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Européennes: le Royaume-Uni et les Pays-Bas votent, l’euroscepticisme en toile de fond

23 mai 2019, 21:23

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Européennes: le Royaume-Uni et les Pays-Bas votent, l’euroscepticisme en toile de fond

Le Royaume-Uni et les Pays-Bas votaient jeudi pour le premier jour des élections européennes, deux pays scrutés de près par le reste du continent pour mesurer la montée en puissance des eurosceptiques.

Plus de 400 millions d’électeurs voteront dans 28 pays pour élire 751 députés européens lors de ces élections qui se tiennent jusqu’à dimanche. Ce sera au tour vendredi de l’Irlande et de la République tchèque, la plupart des autres pays de l’UE se prononçant dimanche.

Un envol des mouvements nationalistes et populistes est attendu lors du scrutin, qui devrait faire perdre du terrain aux deux groupes les plus importants au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), groupe de la droite pro-européenne, et le Parti socialiste européen (PSE).

D’après les derniers sondages, le parti de Marine Le Pen (extrême droite) devance celui du président Emmanuel Macron en France tandis qu’en Italie, la Ligue de Matteo Salvini fait la course en tête avec un discours anti-UE.

Aux Pays-Bas, le Forum pour la démocratie (FvD), parti eurosceptique, anti-immigration et climatosceptique, affronte notamment les libéraux (VVD) du Premier ministre Mark Rutte, qui a appelé à un large rassemblement des électeurs pour contrer les populistes.

Le chef de file du FvD, Thierry Baudet, est «la coqueluche politique de l’année», a expliqué à l’AFP Claes de Vreese, professeur de communication politique à l’Université d’Amsterdam. Et «ce qui se passe aux Pays-Bas se passe aussi ailleurs en Europe», à l’image des récentes performances des populistes en Italie et en Hongrie, a ajouté ce professeur.

Brexit omniprésent

Au Royaume-Uni, les Britanniques votaient dans un climat plombé par le Brexit, qui monopolise les débats politiques depuis le référendum de juin 2016. Faute d’être sorti de l’UE dans les temps, Londres a été contraint d’organiser ce scrutin d’autant plus surréaliste que les députés britanniques pourraient ne siéger que quelques semaines au Parlement européen.

Le pays devait quitter l’UE le 29 mars, mais faute d’avoir obtenu le soutien des députés, qui ont rejeté à trois reprises l’accord de sortie qu’elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, la Première ministre Theresa May a dû repousser la date du divorce, désormais fixé au 31 octobre au plus tard.

Pour éviter une sortie sans accord, elle tente de convaincre les députés de soutenir un projet de loi de la «dernière chance» pour mettre en oeuvre le Brexit. Mais elle a dû repousser à une date indéterminée le vote sur le texte, attaqué de tous côtés et qui a provoqué mercredi la démission fracassante de la ministre chargée des relations avec le Parlement, l’eurosceptique Andrea Leadsom.

Dans cette campagne insolite, le Parti du Brexit de l’eurosceptique Nigel Farage, qui réclame une sortie de l’UE immédiate et sans accord, caracole en tête des sondages.

«On a déjà voté Brexit, ils nous ont ignorés, donc on va leur dire de nouveau», a déclaré M. Farage jeudi à l’AFP. Il espère être «le député européen au mandat le plus court de l’histoire».

Verdict dimanche

Quant au vote anti-Brexit, il semble devoir surtout bénéficier au Parti libéral-démocrate, dont le slogan de campagne est «Merde au Brexit».

Les «Lib-Dem» ont «réussi à s’imposer comme le principal parti en faveur du maintien (dans l’UE)», souligne le Pr Matt Cole, de l’université de Birmingham, interrogé par l’AFP.

Les partis conservateur et travailliste, qui dominent la vie politique britannique depuis plus d’un siècle, sont en grande difficulté. Les électeurs risquent bien de faire payer aux Tories leur incapacité à faire sortir le pays de l’UE. Quant au Labour, il souffre de ses ambiguïtés sur le Brexit.

Neil Rodford, 49 ans a ainsi expliqué à l’AFP avoir voté pour rester dans l’UE en 2016. «J’ai en quelque sorte inversé ma décision et voté pour partir», a-t-il déclaré à Twickenham (sud-ouest de Londres), plus par «principe» que par conviction, car il estime que le gouvernement aurait dû respecter le vote des 52% de Britanniques qui veulent quitter l’UE.

D’autres électeurs espéraient favoriser un éventuel maintien dans l’UE, à l’instar de Margaret Clark, 64 ans, qui a voté en Irlande du Nord. «Le Brexit, je n’en veux pas», a-t-elle dit. «Je ne veux pas être déconnectée du reste de l’Europe. Nous faisons partie de l’Europe et nous devons y rester».

Un sondage publié mercredi par l’institut YouGov place le Parti conservateur à une humiliante 5e position, avec 7% des voix, trente points de moins que le Parti du Brexit, largement en tête et suivi des Lib-Dem à 19% puis du Labour à 13%.

Les résultats ne seront annoncés officiellement qu’à partir de dimanche soir, lorsque tous les pays de l’Union européenne auront fini de voter.

Une nuit qui s’annonce «très compliquée», a concédé Downing Street.