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Bébé congelé: cinq ans de prison pour la mère, laissée libre

11 avril 2019, 11:37

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Bébé congelé: cinq ans de prison pour la mère, laissée libre

Cinq ans de prison dont 37 mois avec sursis: la cour d’assises de l’Aude a reconnu mercredi Karine E. responsable de la mort de son nouveau-né, caché en 2010 dans le congélateur familial, mais l’a laissée sortir libre du tribunal.

Après trois heures de délibérations, le jury l’a jugée coupable «d’avoir volontairement privé son enfant de soin et d’alimentation au point d’entraîner sa mort».

Mais la peine retenue, cinq ans avec 37 mois de sursis, a permis à l’accusée, une aide à domicile de 43 ans qui comparaissait libre de ressortir libre. Elle avait déjà purgé deux ans sous bracelet électronique.

Suivant en partie le réquisitoire de l’avocate générale, face à une défense qui avait plaidé l’acquittement, les jurés ont reconnu qu’elle présentait des «troubles psychiques ou neuro-psychiques ayantré son disc altéernement». Ils ont assorti la peine d’une mise à l’épreuve de trois ans.

Reconnaissant elle aussi une «altération de la responsabilité» de l’accusée, dont il est «évident qu’elle faisait un déni de grossesse», l’avocate générale avait requis cinq ans de prison dont un avec sursis en retenant le chef d'«homicide volontaire».

La magistrate, Florence Galtier, avait invoqué la nécessité d’une «sanction punitive et pour encadrer».

L’enfant, un garçon «vivait et était en détresse respiratoire, mais on le met dans un sac plastique, on occasionne sa mort», avait-elle plaidé.

«Rien passé» 

Pour la défense, Sylvain Reche avait plaidé l’acquittement, relevant que les experts avaient exclu «tout acte matériel montrant que l’enfant a été tué» par l’accusée, et insistant sur son «total déni de grossesse».

La veille, cette femme avait livré le ressenti l’ayant conduite à cacher son nouveau-né dans le congélateur familial, après une grossesse dont elle a toujours nié s’être rendu compte et que son entourage ignorait.

«Je ne me rappelle pas avoir réellement accouché», «pour moi, il n’était pas là, il ne s’est rien passé», avait-elle lancé devant la cour siégeant à Carcassonne.

«Être ici c’est compliqué mais au moins ça met les choses à plat. J’avais besoin de témoigner», avait elle ajouté; avant de lâcher dans un sanglot: «J’ai enlevé la vie d’un petit être. Pourquoi ? Je ne le sais pas».

L’enfant, qui ne pesait que 2 kg, «n’est pas mort de violences mais de complications respiratoires», et «n’a pas été congelé vivant» selon l’expert du centre hospitalier de Carcassonne dépêché sur place à sa découverte.

Le corps avait été découvert cinq mois plus tard, en juin 2010, par son père, dans le congélateur du domicile familial du village de Lasbordes.

Le couple, depuis séparé, s’était alors rendu à la gendarmerie.

Pas de nouveau «traumatisme» 

Mise en examen, la mère avait été placée sous contrôle judiciaire, et a entretemps retrouvé partiellement la garde de son aîné, âgé de 18 mois au moment des faits. Elle a aussi renoué des liens avec le fils de son ex-compagnon, âgé de 18 ans.

L’avocat du père, partie civile mais absent au procès, avait demandé une «situation juridique adaptée pour que lui et ses deux enfants ne revivent pas de traumatisme».

L’accusée -- dont l’entourage et même son ex-beau père ont témoigné qu’elle est «une bonne mère»-- a souffert d’une enfance «insécurisante», entre une mère alcoolique et un père «faisant l’autruche», avait affirmé l’experte psychologue entendue dans la matinée.

«Elle n’a pas grandi», avait «l’impression qu’elle n’était personne», a-t-elle estimé, relevant un cas évident de déni de grossesse.

La justice a eu à traiter de nombreuses affaires de ce type. Parmi les dernières en date celle de Ramona Canete, condamnée il y a un an par la cour d’assises de Bordeaux à huit ans de prison pour avoir tué cinq de ses nouveau-nés et congelé leurs corps.