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JIOI 2019 - Noormohamed Roheemun: «J’avais reçu pour mot d’ordre de travailler mon point fort, le coup de pied de face, le ‘mae geri’»

11 mai 2019, 15:12

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JIOI 2019 - Noormohamed Roheemun: «J’avais reçu pour mot d’ordre de travailler mon point fort, le coup de pied de face, le ‘mae geri’»

«Il y avait une grande compétition internationale regroupant l’Inde, Madagascar, l’Afrique du Sud et les Comores au gymnase Pandit Sahadeo à Vacoas. Elle se déroula plus d’un an avant les Jeux des îles de 1998 à La Réunion, de 10 h à minuit. J’étais en lice chez les seniors et j’ai enlevé une médaille d’argent. Je sortais du gymnase pour rentrer chez moi quand on m’appelé. J’ai été informé alors que j’avais été présélectionné pour le rendez-vous réunionnais dans la catégorie moins de 65 kg. C’est la première fois que le karaté allait être discipline officielle aux Jeux des îles.

La compétition de la Zone 7 avait eu lieu à Madagascar un mois avant les Jeux. J’étais en action dans le groupe B et j’avais terminé deuxième en individuel. Nous avions eu l’occasion également de suivre un stage à La Réunion et un autre à Maurice. Je me perfectionnais tout comme mes coéquipiers. J’ai passé cinq épreuves de sélection avant d’obtenir ma place en équipe nationale.

Juste avant les Jeux, nous avons participé à un team building pendant quatre jours. L’entraînement avait été intense. C’est quand nous avons pris possession de nos équipements que nous avons su que nous serions bien du voyage à La Réunion. Avant le départ, j’avais dit à un cousin que je ramènerais deux médailles, sans savoir lesquelles toutefois. J’avais reçu pour mot d’ordre de travailler mon point fort, le coup de pied de face, le mae geri.

Je livre mon premier combat contre un Comorien et je l’emporte. Je signe une deuxième victoire contre un Seychellois. Après la disqualification d’un Réunionnais, je me qualifie pour la finale. Je me retrouve face à un Malgache. J’avais 26 ans, je voulais à tout prix ramener une médaille pour mon pays. Et je vais m’imposer, 6-3.

J’avais réussi l’exploit dont je rêvais. C’était la première participation du karaté aux Jeux des îles, j’avais obtenu l’unique médaille d’or côté mauricien, j’avais pu faire flotter haut le quadricolore. Je me remémorais alors tout le travail abattu ensemble au sein de l’équipe nationale. Ce sont des souvenirs inoubliables.

Nous avions fait beaucoup de sacrifices pour parvenir à ce résultat. Je remercie mon Créateur qui m’a permis d’atteindre cette médaille d’or, ma famille, mon entraîneur Ajay Jooron, avec lequel je m’étais entraîné pendant quinze ans. J’avais beaucoup appris aussi au contact des karatékas étrangers.

J’exultais ! J’étais sans voix. J’éprouvais un grand bonheur. J’avais remporté l’or en individuel. Et plus tard, dans le tournoi par équipe, j’allais enlever le bronze. Toute la communauté du karaté était aux anges. Mon entraîneur me confiera par la suite qu’il y a trois événements qui l’ont marqué dans sa vie : la naissance de sa fille, la construction de sa maison et ma médaille d’or aux Jeux de La Réunion en 1998.

C’est un souvenir inoubliable ! C’était ma première médaille sur le plan international, la plus importante également. Et je l’ai obtenue au prix d’énormes sacrifices. J’habitais Camp Yoloff à l’époque. Je me rendais à mon lieu de travail à Terre-Rouge, à bicyclette. Je travaillais à l’usine jusqu’à 17h15. Puis je regagnais ma maison et à 17h30, je prenais la direction du Ward IV cette fois, pour l’entraînement national au collège d’État Renganaden Seeneevassen. J’ai vécu à ce rythme-là pendant un an et demi. Malgré mes faibles revenus mensuels, mes responsabilités familiales, j’ai pu poursuivre mes entraînements et concilier mes différents engagements. J’ai pleuré quand j’ai reçu cette médaille d’or. J’ai appris ce que veut dire faire flotter haut le drapeau de son pays. J’en frissonne encore rien que d’y penser.»

Palmarès

  • Médaille d’or aux Interclubs
  • Plusieurs fois champion national
  • Médaille d’or en individuel et médaille de bronze par équipe aux 5e JIOI en 1998 à La Réunion
  • Participation aux Jeux d’Afrique à Johannesburg en 1999