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Cancer de l’œsophage: des plantes endémiques à la rescousse des malades

26 avril 2019, 21:30

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Cancer de l’œsophage: des plantes endémiques à la rescousse des malades

Le Bois de Crève-Coeur, le Bois de Nèfle et le Bois de Natte. Ces trois plantes endémiques auraient des propriétés anticancéreuses, pouvant notamment prévenir le cancer de l’oesophage. C’est, en tout cas, ce qu’ont démontré des recherches effectuées pendant deux ans au centre de recherche Biometrical and Biomaterials de l’université de Maurice (UoM).

Le Pr. Teeshan Bahorun, directeur du groupe biopharmaceutique du centre de recherche, explique que des études ont été effectuées sur plusieurs plantes endémiques. Les Bois de Crève-Coeur, Bois de Nèfle et Bois de Natte se sont montrées actives. Il s’avère qu’elles peuvent contrôler la transduction cellulaire menant au cancer de l’oesophage. «Nous avons su montrer comment ces extraits= de plantes réduisent ce cancer.» Le Pr. Teeshan Bahorun se veut toutefois prudent. «Nous en sommes encore au stade préliminaire.»

Bois de Natte

Ces études ont été menées par Nawraj Rummun lors de son doctorat, en collaboration avec l’université d’Edinburgh d’Écosse, l’université de Keele d’Angleterre et l’université fédérale russe, avec le soutien du Dr Vidushi Neergheen-Bhujun. Le Pr. Bahorun précise que ce projet a été financé par le National Research and Innovation Chair Programme.

Ces recherches mèneront- elles à la production d’un remède ? Si tel est le cas, indique Vincent Florens, écologue et chargé de cours à l’UoM, il faudra pouvoir produire les molécules à plus grande échelle en se lançant dans la culture de ces plantes, à moins que la molécule puisse être synthétisée en laboratoire. Toujours est-il qu’il se réjouit de cette découverte. «Cela encourage l’intensification des efforts de conservation de ces espèces. Pour Maurice, c’est particulièrement important puisque nous comptons une nature terrestre parmi les plus détruites au monde et donc des espèces indigènes et endémiques parmi les plus menacées d’extinction», souligne-t-il.

le Bois de Nèfle

Nombreuses menaces

Reste que la conservation de cette biodiversité ne pourra se faire de façon durable, dans les habitats naturels comme le Parc national des gorges de la Rivière-Noire en raison de nombreuses menaces, déplore Vincent Florens. Parmi celles-ci, l’introduction d’espèces envahissantes comme le goyavier de chine, les rats ou les singes. «Le pire, c’est que Maurice mène des campagnes d’abattage de la roussette, qui est en danger d’extinction, alors qu’il s’agit de la seule espèce capable, aujourd’hui, de propager les graines du Bois de Natte et donc de permettre sa reproduction et sa survie à long terme», s’insurge-t-il.

Face à cette situation, Vikash Tatayah, directeur de la Mauritian Wildlife Foundation, insiste sur la conservation de ces espèces. Lesquelles, fait-il remarquer, ont peut-être des vertus médicinales insoupçonnées. Il préconise, entre autres, la sensibilisation de la population ainsi que la culture d’espèces endémiques.