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De Bob le tacleur à Cedella l’ambassadrice: les Marley et le foot

7 juin 2019, 14:26

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De Bob le tacleur à Cedella l’ambassadrice: les Marley et le foot

Impossible d’y échapper en Jamaïque: l’ombre de Bob Marley plane encore sur l’ensemble de l’île et plus particulièrement les terrains de football, la deuxième passion de la gloire mondiale du reggae.

Après sa mort, ses enfants ont récupéré le flambeau et la sélection nationale féminine, qui s’est qualifiée pour la première Coupe du monde de son histoire, à partir de vendredi en France, doit énormément à sa fille Cedella.

«Les deux choses qu’il adorait étaient la musique et le football», se souvient pour l’AFP Allan «Skill» Cole, témoin privilégié des prouesses sportives de la légende du reggae, qu’il qualifie même de «fan absolu» du ballon rond, aimant à organiser des petits matches avec ses partenaires des Wailers entre deux concerts.

Les deux hommes se sont liés d’amitié dans les années 60, quand «Skill», maintenant un rasta de 68 ans aux fines dreadlocks grises soigneusement entretenues, était encore un adolescent, star du foot local.

«Il voulait faire tout ce qu’on faisait nous: on s’entraînait ensemble, on courait ensemble... La seule chose qu’il n’aimait pas c’était la salle de sport», poursuit-il dans un hôtel de Kingston.

A quelques minutes de là, au musée Bob Marley, haut-lieu touristique de la capitale, figurent aux murs de nombreux portraits du musicien.

Parmi eux, une photo de lui sur un terrain de foot, buste droit et chaussettes remontées, dans le pur style des années 70.

«Je l’aurais mis en défense» 

«S’il avait dû jouer dans une vraie équipe je l’aurais mis en défense. Il n’avait peur de rien, il adorait tacler», décrit «Skill» Cole, également devenu manager de tournée du chanteur et qui a coécrit plusieurs de ses morceaux, dont le tube «War».

Le football accompagne même Marley, fan de Pelé et de l’équipe du Brésil, dans les légendes autour de sa mort. L’icône du reggae est décédé en 1981 d’un mélanome, un cancer de la peau, qui s’est développé sous son orteil.

Lors d’un match, «Bob», taclé, se blesse à l’orteil. C’est alors que la maladie est découverte. Pour de nombreuses personnes, dont «Skill» Cole, l’infection a provoqué le mélanome, même si aucune preuve médicale ne permet d’étayer ses propos.

«C’est là que les premiers signes sont apparus. Mais nous n’avons pas pris la chose au sérieux», assure-t-il.

La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre: en 1998, c’est le fils aîné Ziggy Marley, un de ses nombreux enfants à s’être également lancé dans la musique, qui met la main à la patte pour enregistrer l’hymne officiel des «Reggae Boyz», la sélection nationale masculine, qualifiée pour le premier Mondial de son histoire.

Cedella Marley, elle, a volé en 2014 au secours d’une équipe féminine dont le programme avait été dissous par la fédération jamaïcaine et qui était même sortie du classement Fifa.

Sponsors, soutiens financiers et médiatiques... Grâce à l’aide de leur nouvelle ambassadrice, qui a même enrolé ses frères Stephen et Damian pour composer leur nouvel hymne, les «Reggae Girlz» finissent par se qualifier pour le Mondial-2019.

Au nom du père 

«Elle a reçu une vision de son père. J’ai la chance d’en faire partie, les joueuses aussi, elles en parlent tout le temps», explique d’un ton révérencieux l’entraîneur de l’équipe, Hue Menzies. «Elle a pris des risques pour nous, elle est là depuis le début».

Et dans son pays d’origine, cela ne passe pas inaperçu. Dimanche 19 mai, lors du dernier match à domicile de la sélection avant la compétition, le speaker du stade National de Kingston a remercié avec profusion, une demi-douzaine de fois, la femme d’affaires/chanteuse/styliste, présente dans les gradins.

Cette passion, a-t-elle expliqué à l’AFP après la victoire (3-1) de la Jamaïque contre le Panama, elle la tient évidemment de sa superstar de père.

Le foot «a été dans ma vie depuis ma naissance, donc c’était normal de faire partie» de cette aventure, a-t-elle raconté sur la pelouse après avoir embrassé et félicité ses «Reggae Girlz».

«Elles avaient besoin d’aide, ce sont des femmes, on leur disait qu’elles ne pouvaient pas faire ce sport qu’elles aiment. Donc on s’est impliqué, et nous voilà!»

Et même si elles sont bien trop jeunes pour avoir connu les heures de gloire du chanteur, les joueuses sont sensibles à ce patronyme à la résonance quasiment inégalée sur cette île des Caraïbes.

Interrogée sur ce soutien de poids, les yeux de l’attaquante Khadija Shaw, une des stars de l’équipe, se sont illuminés. «Avoir un Marley derrière nous, c’est super. Où que vous alliez, les gens connaissent Bob Marley».