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La Chine veut cultiver de la graine de champion dès la maternelle

14 juin 2019, 12:12

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La Chine veut cultiver de la graine de champion dès la maternelle

La tête trempée de sueur, une classe de bambins s’entraîne à jouer au football dans une école maternelle de Shanghai, entourée de grandes tours d’habitation. Sans le savoir, ils représentent l’espoir du président Xi Jinping de transformer la Chine en une grande nation de football d’ici 2050.

Avec une seule participation à une Coupe du monde à son actif et une peu honorable 74e place au classement FIFA, le géant asiatique n’est aujourd’hui qu’un nain au niveau mondial dans cette discipline.

Pékin entend changer la donne et a massivement investi ces dernières années dans le football scolaire et amateur.

Pour cultiver les champions de demain, le ministère de l’Education du régime communiste a même annoncé en mars un programme pilote... de maternelles spécialisées dans le foot. Il concerne des dizaines de milliers de jeunes en culotte courte, dans 50 à 200 maternelles «de chaque province» du pays.

A l’école Kangcheng de Shanghai, 23 gamins de 6-7 ans - en dernière année de maternelle avant de rejoindre l’école primaire - se retrouvent ainsi deux fois par semaine autour d’un ballon.

Et dans d’autres établissements de la ville, des enfants pratiquent dès l’âge de trois ans, assure le président de la Fédération de football de Shanghai, Zhu Guanghu, qui fait du ballon rond une priorité pour les enfants - y compris les filles.

«Les enfants de trois ans qui savent marcher et peuvent garder la balle au pied peuvent jouer au foot», affirme-t-il, alors qu’un entraîneur siffle le début d’un exercice. «Il est très important qu’ils acquièrent les bases dès leur plus jeune âge.»

Manque de joueurs de qualité

Vêtus de t-shirts jaunes, les enfants évoluent la plupart du temps seuls avec un ballon. Au programme: ni passe, ni tacle, ni tir, mais des exercices de maîtrise de la balle avec les deux pieds et des dribbles.

A la fin de l’entraînement, ils alternent les mouvements de pied gauche et de pied droit au-dessus du ballon mais sans jamais le toucher. Un geste bien connu des fans de Lionel Messi, que le champion argentin effectue à la vitesse de l’éclair pour contourner ses adversaires et que bien des amateurs de ballon rond rêvent d’imiter avec autant de talent.

Le père du petit Wang Zhilin, sept ans, ne joue pas au foot mais il place tous ses espoirs dans son fils.

«Il veut que je joue pour le Shanghai SIPG», le club champion de la Super League chinoise, confie le petit garçon, le front plein de sueur.

Mais avant que Wang Zhilin puisse soulever, peut-être un jour, la Coupe du monde pour la Chine, le chemin sera encore très long. Le pays n’a participé qu’une seule fois au Mondial de foot, en 2002, où il avait perdu tous ses matches sans avoir pu inscrire un seul but.

«Une discipline essentielle»

Malgré son 1,4 milliard d’habitants, la Chine manque cruellement de joueurs de qualité.

Fin mai, elle a réembauché à la tête de l’équipe nationale chinoise l’Italien Marcello Lippi, ancien coach de l’équipe d’Italie qui avait remporté le Mondial-2006.

Il avait déjà été sélectionneur de la Chine de fin 2016 à début 2019 et revient à ce poste avec pour objectif de qualifier la Chine pour la Coupe du monde 2022 au Qatar.

En attendant le succès espéré de leurs aînés, les bambins des maternelles pilotes chinoises s’entraînent avec application.

A l’école Kangcheng, le foot est déjà enseigné depuis déjà deux ans. Il est pratiqué par 30 enfants sur les 580 que compte l’établissement.

Mais la directrice Xu Rong se désole: «Nous n’avons pas assez de temps ni de personnel, ce n’est donc qu’un petit club pour l’instant...»

A l’instar du président de la fédération locale, elle considère que la pratique du football aurait de nombreuses vertus pédagogiques: elle rendrait les enfants plus attentifs et leur permettrait de s’affirmer dans un groupe.

«J’ai toujours pensé que le football était une discipline essentielle», ajoute M. Zhu.