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Géo Govinden: «On peut produire autre chose que le sucre avec la canne»

20 avril 2019, 17:35

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Géo Govinden: «On peut produire autre chose que le sucre avec la canne»

Géo Govinden, l’ancien représentant de la Chambre d’agriculture, du Syndicat des sucres et de la Chambre de commerce en Europe n’est plus en activité professionnelle. Il n’a donc pas maintenu un contact étroit avec ce qui a constitué son univers de travail pendant plus de trois décennies. Toutefois, le Mauricien reste attentif à l’évolution dans son domaine d’expertise: le marché sucrier.

Nous nous hasardons: la canne à sucre locale est-elle appelée à disparaître ? La réponse est lapidaire. «Je ne peux pas imaginer Maurice sans la canne.» L’ancien responsable du bureau de la Chambre d’agriculture à Bruxelles fait un rappel: «Tous ceux qui sont familiers au dossier sucre avaient déjà prévu la fin des quotas et des prix garantis.» Cependant, le sexagénaire qui a fait carrière dans la promotion des produits mauriciens n’est pas pessimiste. «Il faut considérer d’autres utilisations de la canne à sucre. On peut produire autre chose que le sucre avec la canne», affirme-t-il.

«J’étais emballé à l’idée de pouvoir faire la promotion de mon pays en europe.»

L’expert en commercialisation estime que les produits de la canne sont des intrants pour le secteur de l’énergie, bio avec l’éthanol ou renouvelable avec la bagasse. Ensuite, il y a d’autres produits tels les alcools, la nourriture pour animaux ou encore le papier.

D’ailleurs, les compensations post-protocole sucre négociées auprès de l’Union européenne (UE) avaient pour but de permettre la réorientation de l’industrie cannière. Il fallait assurer à ce secteur une nouvelle vie avec des perspectives différentes. Cet objectif a-t-il été atteint ? Le retraité est d’une grande élégance. Il ne s’étend pas sur la question.

Maurice a pu sauvegarder ses intérêts après la fin de l’Accord de Cotonou en obtenant une compensation de l’UE. Le travail des représentants mauriciens aux négociations précédant cette échéance est très apprécié par l’opinion.

Géo Govinden faisait partie des délégations mauriciennes. Il se souvient encore du sentiment patriotique qui animait les membres des différentes équipes de négociateurs. En presque 40 ans, notre interlocuteur a été amené à côtoyer de nombreux ministres, fonctionnaires et diplomates de passage à Bruxelles.

Ce sentiment d’appartenance à la nation, le haut cadre mauricien le porte en lui depuis son adolescence. Il est de cette génération qui avait 18 ans au moment de l’Indépendance.

En 1968, Géo Govinden terminait ses études secondaires au Collège Royal de Curepipe. Plusieurs de ses condisciples, des jeunes patriotes, se sont mis au service du pays à leur retour à Maurice après leurs études. Parmi eux, Ivan Collendaveloo, Baboo Rajpati, Patrice Curé et Philippe Forget.

Géo Govinden, lui, s’installe à Strasbourg, la ville où il a fait ses études universitaires. Il y prend de l’emploi. Après quelques années, il intègre la direction export au sein d’une multinationale opérant dans le secteur de la téléphonie. Une brillante carrière en perspective.

Cependant, le Mauricien met fin brusquement à cette ascension professionnelle. De passage à Maurice, il reçoit une offre pour agir comme représentant du secteur privé mauricien en Europe. Sans hésiter, Géo Govinden accepte le poste même s’il est moins rémunérateur. «J’étais emballé à l’idée de pouvoir faire la promotion de mon pays en Europe», dit notre interlocuteur.

À partir de ce moment, la vie du jeune expatrié prend une autre tournure. Son épouse, Mamoune, une Mauricienne aussi, lui apporte un indéfectible soutien dans son engagement pour la patrie. Elle démissionne de son job à la direction d’une banque, car la famille Govinden quitte Strasbourg pour Bruxelles, le nouveau lieu de travail de Géo Govinden.

Et là, pendant plus de trois décennies, il est partie prenante de toutes les initiatives pour la sauvegarde des intérêts commerciaux de Maurice. Politiciens, diplomates et techniciens en poste ou mission, à Bruxelles, à Genève et à Strasbourg ont tous bénéficié du savoir-faire de ce compatriote volontariste. Son expérience, sa connaissance des procédures et son réseau ont été d’un apport significatif quand il s’agissait de faire du lobbying en faveur du pays.

Le retraité se rappelle combien étaient difficiles les négociations précédant la fin du Protocole sucre. Au final, le secteur sucrier mauricien a obtenu une belle compensation. Tout le monde était satisfait. Plusieurs compatriotes ont œuvré dans la discrétion pour qu’on obtienne ces résultats. Les Mauriciens ne les connaissent pas tous.

Le patriote Géo Govinden est, lui, satisfait d’avoir honoré ses engagements en faisant le choix, dans les années 80, de travailler pour le pays. Aujourd’hui, il a quitté les brumes bruxelloises pour retrouver la tranquillité et le soleil de Péreybère. «Je me sens bien ici. C’est mon pays», dit-il avec une pointe d’enthousiasme dans la voix.