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L’économie française a démarré l’année 2019 sur un rythme modéré

30 avril 2019, 15:03

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L’économie française a démarré l’année 2019 sur un rythme modéré

Pas d’accélération, mais pas de trou d’air non plus: la croissance française a résisté début 2019 au ralentissement économique mondial, grâce notamment aux mesures d’urgence votées sous la pression des «gilets jaunes», qui n’ont pas permis cependant d’atteindre le niveau de consommation espéré.

Selon une première estimation publiée mardi par l’institut national des statistiques, le produit intérieur brut (PIB) hexagonal a progressé de 0,3% sur les trois premiers mois de l’année, soit le même niveau que celui des deux trimestres précédents.

Ce résultat est légèrement inférieur à la prévision de l’organisme public, qui tablait sur une hausse du PIB de 0,4%. Il est en revanche conforme à la dernière estimation de la Banque de France.

La France «s’en sort bien par rapport à ses partenaires européens et s’en sort bien par rapport à 2018», puisque «on faisait 0,2% au premier trimestre 2018», a réagi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. «Cela doit rassurer sur le fait que le cap économique qui est le nôtre est le bon», a abondé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin.

Selon l’Office européen des statistiques Eurostat, la croissance de l’ensemble de la zone euro a pourtant dépassé la croissance française au premier trimestre, en se hissant à 0,4%. Mais les chiffres des principaux voisins de la France -- et notamment celui de l’Allemagne, qui sera dévoilé mi-mai -- sont attendus à un niveau inférieur à celui de l’Hexagone.

D’après l’Insee, le niveau de la croissance française au premier trimestre s’explique principalement par la bonne tenue de la demande intérieure, qui a contribué à hauteur de 0,3 point de PIB à la croissance du premier trimestre.

Entre janvier et mars, la consommation des ménages a ainsi grimpé de 0,4%, alors qu’elle avait marqué le pas au trimestre précédent. La consommation en biens s’est en particulier redressée (+0,2% après -0,6%), tandis que celle de services est restée dynamique (+0,5% après +0,6%).

«C’est un élément positif, mais c’est bien le moins qu’on pouvait attendre après les mauvais chiffres de fin 2018, et surtout après les 10 milliards d’euros de mesures d’urgence annoncées en décembre face au mouvement des gilets jaunes», souligne Stéphane Colliac, économiste chez Euler Hermes.

La hausse de la consommation «est à peine au-dessus de la moyenne observée depuis la reprise (0,15%) alors que les mesures du gouvernement visaient explicitement la consommation», abonde Philippe Waechter, directeur de la recherche chez Ostrum Asset Management, pour qui la croissance a été moins «dopée» que prévu «par la hausse du pouvoir d’achat».

«Attentisme»

Parallèlement à la consommation, l’économie française a bénéficié au premier trimestre d’un niveau élevé d’investissements. Sur les trois premiers mois de l’année, ces derniers ont progressé de 0,3%, portés par l’investissement des entreprises (+0,5% après +0,4% fin 2018).

Le commerce extérieur, qui s’était fortement redressé entre octobre et décembre, a en revanche pénalisé l’activité: sur les trois premiers mois de l’année, les exportations ont marqué le pas (+0,1% après +2,2%), alors que les importations ont de nouveau progressé (+0,9% après +1,2%).

«Cela montre que l’économie française ne reste pas à l’abri de mauvaises surprises», estime Stéphane Colliac, qui invite à la prudence pour les prochains trimestres. «Il y a beaucoup d’attentisme en raison du contexte économique mondial ou encore du Brexit. Ça risque de se répercuter sur l’activité».

De quoi remettre en cause les objectifs macroéconomiques du gouvernement ? D’après l’Insee, l'«acquis de croissance» pour 2018 - c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait à la fin de l’année si la croissance restait nulle au cours des trois prochains trimestres - était de 0,8% à la fin du premier trimestre.

Or le gouvernement a prévu une croissance de 1,4% cette année, supérieure à celle attendue pour l’ensemble de la zone euro (1,1% selon la Banque centrale européenne).

«Pour atteindre l’objectif de 1,4% sur l’année 2019 en moyenne, il faudrait une croissance de 0,43% à chacun des trois trimestres restants», calcule Philippe Waechter, qui juge cette cible «ambitieuse».

A ce stade, «il n’y a aucune modification» prévue des objectifs de croissance du gouvernement, a indiqué mardi Bruno Le Maire. En estimant que les résultats du premier trimestre incitaient «encore plus à accélérer la transformation économique du pays», pour que la France soit «plus compétitive».