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Chagos: Olivier Bancoult réagit à la déclaration de sir Alan Duncan

6 mai 2019, 22:00

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Chagos: Olivier Bancoult réagit à la déclaration de sir Alan Duncan

«Anglé fer séki li anvi. Li kapav éna bom, kanon. Mé nou, nou pa pou per. Gété si bizin touy nou, a touy nou.» C’est ce qu’a affirmé Olivier Bancoult, dimanche 5 mai, à l’issue d’une messe d’action de grâce tenue à la cathédrale St-Louis, à Port-Louis.

Une messe de remerciement qui fait suite à la visite du Cardinal Maurice Piat au bureau du Groupe réfugié Chagos (GRC), suivant l’avis consultatif favorable de la Cour internationale de justice (CIJ) en faveur de Maurice sur le dossier Chagos, en février. Mais aussi pour rendre hommage aux Chagossiens qui ont lutté pour la cause et qui ne sont plus de ce monde.

Cette réaction du leader du GRC survient suite à la déclaration de sir Alan Duncan, secrétaire d’État pour l’Europe et l’Amérique, devant le Parlement britannique le 30 avril, à l’effet qu’il n’y a «pas de doutes sur la souveraineté (NdlR : de la Grande-Bretagne) sur l’archipel des Chagos». Tout en affirmant que le GRC et lui-même n’ont «jamais cru en le gouvernement britannique», Olivier Bancoult affirme que «c’est honteux de leur part. C’est chagrinant qu’un pays qui prétend être le champion des droits de l’homme et qui veut donner l’exemple partout, n’a pas de respect pour une institution comme la CIJ et les Nations unies».

Jeremy Corbyn mécontent

Il ajoute que, lors d’une conversation téléphonique avec Jeremy Corbyn, leader du Parti travailliste et de l’opposition britannique, ce dernier lui a fait part de «son mécontentement» par rapport à cette déclaration. «Il m’a envoyé une copie d’une correspondance qu’il a envoyée à la Première ministre, Theresa May, dans laquelle il a mentionné que les Chagossiens doivent pouvoir retourner sur leur terre. Il a condamné le non-respect du gouvernement britannique à l’égard de la CIJ et des Nations unies. Mais aussi envers l’Afrique et les pays non-alignés tels que l’Inde et l’Argentine, qui ont dit que la vérité devrait triompher», déclare Olivier Bancoult.

Ce dernier souligne qu’il reste déterminé bien que la population des Chagossiens soit en train de diminuer, passant de 3 000 à 642 (357 à Maurice, 180 en Grande-Bretagne, une douzaine en Europe et 93 aux Seychelles). «On insiste : personne n’empêchera les Chagossiens mauriciens à rentrer dans leur pays natal. Cette année, avant la Fête des morts, on doit pouvoir fleurir les tombes de nos ancêtres dans les cimetières aux Chagos», lâche Olivier Bancoult.

Une stèle pour les morts à Rodrigues

Par ailleurs, lors d’une visite à Rodrigues, la semaine dernière, Olivier Bancoult a eu l’occasion d’avoir accès aux données du bureau de l’état civil. «Celles-ci démontrent clairement qu’en 1967 et 1968, deux Chagossiens ont trouvé la mort sur le navire MV Mauritius, en sortant de Diego Garcia. Certains morts ont été jetés à la mer, d’autres ont été enterrés à Rodrigues, l’île la plus proche», dit-il. Ainsi, une stèle sera érigée en mémoire de ces personnes à Rodrigues. Si la date de l’inauguration de la stèle n’a pas encore été fixée, Olivier Bancoult indique que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, fera le déplacement, fort probablement.