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JIOI 2019 - Marilyne Leclair: «Entendre le “Motherland” dans un pays étranger, loin de son pays, donne des frissons»

18 mai 2019, 10:08

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JIOI 2019 - Marilyne Leclair: «Entendre le “Motherland” dans un pays étranger, loin de son pays, donne des frissons»

«J’ai eu la chance de participer en tant qu’athlète aux JIOI de 1990. Les premiers jours, nous étions à Tananarive. Le Village des Jeux n’était pas très accueillant. Nous étions entassés dans des dortoirs. Pour les repas, il fallait faire la queue pendant des heures. On avait le riz, des grains secs - il fallait pêcher les grains de lentilles -, quelque chose qui ressemblait à de la viande et quelques légumes bouillis, sans saveur, presque tous les jours. Avec un peu de chance, on pouvait avoir une purée de pomme de terre ou une pomme. Après trois semaines de stage en France, ce changement brusque de régime alimentaire n’était pas très bien accueilli.

On passait notre temps à manger des steaks et des frites dans la buvette des officiels qui, en passant, ne partageaient pas les mêmes menus que les athlètes. Dès le premier jour de notre arrivée au Village des Jeux, nous, les nageurs, avons sympathisé avec les footballeurs qui nous avaient appris des chansons. Et dans le bus, en route pour la cérémonie d’ouverture des Jeux, nous avons chanté. Il y avait une super ambiance.

Quelques jours après la cérémonie d’ouverture, nous avons pris l’avion d’Air Madagascar d’Antananarivo en direction de Tamatave où devaient se dérouler les épreuves de natation. L’avion était vieux et tremblait tellement que nous avons cru ne jamais arriver à destination.

À Tamatave, on logeait dans une école et les salles de classes avaient été converties en chambres. On prenait nos repas dans le restaurant d’un hôtel qui était à côté.

Les informations étaient rares et nous étions coupés du reste du monde – il y avait seulement les nageurs réunionnais, mauriciens, seychellois et malgaches. On ne savait pas ce qui se passait dans les autres disciplines.

J’étais fière et contente de pouvoir assister aux épreuves des autres nageurs avec qui je m’entraînais deux fois par jour. Et de les voir réussir après tant de sacrifices me faisait énormément plaisir. On n’avait pas de piscine chauffée. Je donnais de la voix dans les gradins avec les autres nageurs mauriciens. Mais ce sont surtout les exploits de ma sœur Corinne qui m’ont émue. Mes deux frères, Patrice et Jocelyn, qui ont aussi participé à ces Jeux, ont fait de belles performances. Il n’y avait pas de supporters mauriciens à Tamatave, à l’exception des nageurs et de quelques officiels - parmi le médecin légiste Satish Boolell, alias Satcam pour les nageurs -, qui faisaient office de supporters pour Maurice. Nous étions quelque trente Mauriciens tout au plus.

Entendre le Motherland dans un pays étranger, loin de son pays, donne des frissons. Dans ces moments-là, on se sent fière d’être Mauricienne, sans distinction de races, de couleurs ou de religions, as one people, as one nation.

Apres les épreuves de natation, nous sommes rentrés à Tananarive et là nous avons pris connaissance des performances des autres athlètes. Nous avons retrouvé nos amis les footballeurs.

Dans l’avion du retour rempli d’athlètes mauriciens, l’ambiance était électrique. Les hôtesses d’Air Mauritius ont eu toutes les peines du monde pour faire leur service. Les athlètes n’arrêtaient pas de les taquiner. Quand l’avion a atterri à l’aéroport de Plaisance, c’était l’euphorie, tous les athlètes ont lancé leurs oreillers et coussins en l’air.

On était contents d’être de retour au pays et surtout de revoir la famille pour partager nos émotions. Il y avait foule à l’aéroport. Les journalistes couraient dans tous les sens. Les parents et amis nous attendaient avec des fleurs et nous ont applaudis quand nous sommes sortis. Aujourd’hui encore, je ressens beaucoup d’émotions en pensant à tout ça et depuis, à chaque fois que j’entends le Motherland, cela me ramène à Madagascar.

Pour terminer, une petite anecdote. Ma soeur Corinne me dit dans l’avion qu’elle voulait acheter des stylos au Duty Free Shop. On lui avait dit que les journalistes l’attendraient à sa descente d’avion et elle tenait absolument à aller dans la boutique hors-taxe. En sortant de l’avion, elle avait son chapeau de paille sur la tête et les journalistes qui l’attendaient ne l’ont pas reconnue. Elle leur a demandé s’ils attendaient Corinne Leclair. Elle leur a dit : ‘Elle est derrière, elle arrive…’ Et ils ont attendu en vain que l’avion se vide pour la voir. Certains m’ont même prise pour elle. Il a fallu que le ministre Glover aille la trouver dans le Duty Free Shop pour qu’elle parle aux journalistes.»

Palmarès

<p><strong>Marilyne Le Bon (née Leclair) &ndash; Nageuse </strong></p>

<p>1984 - Début en compétition nationale de natation.</p>

<p>1987 - Participation aux Premiers Jeux des Jeunes à l&rsquo;île de La Réunion &ndash; 2 médailles d&rsquo;argent.</p>

<p>1988 &ndash; Participation aux &ldquo;First African Age Group Swimming Championships&rdquo; au Zimbabwe &ndash; 2 médailles de bronze.</p>

<p>1990 &ndash; Participation aux JIOI à Madagascar (remplaçante)</p>

<p>1991-1992 &ndash; Participation aux Océanides à l&rsquo;île de La Réunion</p>

<p>1993 &ndash; Arrêt de la compétition pour enseigner la natation aux enfants et aux adultes jusqu&rsquo;en 2013.</p>