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Méduses: signe de mauvaise santé de notre écosystème marin !

7 mai 2019, 22:05

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Méduses: signe de mauvaise santé de notre écosystème marin !

Plusieurs alertes aux méduses ont été émises, depuis le début de l’année dans les régions telles que Mont-Choisy, Belle-Mare, Le Morne, La Preneuse et Trou-aux-Biches. Quelles en sont les raisons ? Les experts nous éclairent sur le sujet.

Ces endroits indiquant que toutes les zones côtières sont touchées, couvrent la majeure partie à l’Est, le Nord, le Sud-Ouest, et l’Ouest, au dire de Vassen Kauppaymuthoo, océanographe. Les méduses entrent dans les lagons à partir des océans et se retrouvent emprisonnées.

«Leur présence autour de Maurice et sur nos plages est un signe avant-coureur que nos océans sont en train de faire face à un déséquilibre majeur. Les méduses sont un signe de mauvaise santé de notre écosystème marin !», prévient-il.

L’océanographe explique que les méduses sont des organismes planctoniques, qui se déplacent au gré des courants marins et se multiplient dans des conditions favorables. Elles sont transportées à travers les océans et finissent par se rapprocher de nos côtes et s’échouent quelquefois sur les plages, entraînant des piqûres, qui peuvent être mortelles pour les humains, ou entraîner de graves brûlures et des cicatrices. «La présence des méduses doit être prise au sérieux. Des bulletins méduses devraient être mis en place à Maurice afin de protéger la population à propos de ce danger», soutient-il.

Vassen Kauppaymuthoo avance qu’il existe deux phénomènes complémentaires liés à la pluviosité et qui favorisent la multiplication des méduses. Cela se produit quand les eaux sont chargées en nutriments (nitrates et phosphates) apportés par le ruissellement des terres agricoles et les fortes pluies, il y a alors une forte concentration de nutriments dans les eaux océaniques, favorisant la multiplication du plancton dont se nourrissent les méduses, provoquant ainsi leur présence autour de nos côtes. Et deuxièmement, les fortes chaleurs créent une couche plus salée en surface et quand le sel est plus dense, les méduses descendent vers le fond et créent un courant qui fait remonter les nutriments vers la surface, favorisant la multiplication du plancton. «Il y a également certains facteurs environnementaux contribuant à leur multiplication : le réchauffement climatique des couches océaniques supérieures, la pollution et le stress causés par des événements météorologiques», ajoute-t-il.

Impacts humains

En outre, les méduses sont extrêmement résistantes au point que si les poissons continuent à disparaître de nos eaux, ce seront les méduses, qui occuperont la majeure partie des océans dans les décennies à venir. Elles sont résistantes à la pollution générée par les eaux usées rejetées en mer et le ruissellement des eaux polluées chargées en nutriments de la terre et même à la pollution plastique.

Vassen Kauppaymuthoo explique que la surpêche également cause un tiers de la disparition des poissons dans les océans, entraînant un effondrement des principaux prédateurs des méduses, dont l’espèce pélagique comme le thon et certaines tortues marines. Les dauphins et les orques aussi se nourrissent de méduses. «Un manque de prédateurs entraîne un déséquilibre de la niche écologique et augmente la population de méduses.»

Néanmoins, selon l’océanographe, la multiplication des méduses en raison des activités humaines est problématique, mais leur présence dans les océans est primordiale pour maintenir l’équilibre écologique. Se nourrissant de zooplancton, elles stabilisent et équilibrent les populations planctoniques, ainsi que celles des petits poissons. Les méduses jouent un rôle important dans les cycles de nutriments. Quand elles se nourrissent de plancton, elles recyclent les nutriments, qui ont été absorbés par ces derniers.

Shashi Chumun, directeur de projet de l’organisation non gouvernementale Eco-Sud, explique que les éclosions de méduses ne sont pas encore bien comprises et qu’une hausse de leur population pourrait être une combinaison de plusieurs facteurs. «Jusqu’à présent, aucune recherche scientifique n’a été menée spécifiquement dans ces régions pour déterminer la cause de la propagation», ajoute-t-il. Il indique que les méduses ont un cycle de vie complexe avec des phases sédentaires où elles se fixent aux récifs côtiers et se reproduisent.

Pour combattre le venin

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Le Dr David Cousinery explique que le venin de méduse contient des polypeptides et des enzymes notamment l&rsquo;histamine, la tétramine et la 5- hydroxytryptamine. &laquo;<em>Lorsqu&rsquo;on est piqué par une méduse, la symptomatologie se traduit souvent, mais non exclusivement, par une réaction locale et cutanée. La victime ressent une vive douleur du type de décharge électrique ou de brûlure, atteignant souvent son plafond en 20-40 minutes.&raquo; Il ajoute que plusieurs minutes après se manifeste un érythème, qui s&rsquo;aggrave durant les heures suivantes avec l&rsquo;apparition d&rsquo;une éruption cutanée de manière typique en forme de coup de fouet. Une réaction sévère peut quant à elle s&rsquo;accompagner de symptômes généraux, pouvant notamment conduire au décès. &laquo;Il faut se rendre aux urgences le plus rapidement possible</em>&raquo;, conseille-t-il. Il faut éviter de frotter les lésions et rincer abondamment à l&rsquo;eau de mer ou au sérum physiologique, surtout sans frotter la zone concernée mais ne pas utiliser l&rsquo;eau douce, précise-t-il. La prise en charge initiale menée sans délai minimise la quantité de venin libéré sachant que tous les nématocystes ne délivrent pas d&rsquo;emblée leur contenu. Les tentacules visibles peuvent être enlevés à l&rsquo;aide d&rsquo;une pince, ceux imperceptibles pourront être retirés soigneusement en utilisant le dos d&rsquo;une carte de crédit ou un carton rigide en guise de grattoir après l&rsquo;application de mousse à raser ou de sable sec.</p>