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Parricide : pas de libération provisoire pour Ernest Lapeyre

3 mai 2019, 11:50

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Parricide : pas de libération provisoire pour Ernest Lapeyre

Le suspect retourne en cellule policière jusqu’au 10 mai. Louis Christophe Ernest Lapeyre a comparu au tribunal de Bambous sous une charge provisoire de meurtre. Celui de son père. Les policiers ont objecté à sa remise en liberté. Sa prochaine comparution aura lieu le 10 mai.

Le comportement louche de Louis Christophe Ernest Lapeyre a conduit les enquêteurs au cadavre de son père. Le caporal Lindsay Lapeyre, un policier affecté à la Special Supporting Unit (SSU) gisait dans une mare de sang, une clé anglaise à côté de son cadavre. Les limiers de la Special Anti Robbery Squad de Port-Louis et du Sud l’ont découvert en entrant dans sa demeure, à Mont Palmer, à Flic-en-Flac, jeudi 2 mai.

Ils ont transféré le dossier à la Criminal Investigation Division (CID) de la Western Division. Le jeune homme, qui serait tombé dans l’enfer de la drogue, est passé aux aveux lors de son interrogatoire. Il a expliqué qu’une dispute a éclaté entre lui et son père lorsque ce dernier l’a pris en flagrant délit alors qu’il fumait de la drogue synthétique, aux alentours de 22 heures, mercredi 1er mai. Le suspect a également expliqué aux enquêteurs de la CID qu’il s’est rendu dans les parages de Grand-Bassin, pour causer un accident intentionnellement, afin de trouver un alibi.

Agressif envers les policiers

Ernest Lapeyre s’est montré agressif envers les policiers qui l’ont interpellé, aux petites heures, jeudi 2 mai, à la suite de son accident. Il en a agressé trois avant d’être finalement maîtrisé par des membres de la Special Mobile Force (SMF) en patrouille. Les policiers l’ont conduit au poste de police de Grand-Bassin. Sur le coup, ils ont eu du mal à cerner le comportement du jeune homme car, avant de percuter un lieu de culte, il zigzaguait sur la route. Pourtant, son alcooltest était négatif.

Ce jeune homme de 22 ans est rentré dans la cour du lieu de culte aux alentours de 2 h 15, hier, en passant par Pétrin. Il a percuté la porte d’entrée puis endommagé une statuette. L’Emergency Response Service s’est rendu sur place avec la SMF. Le véhicule d’Ernest Lapeyre a été abîmé dans cette collision.

Les policiers ont eu toutes les peines du monde à faire sortir le jeune homme de son véhicule. Il se montrait très violent. En l’emmenant au poste de police pour l’interroger, les policiers ont remarqué qu’il portait des traces d’égratignures au visage et qu’il ne pouvait les expliquer. Il a été interrogé pendant deux heures environ, avant d’être placé en état d’arrestation pour dommages aux biens.

Pillages

Soupçonnant que ce batteur soit derrière les récents pillages de lieux de culte dans le Sud, les policiers se sont rendus chez lui pour une fouille. Ils comptaient trouver la peinture qu’aurait utilisée le suspect pour les graffitis. À la place, ils sont tombés sur un cadavre.

L’épouse de la victime, Rosalein Lapeyre, n’était pas à la maison à ce moment-là. Elle se trouvait à son travail, dans un «home». Son époux a connu une mort tragique alors que son benjamin l’a frappé à coups de marteau à la tête et lui a donné un coup de couteau au ventre.

Son corps a été transporté à la morgue à l’hôpital Victoria, Candos. L’autopsie, pratiquée par les docteurs médico-légaux Soodesh Kumar Gungadin et Prem Chamane, a révélé qu’il est mort avant d’avoir été poignardé en plein cœur et avait des blessures à la tête.

Raj Dayal : «Le caporal Lapeyre, un homme d’exception»

Le caporal Lindsay Lapeyre, qui a été le garde du corps de Raj Dayal, devait se rendre en Australie à la fin du mois, selon son épouse (à dr.).

Pour, Rosalein Lapeyre et pour Raj Dayal, le caporal Lindsay Lapeyre était un homme exceptionnel, qui s’est dévoué corps et âme à la police durant plus d’une trentaine d’années de service. Il avait été le garde du corps de Raj Dayal quand ce dernier était ministre de l’Environnement.

Au dire de Rosalein Lapeyre, son époux était en pré-retraite et s’apprêtait à faire un voyage en Australie à la fin du mois. «Toutes les procédures pour ce voyage étaient fin prêtes afin de rendre visite à notre fille en Australie. Celle-ci est enceinte et il voulait à tout prix que l’on aille lui prêter main-forte à l’arrivée du bébé. On s’était parlé via webcam pour les vaccins que l’on devait faire pour ce voyage alors que j’étais au travail. Il m’a parlé comme d’habitude. Je ne sais ce qui est passé par la tête d’Ernest pour commettre un tel acte. Ils avaient souvent des prises de bec car mon époux était un homme discipliné et veillait toujours à ce que mon fils ait un comportement exceptionnel. Mais ce dernier était incontrôlable et colérique. Nous avons déménagé pour qu’il change de fréquentations.»

Cette mère continue quand même à défendre son fils. Pour elle, Ernest Lapeyre a toujours eu un bon cœur et est quelqu’un de serviable. «Je n’accepte pas qu’on le blâme d’être un toxicomane. Il a un caractère violent, mais il ne consomme pas de la drogue synthétique. Je souffre pour les deux.»

Incontrôlable

Autre son de cloche de la part de Jesper Lapeyre, le frère aîné de l’accusé. «Rien ne peut remplacer mon père, on a toujours été proche. Mon frère n’est pas un saint, il ne respecte pas les autres. Il a déjà agressé mon père dans le passé. Il était incontrôlable. On a dû quitter Glen-Park car il se droguait. On avait prévu de le placer dans un centre de réhabilitation, mais ma mère était contre l’idée. Voilà le résultat.»

Raj Dayal a tenu à rendre un vibrant hommage à Lindsay Lapeyre, qui a été son bras droit. C’est «enn zanfan lakaz pour les Dayal». «J’ai fait sa connaissance lorsqu’il a fait son entrée à la SMF, en 1983. J’avais la responsabilité de la Compagnie B – une équipe au sein la SMF. Je l’ai nommé Orderly, c’est-à-dire un homme de confiance qui devait m’accompagner à chaque opération. Je me souviens qu’il m’avait accompagné lors d’une opération de saisie de drogue à Plaine-Verte. Un des caïds avait pointé son pistolet sur moi et il n’a pas hésité à me défendre. J’ai de bons souvenirs de lui. C’était un homme d’exception qui ramenait des trophées lors des compétitions de tug of war. Il n’était pas juste un bon footballeur mais un excellent joueur de rugby et de hockey. Il était formidable. Il a travaillé dans plusieurs postes de police avant d’être affecté à ma sécurité quand j’ai été nommé ministre. Nous avions une belle synergie.»

Selon l’ancien ministre, son meurtre est impardonnable et représente en même temps un paradoxe. «Cet homme combattait contre la drogue. Aujourd’hui, son fils, devenu un toxicomane, l’a tué. Cela m’attriste profondément d’avoir perdu un ami de la famille apprécié de tous.»