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Roland-Garros: Hoang passe à l’attaque sur le tard

31 mai 2019, 15:58

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Roland-Garros: Hoang passe à l’attaque sur le tard

Venu sur le circuit sur le tard, Antoine Hoang a transformé l’essai dès sa première occasion en Grand Chelem : à 23 ans, voilà l’invité et 146e mondial au troisième tour de Roland-Garros, même pas quatre mois après sa toute première victoire dans la cour des grands. Sans effusion.

A l’âge où les aspirants champions bataillent habituellement pour se faire une place dans l’élite du tennis mondial, Hoang était lui sur les bancs de la fac.

«Mes parents m’ont poussé à faire des études pour que j’ai un plan B», explique le licencié en sciences du sport, qui se consacre désormais «à 100%» au tennis et s’est fixé pour objectif de rentrer dans le top 100 d’ici la fin de la saison.

«J’arrive peut-être sur le circuit plus tard que les autres mais j’ai encore beaucoup de belles années devant moi», poursuit-il.

Ce n’est que l’année dernière que Hoang s’est lancé pour de bon sur le circuit Challenger, la deuxième division du tennis, et y a enregistré ses premières victoires (trois finales entre septembre 2018 et janvier 2019). Avant cela, à l’exception de rares incursions non concluantes en 2016 et 2017, c’est l’échelon inférieur, la catégorie des tournois Futures, que le natif de Hyères écumait.

Il y a moins de deux ans, à l’été 2017, il pointait encore au-delà de la 400e place mondiale. Début 2018, encore au-delà de la 300e.

Avant Roland-Garros, Hoang ne s’était frotté que trois fois au circuit principal, à Pune, en Inde, en janvier, puis à Montpellier et Marseille en février. Il n’y avait récolté qu’une seule victoire, contre le Belge Steve Darcis à Montpellier.

En trois jours, le Varois a donc triplé son actif de victoires sur le circuit ATP : il a d’abord écarté le Bosnien Damir Dzumhur (6-4, 0-6, 7-6 (5), 6-3), puis il est venu à bout en près de quatre heures (6-4, 3-6, 7-6 (7/5), 7-5) de l’Espagnol Fernando Verdasco (27e), devenu sa première victime classée dans le top 50.

«Gaël, je le connais de la télé»

Autre particularité de Hoang, il est ambidextre : droitier au revers à deux mains, il a joué à une main de chaque côté durant son adolescence, la faute à un «problème à l’épaule». «A partir 12-13 ans, je me suis entraîné de la main gauche et j’ai vite progressé, j’étais assez surpris, j’ai joué comme ça jusqu’à 16-17 ans. Mais à un niveau plus élevé, quand j’ai commencé les Futures, le fait d’avoir toute cette panoplie de coup, c’était dur pour moi, donc j’ai laissé tomber ça», raconte-t-il, en confirmant smasher encore de temps en temps de la main gauche plutôt qu’en revers.

Qu’il s’agisse de ses deux performances réalisées aux deux premiers tours comme de son prochain adversaire, le N.1 français Gaël Monfils, un face-à-face 100% français promis à un grand court, c’est très posément et sans effusion ou presque que Hoang les accueille et les évoque.

«C’est dans ma nature, explique-t-il. Même si intérieurement, c’est un accomplissement, que je prends quand même conscience de ce que j’ai fait, que c’est un peu un exploit.»

«Je suis assez cérébral, assez introverti, donc m’encourager ou montrer mes émotions n’est pas facile pour moi, mais j’y travaille», ajoute Hoang, bras et poings discrètement levés et serrés après son succès aux dépens de Verdasco, et qui s’est efforcé de «prendre son cerveau à contre-pied pour y aller quoi qu’il arrive dans les moments importants même si c’est contre-instinctif».

L’attend désormais un rendez-vous de prestige avec Monfils. «Gaël, je le connais de la télé, sourit-il. Il m’a fait vibrer plusieurs fois, que ce soit en Coupe Davis ou à Roland-Garros, c’est un peu le Gaël national, il a l’air super gentil.»

Question personnalité extravertie, c’est en tout cas un modèle exemplaire qu’il s’apprête à défier.