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Ambiance: entre «rezilta lor rezilta» et «zot pe dormi»

11 juin 2019, 09:00

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Ambiance: entre «rezilta lor rezilta» et «zot pe dormi»

Aucune main ne «tap latab» du Parlement. La majorité ne réagit pas lorsque Pravind Jugnauth annonce que les tablettes seront désormais distribuées aux élèves de Grade 4. Le Premier ministre et ministre des Finances se tourne vers ses troupes, esquisse un sourire en demi-teinte, accentué par son maquillage «spécial télévision». De l’autre côté de l’Hémicycle, le geste n’échappe pas à l’opposition. Quelqu’un lance, «zot pe dormi».

Un peu plus de deux heures de discours, à un rythme soutenu. Le Premier ministre ne s’est pas endormi sur sa copie. Ponctuant le quatrième Budget de son mandat de grandiloquentes «mesure historique», «mesure sans précédent», «une première», «meilleure performance». Une panoplie de qualificatifs sur laquelle le Grand argentier insiste. Tout comme il le fait pour les chiffres, qu’il déroule comme des sésames.

Alors, la majorité salue même les plus petites augmentations. Comme les Rs 30 en plus que toucheront les pêcheurs, les jours de mauvais temps. Mais aussi les millions investis dans les drains, les terrains de foot et les marchés. Ou encore les dotations symboliques, comme les Rs 50 millions pour l’éventuel relogement des Chagossiens dans leurs îles natales.

Entre bâillements étouffés, coups d’œil plus ou moins discrets à la montre, on prend des notes. Le plus équipé est le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui a posé ses deux portables devant lui. Et qui tient sa tablette sur les genoux.

Dans l’entourage du Premier ministre, après le Grand oral, on affirme que c’est le feel-good factor qui veut ça. «Vous avez vu le jugement d’aujourd’hui ?» Référence au verdict du Privy Council tombé hier, à 14 heures, dans l’affaire opposant l’État à CT Power. «En 2015, certains parlaient de vengeance politique. Ce jugement, comme celui de Betamax, vient montrer que nous avions raison d’agir de la sorte.» Tant pis, d’autres voix lâchent un laconique «cosmétique».

Retour dans l’Hémicycle. Il y a les enthousiastes. Comme Showkutally Soodhun et ses «weeeeh». Ou son «canon», alors que le Premier ministre s’apprête à annoncer l’augmentation de la pension de vieillesse. Même si au lieu de l’alignement sur le salaire minimum, tant chuchoté, critiqué et espéré, nos aînés n’auront que Rs 500 de plus sur leur retraite.

Soutien vocal aussi de Mahen Jhugroo, avec ses «bien bon» et «rezilta lor rezilta». Il y a également les impassibles. Comme les deux députés de Rodrigues, ainsi que Prem Koonjoo et Sangeet Fowdar. Bashir Jahangeer est le seul à se manifester à l’annonce d’une mesure concernant le Rivière-des-Anguilles Dam.

Question géographie, le Budget nous permet de voir du pays. Évidemment, Côte-d’Or City et Côte-d’Or Industrial Park sont incontournables. Mais aussi des paysages déjà vus les années précédentes, comme le village de Mahébourg ou Airport City. Sourire narquois de Paul Bérenger à l’annonce de la réduction des coûts des missions à l’étranger. Un «apre lamor latizann» accueille la mesure, du côté de l’opposition.

Autre item récurrent : l’augmentation de la subvention pour les institutions religieuses. Dans la galerie publique, Somduth Dultummun a écouté… religieusement ce discours de plus de deux heures. Tout comme Lady Sarojini Jugnauth. Avec à ses côtés Kobita Jugnauth, l’épouse du Premier ministre, qui lui a momentanément volé la vedette avant l’exercice. Après, elle a seulement dit que ce Budget était «très bien».

Dans les travées, Raj Dayal, Kalyan Tarolah, Sharvanand Ramkaun ont chacun leur cravate orange. Sans oublier Stephan Toussaint, of course. Le sport est décidément l’un des dadas du Premier ministre. N’a-t-il pas battu son propre record en faisant 26 tours de piste au stade Maryse Justin, en mars dernier ? Brouhaha général à l’annonce de l’académie en partenariat avec le club de Liverpool. Guito Lepoigneur lance : «West Ham ?» Interrogation reprise dans les rangs du Mouvement militant mauricien. Paul Bérenger lance :«Komik.»

Standing ovation de la majorité à la fin du discours. Ministres, députés et conseillers se pressent pour féliciter le ministre des Finances. Pile en face, dans la galerie publique, Dev Manraj, secrétaire financier, serre longuement Renganaden Padayachy, premier gouverneur adjoint de la Banque de Maurice, dans ses bras. Qui a vraiment «gagn lalig» comme l’ont dit certains, galvanisés ?

<p style="text-align: justify;">Il y a les enthousiastes. Comme Showkutally Soodhun et ses <em>&laquo;weeeeh&raquo;</em>. Ou son<em> &laquo;canon&raquo;</em>, alors que le Premier ministre s&rsquo;apprête à annoncer l&rsquo;augmentation de la pension de vieillesse.</p>

 

Dans les travées, Raj Dayal, Kalyan Tarolah, Sharvanand Ramkaun ont chacun leur cravate orange. Sans oublier Stephan Toussaint, of course.