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Arvind Bundhun, «Les touristes abhorrent les retards et les annulations de vols comme à Air Mauritius»

23 avril 2019, 14:35

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Arvind Bundhun, «Les touristes abhorrent les retards et les annulations de vols comme à Air Mauritius»

Face à la baisse des arrivées touristiques, le directeur de la MTPA nie qu’il y aurait des lacunes dans l’exercice de promotion de la destination Maurice. Toutefois, selon lui, il faudrait plutôt pointer du doigt Air Mauritius.

Le premier trimestre pour les arrivées touristiques n’est guère encourageant. Face à cette tendance négative, quelles actions sont prises par la MTPA ?

Je n’accepte pas le fait qu’il y ait une tendance négative et je refuse de faire du sensationnalisme sur une industrie aussi importante pour le pays. Vous le savez aussi bien que nous que les premiers mois de l’année sont normalement déficitaires en termes d’arrivées touristiques. Mais au cours de l’année, la situation se normalise et nous arrivons quand même à réaliser un taux de croissance qui se situe entre 4 et 5 %. Il faut aussi dire que le tourisme, qui est un produit global et qui est consommé localement, est tributaire des conditions et des conjonctures internationales. Il ne faut pas juger la performance de l’industrie uniquement sur les indications des trois premiers mois.

Si les touristes boudent notre destination, une mauvaise stratégie de promotion peut-elle en être la cause ?

Je rejette catégoriquement le sous-entendu de votre question. Les touristes qui viennent chez nous sont obligés de venir chez nous par avion. C’est pour cette raison que la santé de notre destination dépend d’une politique d’accès aérien axé sur une croissance soutenue et durable dans les arrivées touristiques. Maurice demeure une destination de rêve comme cela a été de tout temps le cas.

C’est donc la connectivité aérienne qui contribue à cette situation ?

Il est évident que la connectivité aérienne est capitale pour notre destination. Sans un accès aérien fiable, régulier, desservant les pays émetteurs de touristes, il sera difficile pour Maurice d’avoir une industrie touristique prometteuse et durable. Il y a certains pays qui ont libéralisé totalement leur ciel. Cela veut dire que n’importe quelle ligne aérienne peut desservir la destination, sans aucune restriction. Le rôle dominant de la connectivité aérienne se passe de commentaire. Nous privilégions Air Mauritius, notre ligne nationale, comme un partenaire incontournable. Il est vrai également que les touristes cherchent des lignes directes. Ils veulent, à titre d’exemple, quitter leur pays et arriver à Maurice sans que l’avion fasse des escales. Ils veulent avoir un maximum de temps pour passer leurs vacances. Ils abhorrent les retards, les annulations et les reprogrammations des vols.

Je vais vous donner des chiffres sur les vols d’Air Mauritius, reportés et annulés, depuis le début de l’année. L’Inde, 17 vols de moins; la Chine, 24 vols de moins; l’Afrique du Sud, 9 vols de moins; l’Angleterre, 13 vols de moins. Cela représente dans les 18 000 sièges de moins sur la destination Maurice.

La formule «Sea, Sun and Beach» n’est plus vraiment accrocheuse. Quelle est votre stratégie marketing ?

Il n’est pas vrai de dire que la formule Sea, Sun and Beach n’est pas accrocheuse. L’image de marque de Maurice c’est la mer, le soleil et les plages. Ce serait faire état d’une ignorance totale que de croire qu’on peut la remplacer par un autre label. Demandez à n’importe quel touriste pourquoi il vient à Maurice et la réponse sera unanimement pour profiter de nos belles plages.

Mais je dois vous dire que nous avons diversifié nos produits offerts aux touristes avec la découverte intérieure du pays, les visites à caractère culturel et l’écotourisme ou encore le shopping ou le sport. Tous ces éléments sont très importants et c’est ce que nous faisons de manière agressive dans chacune de nos opérations marketing. Dans toutes nos campagnes nous associons l’attrait culturel du pays, sa gastronomie ainsi que la possibilité de pratiquer des sports comme le golf, la pêche au gros ou les randonnées.

À quelle fréquence la MTPA consulte-t-elle les acteurs du secteur pour établir sa stratégie ?

La MTPA et le ministère du Tourisme travaillent toujours en symbiose avec nos partenaires de l’industrie. Nous savons tous que l’objectif est commun et la stratégie adoptée est toujours décidée en consultation. Nous devons faire front pour faire face à la compétition au niveau mondial. Nous organisons des sessions de travail et de concertation à chaque évènement à l’étranger. Nous démontrons cette solidarité à chaque occasion, comme on l’a fait récemment à l’ITB de Berlin et lors du récent Ryadh Travel Fair en Arabie saoudite. Nous réunissons régulièrement les représentants de la compagnie nationale, ceux des tour-opérateurs étrangers et nos hôteliers pour déterminer les actions positives en faveur de la destination. Je n’ai aucun doute que l’ambiance est plus que jamais sereine et productive entre les acteurs de notre industrie.

Comment la MTPA aborde-t-elle la promotion de la destination Maurice en Chine ?

La Chine est un marché particulier et différent des autres. Le touriste chinois revient rarement vers une même destination, du moins pas dans une période rapprochée. Alors que s’agissant des pays européens, nous constatons un grand nombre de visiteurs réguliers qui viennent plusieurs fois à Maurice, cette tendance n’est cependant pas observée concernant les touristes en provenance de la Chine.

La semaine dernière, nous avons réuni les principaux dirigeants du voyage à Maurice, en compagnie de ceux d’Air Mauritius, pour évaluer la situation et définir la nouvelle stratégie à adopter. Nous avons ainsi décidé de concentrer nos actions de promotion et de visibilité sur Shanghai et ses alentours. Air Mauritius va de son côté consolider son service vers cette grande métropole chinoise.

La baisse des arrivées des touristes chinois n’est pas une nouveauté. Que fait la MTPA pour contrecarrer cette tendance ?

Le ministre du Tourisme a répondu à cette question au Parlement. On ne peut, malgré tous les efforts, aussi gigantesques qu’ils soient, augmenter les arrivées sans prévoir un nombre adéquat de sièges d’avion. J’estime que c’est une équation très évidente. On ira beau faire les meilleures campagnes promotionnelles, persuader les plus grands tour-opérateurs chinois de vendre la destination, trouver les publicités qui attirent les clients, tout est inutile si on n’a pas de sièges à leur offrir quand ils sont convaincus et qu’ils veulent venir à Maurice.

Le leader de l’opposition parle de secteur en crise. Convergeons-nous vraiment vers une crise ?

Je ne veux en aucun cas porter le débat vers une polémique et surtout pas sur le plan politique. Mais au mot «crise», je réponds tout simplement: absolument non. Maurice a traversé des périodes bien plus délicates dans le passé et la résilience ainsi que le savoir-faire de tous les partenaires du tourisme sont nos plus grands atouts. Nous avons toujours démontré une extraordinaire capacité de réagir. Cette activité économique est si primordiale pour le pays en matière économique et sociale que j’estime qu’il faut être serein et poursuivre les actions que nous avons toujours déployées pour promouvoir notre tourisme.

Nous avons une mission et nous la poursuivons avec force et enthousiasme. Déjà, globalement, nous atteignons nos objectifs de croissance définis par le plan stratégique du ministère du Tourisme, qui table sur une croissance de 3 % annuellement pour atteindre le seuil de 2 millions de touristes en 2030. En 2018, nous avons réalisé 4,3 % de croissance.

Une remise en question du système actuel de la MTPA est-elle nécessaire ?

Encore une fois, absolument non: cela n’est nullement justifié. La mission de la MTPA, c’est de créer cette envie dans plusieurs pays pour que les touristes viennent séjourner chez nous. Nous avons une panoplie de moyens pour le faire, comme on l’a effectué depuis des décennies avec tant de succès. Il faut aussi mesurer nos moyens par rapport aux autres et cela en dit long sur le taux de réussite que nous avons connu durant toutes ces années. Nous n’avons pas le même budget que ces grands pays touristiques dans le monde, qui utilisent des moyens colossaux pour promouvoir leurs destinations.

Malgré tout, nous produisons des résultats très probants. Nous avons réussi à pérenniser la connaissance de la destination sur la plupart de nos marchés. L’image de marque que nous véhiculons à chacun de nos déplacements ou nos campagnes de promotion est bien solide. C’est par des actions concrètes et productives que nous allons réussir et non en remettant en question des politiques et des institutions qui fonctionnent bien.

De quel autre pays peut-on s’inspirer pour valoriser notre marché ?

Nous avons une expertise à Maurice qui est reconnue dans le monde entier. Nous avons certes des défis dont les incertitudes liées au Brexit, qui met en attente tout un peuple et qui se traduit par un ralentissement des arrivées. Mais nous avons toujours su trouver les solutions. La raison est toute simple: Maurice est considéré comme un pays où le peuple est accueillant et où la qualité de service rivalise avec les meilleurs, ailleurs. C’est cette attitude unique au monde de notre peuple qui fait la différence. Aujourd’hui, nous devons la préserver et toujours garder notre environnement physique propre, tout en améliorant continuellement nos prestations et nos offres.