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La force est avec eux! Ils découvrent le sport avec le sabre-laser

10 mai 2019, 13:30

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La force est avec eux! Ils découvrent le sport avec le sabre-laser

Délaissant les écrans, des passionnés de «Star Wars» découvrent le chemin des salles d’armes pour s’y affronter à coup de sabres-lasers. Un nouveau public que la Fédération française d’escrime accueille à bras ouverts.

«Qu’un univers de fiction se transforme en une pratique sportive ne peut être que positif», souligne Olivier Hanicotte, chargé du dossier «sabre-laser» au sein de la fédération nationale.

«Le mouvement est arrivé des Etats-Unis aux alentours de 2013, 2014. On s’en occupait pas vraiment alors car c’était une pratique très, très marginale. Puis elle est entrée dans les salles d’armes et cela nous a posé un souci, notamment au niveau de la sécurité», ajoute M. Hanicotte.

Il y a un an, la FFE créait donc en son sein l’Académie de sabre-laser. Sa vocation ? Encadrer et structurer toute la pratique: formation des enseignants, organisation de compétitions, sécurité des pratiquants....

Beaucoup «disent qu’on se sert du sabre-laser pour attirer de nouveaux pratiquants vers l’escrime traditionnelle. Ce n’est pas du tout le cas. Nous avons développé un sport spécifique», souligne M. Hanicotte.

«L’idée, c’est d’associer du «fun», du ludique à une activité physique», relève le responsable.

Une stratégie qui semble payer: en deux ans, le nombre de pratiquants recensés par la FFE a quadruplé pour atteindre 1.200 personnes, actives dans 92 clubs.

Dark Vador

De fait, cette salle d’arme nichée derrière la gare lyonnaise de Perrache, qui propose des cours depuis trois ans, est trop petite en ce vendredi soir.

«Je suis obligé de refuser du monde faute de place», regrette Mathieu Dhennin, 32 ans et dix années d’enseignement de l’escrime.

Tous ne sont pas des athlètes, mais tous se plient dans la bonne humeur aux échauffements au rythme de la bande son de «La Guerre des Etoiles». Nombreux parmi ces apprentis Jedi ont adopté cape ou masque à la Dark Vador.

«Les entraînements sont sportifs. A la fin de la journée, on est mort», reconnaît Stéphane Meunier, 27 ans, «grand fan de la Guerre des Etoiles», passé par le théâtre et les arts martiaux.

Certains s’affrontent dans des combats chorégraphiés - une suite logique de l’escrime «de spectacle» pratiquée depuis des lustres dans les salles d’armes.

C’est notamment ce que recherchait Sophie Jung, 24 ans, lèvres noires et front tatoué de caractères runiques. D’autres, comme le vétéran du groupe Stéphane Grandjean, 46 ans, conçoivent davantage le sabre-laser comme la quatrième arme de l’escrime, aux côtés du sabre, du fleuret et de l’épée.

«Au début de la séance, on est tous ensemble», raconte ce dernier. «Après, on se sépare. Ceux intéressés par la chorégraphie répètent beaucoup. Je n’en aurais pas la patience», admet-il.

Pour prendre en compte ces aspirations distinctes, la FFE a défini quatre spécialités.

Le sabre-laser «de combat», d’abord qui privilégie déplacements et gestes larges dans une arène circulaire.

Le combat chorégraphié a aussi sa place. Tout comme le «kata», la recherche du geste parfait, comme dans le taï-chi, une activité particulièrement adaptée aux moins sportifs. L’un et l’autre sont jugés en compétition par un jury, comme au patinage artistique.

Dernière spécialité: le combat par équipe, qui «utilise la mythologie des films et parle beaucoup aux enfants». Les participants obtiennent des «pouvoirs» (bonus en faveur de leur équipe ou malus pour l’équipe adverse), comme dans les jeux vidéo, en réalisant des gestes déterminés à l’avance.

Diplôme d’Etat

«On a pris tout ce qui se faisait en escrime et fait systématiquement l’inverse» pour éviter le côté frustrant - «punitif» - de ce sport, dit M. Hanicotte.

En avril, la FFE a organisé aux Sables-d’Olonne sa sixième formation d’encadrants, désormais au nombre d’environ 120 personnes.

«Une partie sont des maîtres d’armes, mais il y a aussi des bénévoles issus de l’univers Star Wars». Ces derniers peuvent y décrocher des diplômes d’animateurs (1er niveau) et, à compter de l’année prochaine, d’éducateur (2e niveau). Un diplôme d’Etat (3e niveau) pour devenir professionnel est envisagé pour fin 2020.

La FFE estime être la fédération nationale la plus avancée dans son accompagnement du sabre-laser.

«Beaucoup de gens sont extrêmement intéressés par notre manière d’envisager l’activité», en particulier en Asie. Ce qui rapproche le sabre-laser des arts martiaux «leur parle». «Détourner les jeunes des écrans, ça leur parle encore plus», sourit le responsable.