoir des «dépossédés»

Enfin une lueur d’espoir. Dans son discours du Budget, le 10 juin, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a annoncé qu’une législation sera introduite pour créer une Land Division au sein de la Cour suprême. De plus, une Land Monitoring Unit et un fonds spécial de Rs 50 millions seront institués au ministère du Logement et des terres à cet effet.

Ces nouvelles ont été chaleureusement accueillies par toutes les personnes qui allèguent avoir été victimes de dépossession de leurs terres ou de fraudes. Une réunion est prévue ce jeudi 20 juin entre Jack Bizlall et ceux concernés avec Dev Manraj, du Interministerial Committee, afin de réaffirmer ce qu’ils attendent de ces mesures budgétaires annoncées.

Mais qu’attendent vraiment les 250 chefs de familles concernés qui se sont regroupés en une association, en voie d’enregistrement certes, qu’ils ont appelée «Justice, Restitution et Réparation» présidée par Clency Harmon, l’ex-gréviste de la faim ? Et qu’est-ce qu’une Land Division signifie pour eux ?

Tout d’abord, cette nouvelle est un soulagement après les diverses luttes entamées par «les dépossédés» avant et après les recommandations de la Commission Justice et Vérité, publiées en décembre 2011. Nombreux sont ceux qui ont déboursé des centaines, voire des milliers, de roupies dans cette quête pour la restitution de leurs terres. Recherches, allées et venues aux archives, affidavits et courage ont été leur lot pendant toutes ces années pour essayer de voir la lumière au bout du tunnel. Selon eux, le système juridique est d’une lenteur extrême et jusqu’ici, ils n’ont pas pu être entendus et avoir un verdict dans leurs cas. D’où leur demande pour l’introduction d’une Land Court ou d’une Land Division.

«Le système actuel est lent et il est même favorable aux usurpateurs. Donc, nous sommes reconnaissants de pouvoir avoir une Land Division au sein de la Cour suprême qui traitera nos dossiers et nous permettra enfin de nous exprimer», avance Didier Kisnorbo, qui se bat depuis 2012 pour des terres qu’il dit appartenir à sa famille, à Beau-Champ et Trou-d’Eau-Douce.

Ayant déboursé jusqu’ici environ Rs 500 000, il attend que la Land Division qui sera mise sur pied agisse vite car durant toutes ces années, il a senti que les parties adverses jouaient avec le système judiciaire. «Dans mon cas, ils (NdlR, ceux qu’il accuse d’avoir pris les terres de sa famille) ont fait repousser l’affaire à trois reprises car supposément leurs rapports d’arpentage ne sont pas prêts et pendant ce temps les terrains ont été vendus en 30 lots à différents acheteurs. Je me retrouve dorénavant dans une situation où je ne sais plus à qui je dois réclamer mes terres.»

Raymonde Bisset abonde dans le même sens. Pour elle, toutes ces années écoulées ont été non seulement dures mais aussi «bordéliques» avec «des faiseurs de faux affidavits», des avoués malhonnêtes et un système où leurs cas n’étaient pas une priorité. «Là, j’espère que le sujet sera plus pris en considération car ce sujet des terres n’est pas une petite affaire», explique celle qui a dépensé des millions jusqu’ici.

Pour Clency Harmon et Jack Bizlall, une Land Division ne servira à rien si elle opère comme une cour normale. Selon eux, il faudrait tenir compte de la loi d’équité afin que justice soit faite. C’est-à-dire que, si l’accapareur des terres est reconnu coupable, il doit obligatoirement les rendre ou compenser les victimes selon leur valeur actuelle.