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Urban Terminal de Curepipe: l’inquiétude gagne des commerçants de la gare Jan Palach

9 mai 2019, 21:00

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Urban Terminal de Curepipe: l’inquiétude gagne des commerçants de la gare Jan Palach

Développement oblige, les commerçants et les compagnies d’autobus opérant à la gare Jan Palach devront vider les lieux incessamment. Ils seront relogés pendant quelque temps de l’autre côté de la route, soit à la rue Leclézio, car la gare de Curepipe sera bientôt rasée. L’annonce a été faite il y a une quinzaine de jours. Cela, afin de faire place à l’Urban Terminal de Curepipe. Un changement qui n’est pas au goût de tous…

La gare Jan Palach sud.

Nous sommes allés à la rencontre de certains commerçants, hier. À l’instar de Kavita Bhuruth. Debout derrière son comptoir, elle attend les clients. Cette dernière occupe un local de restauration depuis 12 ans. Une question qui la taraude depuis qu’on a annoncé que la gare de Curepipe sera bientôt rasée: «Est-ce que je vais bénéficier d’un emplacement pour continuer mon business ?»

Kavita Bhuruth souligne que le propriétaire de son local possède trois emplacements. «Je ne sais pas s’il va payer pour les autres emplacements pour ses locataires. Nous n’avons pas eu d’échange avec lui depuis qu’on a annoncé que la construction de l’Urban Terminal est imminente. Nous sommes stressés par cette situation.» Pour cette mère de famille, les souvenirs sont nombreux sur cette gare. Le plus frappant, raconte-t-elle, reste celui de cette adolescente qui a perdu la vie dans sa boutique.

Kavita Bhuruth debout derrière son comptoir.

«Je me souviens encore de ce 24 décembre. Une jeune fille, âgée d’une quinzaine d’années, est entrée dans le snack pour acheter une bouteille d’eau. Elle m’a demandé la permission pour s’asseoir un instant. Et après quelques minutes, elle est tombée. Je pensais qu’elle s’était évanouie, mais quand j’ai vu qu’elle ne respirait plus, j’ai alerté les policiers qui faisaient leur ronde.» Kavita Bhuruth poursuit que les médecins du Service d’aide médicale urgente, dépêchés sur les lieux, lui avaient confié que la jeune fille avait déjà subi trois opérations cardiaques. 

Un peu plus loin, Anwar Bauluck appréhende déjà les répercussions sur son business. «Je sais que rien ne sera plus pareil. Même si les autobus ne seront pas loin de nous, qui nous donne la garantie que les passagers continueront à alimenter nos commerces ?» Lui, qui occupe un emplacement de victuailles depuis trois ans, pense que les recettes de fin de mois ne seront plus les mêmes. «Je sens que le travail sera affecté. Nous savons que les gens prennent du temps avant de s’adapter à une nouvelle situation.» Cependant, Anwar Bauluck ne désespère pas complètement. «Je compte des clients réguliers. Dès qu’ils entrent dans le commerce, je sais ce dont ils ont besoin…»

Anwar Bauluck ne désespère pas complètement.

Manque de sécurité

Du côté des travailleurs d’autobus, la donne est quelque peu différente. «Il est grand temps de construire une gare digne de ce nom», lâche d’emblée Neo Jankee, un chauffeur qui travaille sur la route Curepipe-Icery depuis cinq ans. Pour lui, celle-ci est devenue trop étroite. «Les autobus ont augmenté, mais il n’y a pas plus d’emplacements pour autant.»

De faire ressortir toutefois que le plus important n’est pas de construire une nouvelle gare, même s’il accueille favorablement le projet. «Il y a d’autres priorités. C’est certes un développement, mais ce n’est pas une nécessité.»

Un autre chauffeur, qui travaille à mi-temps et qui fait la route Curepipe– Camp-Caval depuis 20 ans, déplore le manque de sécurité à la gare de Curepipe. «Les piétons ne savent pas où traverser», dit-il. «Antouka, mo lavi zénes inn fini isi mem…»