Curepipe, une ville aussi figée que les statues ? Si le centre-ville n’a pas beaucoup évolué au fil des ans, l’arrivée future de l’Urban terminal pourrait tout changer. Déjà, il est question du déménagement des commerçants et des compagnies d’autobus de la gare Jan Palach*.

Quels sont les pans d’histoire qui se trouvent sur le trajet ? À bien y voir, le patrimoine national à Curepipe – selon la liste officielle – est concentré dans le voisinage de l’hôtel de ville, lui-même un héritage de la période coloniale. La Malmaison ayant été achetée en 1902 par la mairie, démontée à Moka et remontée à l’identique à son emplacement actuel.

Un tour dans la cour de l’hôtel de ville nous fait croiser trois statues – toutes classées patrimoine national. La plus connue est sans conteste celle de Paul et Virginie. Il s’agit d’une copie en bronze d’une oeuvre signée du sculpteur Prosper d’Epinay. L’original, en marbre, est conservé au Blue Penny Museum.

Autre hommage, dans la cour de l’hôtel de ville : la statue de Paul- Jean Toulet (1867-1920), poète français ayant des racines mauriciennes. Contemporain de Marcel Proust et de Guillaume Apollinaire, il a été le chef de file de l’école fantaisiste. L’une de ses oeuvres les plus connues : Les Contrerimes, publiée à titre posthume. C’est à 18 ans qu’il débarque dans l’île, où vit son père. Il y passera deux ans, menant une vie de plaisirs, entre jeux d’argent et drogues. Il est mort en France. Si ce poète est peu connu du grand public, il a été admiré par l’ancien président de la République française, Georges Pompidou, ou l’ancien académicien Jean d’Ormesson.

La troisième statue classée est celle d’Aimé de Sornay, dont le nom est associé au Collège d’Agriculture et aux recherches scientifiques sur la canne, dans les années 1950.

Cette cour décidément très riche rend aussi hommage à l’Abbé de La Caille. Un mémorial lui est dédié. L’abbé Nicolas- Louis de Lacaille (1713- 1762) – (également orthographié La Caille) – était un astronome français. Il a dressé la première carte complète du ciel austral. Il a séjourné à Maurice entre 1753 et 1754 sur ordre du roi, à la demande de la Compagnie des Indes. Il nous a laissé une carte détaillée de l’île.

Enfin, le Monument aux morts, devant le collège Royal de Curepipe, est aussi classé patrimoine national. Ce monument de l’Armistice dédié aux soldats inconnus est à la mémoire des Mauriciens morts durant la Première Guerre mondiale.

* Étudiant qui s’est suicidé par auto-immolation en signe de protestation politique, Jan Palach est décédé le 16 janvier 1969, après que l’Union soviétique ait envahi sa Tchécoslovaquie natale pour écraser les réformes du gouvernement d’Alexandre Dubcek lors du printemps de Prague.