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Après les attentats de pâques: Maurice en pole position pour séduire la clientèle touristique du Sri Lanka

8 mai 2019, 12:55

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Après les attentats de pâques: Maurice en pole position pour séduire la clientèle touristique du Sri Lanka

Alors que le Sri Lanka connaît une chute drastique des arrivées touristiques suivant la récente attaque terroriste, le gouvernement mauricien soutient qu’il serait malsain de vouloir profiter de la situation. Aucune stratégie spécifique n’est mise en place pour attirer les touristes du Sri Lanka vers Maurice.

Les malheurs des uns peuvent-ils faire le bonheur des autres ? Plus directement, Maurice peut-il surfer sur le désastre de l’industrie touristique sri-lankaise, après les attentats du 21 avril, pour capter une partie de sa clientèle touristique ?

Visiblement, les attaques meurtrières du dimanche pascal, qui ont fait au moins 359 morts et 500 blessés, ont secoué le Sri Lanka et fragilisé son industrie touristique, qui rapporte à la caisse gouvernementale USD 4,8 milliards (Rs 170,5 milliards), emploie directement et indirectement un million de personnes et contribue 11,6 % au PIB.

Aujourd’hui, le secteur accuse une baisse de 50 % de ses arrivées touristiques, selon le ministre du Tourisme, John Amarathunga, propos rapportés par le journal «Irida Lankadeepa» qui annonce la mise sur pied d’un comité pour relancer l’industrie touristique.

Une baisse conséquente des arrivées touristiques au Sri Lanka impliquerait-elle que Maurice en bénéficiera ? Pas si sûr. «C’est difficile à dire. Ce sont les mêmes tour-opérateurs qui vendent les deux destinations mais il ne s’agit pas là d’annulation des voyageurs à cause d’une manifestation sociale ou d’un problème climatique. C’est un problème spécifique», souligne Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM).

Pour d’autres hôteliers, il y a un marché à saisir, même si candidement on exploite les malheurs des autres. «En 2018, 2,3 millions de touristes ont visité cette île alors qu’ils n’étaient que 450 000 en 2012. Si on peut attirer un pourcentage à travers une opération de séduction, ce serait un plus pour notre industrie qui souffre d’une baisse de croissance au niveau de ses principaux marchés depuis le début de l’année», explique un spécialiste du secteur, qui a voulu garder l’anonymat.

 

Selon des analyses du marché effectuées au Sri Lanka, les touristes qui boudent cette destination convergent plutôt vers le sud de l’Inde. D’ailleurs, les tour-opérateurs reçoivent de plus en plus de demandes de touristes européens et américains pour se rendre au Kerala et au Tamil Nadu.

30% de hausse

Le quotidien sri-lankais Dailymirror écrit que «India has now come into the spotlight, specially south India, given the similarity in climate, topography and culture-cuisine among other factors». Et d’ajouter que «we have witnessed an increasing demand for destinations like Tamil Nadu’s Kodaikanal, Puducherry and pilgrim spots like Madurai, Thanjavur, Mahabalipuram and Kancheepuram. Resorts inside tea plantations in Nilgiri’s Conoor, Kerala’s Munnar, Allepey, Thekkady, Wayanad, Kovalam and Kumarakom have also seen a significant increase of foreign tourists». Ce qui fait dire à Rajeev Kale, Country Head chez Thomas Cook de l’Inde, qu’il y a une hausse de 30 % récemment du nombre de touristes séjournant dans cette partie de l’Inde.

 

Pour le gouvernement, il ne s’agit pas de tirer profit du malheur des Sri-Lankais. «Nous avons toujours maintenu que l’industrie du tourisme est vulnérable aux facteurs exogènes et aux aléas de la géopolitique. Une des conséquences de la géopolitique est le terrorisme international», souligne le ministre de tutelle, Anil Gayan.

Il soutient qu’il n’est personnellement pas partisan d’exploiter les faiblesses d’un pays ami pour en tirer profit en vue de soutenir son industrie touristique locale. «Le touriste d’où qu’il vienne a un choix énorme en termes de destination. Maurice continuera sa démarche de promotion en faveur d’une destination multiculturelle, sécurisante et ouverte sur le monde.»

Et quid des réceptifs ? Ont-ils enregistré des réservations additionnelles après l’attaque terroriste ? Chez Air Mauritius, il n’y a pas eu, à ce stade, de demande de changement de vols après l’attentat, estimant qu’il est trop tôt pour faire un constat. Idem chez Omarjee Aviation où l’Executive Director, Umarfarooq Omarjee, affirme qu’il n’y a pas eu d’impact par rapport aux réservations. «Certains ont annulé, d’autres ont écourté leurs séjours pour passer plus de temps en Inde qu’au Sri Lanka», dit-il. Des responsables d’autres agences, à l’instar d’Atom Travel et Silver Wings Travels ont abondé dans le même sens.

Quoi qu’il en soit, l’avenir dira si l’industrie touristique locale a pu déployer suffisamment de moyens de marketing pour rassurer cette clientèle touristique que Maurice est une destination sécurisante, loin des risques du terrorisme.