Publicité

Emmanuelle Bayamack-Tam lauréate du prix du Livre Inter pour «Arcadie»

10 juin 2019, 12:09

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Emmanuelle Bayamack-Tam lauréate du prix du Livre Inter pour «Arcadie»

La romancière Emmanuelle Bayamack-Tam a reçu lundi le prix du Livre Inter pour «Arcadie» (P.O.L), roman libertaire et libertin, aussi subversif qu’érudit.

Le roman récompensé par le jury constitué de 24 auditeurs de la radio publique avait été l’un des livres les plus remarqués de la rentrée littéraire de l’automne et comptait parmi les finalistes des prix Femina et Médicis.

Le livre, 11e roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, 53 ans, a été choisi à la majorité absolue au 3e tour par 14 voix. Le jury d’auditeurs était présidé cette année par le dessinateur Riad Sattouf («L’Arabe du futur»).

Souvent drôle, ce roman est porté par une écriture inventive, tantôt précieuse, tantôt extrêmement crue. Les références littéraires sont innombrables sans jamais gêner la lecture.

L’histoire se déroule à Liberty House, une communauté dans le sud-est de la France, non loin de la frontière italienne. On y trouve des êtres, jeunes et vieux, beaux et laids, cabossés par la vie et dont la devise est «Omnia vincit amor» (l’amour triomphe de tout).

On suit en particulier Farah, adolescente délurée de 14 ans, qui aimerait offrir sa virginité à Arcady (un personnage récurrent dans les romans d’Emmanuelle Bayamack-Tam), mentor de la communauté de 20 ou 30 ans plus âgé qu’elle.

«Mais t’as même pas atteint l’âge de la majorité sexuelle! Tu veux que j’aille en prison, ou quoi?», se récrie Arcady.

Farah prend le parti d’attendre sauf qu’avec le temps son corps semble développer les attributs de la masculinité.

«Mais tous les corps sont désirables et le désir souffle où il veut», confiait récemment la romancière à l’AFP revendiquant avair écrit un livre à forte charge érotique.

Farah, ni vraiment homme, ni vraiment femme, qu’importe au fond, semble dire la romancière qui aborde la délicate question du genre dans la plupart de ses livres.

Un jour un migrant croisera la route de la communauté qui préférera se murer dans son égoïsme hédoniste plutôt que d’accueillir l’étranger.

«Une horde, ça finit toujours par resserrer les rangs autour de ses intérêts propres et par faire front contre un ennemi commun», constate Farah avec amertume.

Des accusations de captation d’héritage et d’abus de faiblesse achèveront de mettre fin à l’utopie.

Vraiment? Farah qui a «reçu l’amour en héritage» est bien décidée à «en divulguer la bonne nouvelle» et à fonder une nouvelle communauté «qui tirerait profit des erreurs de l’ancienne et n’en reproduirait pas le fonctionnement autarcique, les portes refermées, la possession jalouse du bonheur».

«C’est mon livre le plus politique», confiait la romancière à l’AFP, c’est aussi sans doute l’un des plus audacieux.