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Une demi-tonne de cannabis dans un local municipal: neuf ans de prison requis

2 avril 2019, 18:20

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Une demi-tonne de cannabis dans un local municipal: neuf ans de prison requis

 

«Ils ont foulé aux pieds la démocratie de proximité»: des peines de neuf ans de prison ont été requises mardi à Bobigny contre trois hommes, dont un ex-employé municipal, accusés d’avoir fait entrer 500 kilos de cannabis dans un local technique de la ville de Saint-Denis.

Dans ce «dossier d’une gravité exceptionnelle», «le bien public, le service public» ont été «emportés» par le trafic, dénonce la procureure de la République, Pauline Bonnecarrère, fustigeant dans ses réquisitions une «organisation rodée» qui «foule aux pieds la démocratie de proximité».

Elle évoque les téléphones qui fonctionnent en «circuit fermé», les «méthodes de dissimulation» des trois prévenus et ironise sur leur «excellente idée»: utiliser le centre technique municipal (CTM) de Saint-Denis pour le trafic.

Le 17 novembre 2016, les douanes avaient intercepté un camion en provenance d’Espagne qui venait d’y entrer. A l’intérieur du véhicule, une demi-tonne de résine de cannabis, cachée sous le chargement d’oranges. Valeur estimée par la douane: un peu plus d’un million d’euros.

Le chauffeur, un Espagnol de 62 ans, ainsi qu’un homme de 30 ans, au volant d’une voiture «ouvreuse», avaient été immédiatement interpellés. Ils sont jugés depuis lundi avec l’ex-employé municipal, 42 ans, qui avait été arrêté peu après, dans l’enceinte du CTM.

Ce dernier, reconnu par son directeur sur des images de vidéosurveillance, conteste toute participation. A la barre lundi, il avait laissé entendre, mais sans fournir aucune explication précise, être un bouc-émissaire après avoir fait part à son supérieur de dysfonctionnements au sein de la structure. Des «contre-feux» pour la procureure, qui tance un «menteur», un «manipulateur».

«Il est très exactement l’inverse de ce qu’il prétend être: un bon citoyen, un bon employé, mais sur son poste de travail on trouve tout l’attirail du bandit chevronné», raille-t-elle, évoquant les brouilleurs et le traceur GSM découverts dans ses effets personnels. Dans sa voiture, les enquêteurs avaient mis la main sur près de 95.000 euros en espèces.

L’ex-employé est bien «la plaque tournante de ce trafic», martèle la procureure, demandant au tribunal de le condamner à neuf ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour en Seine-Saint-Denis.

La même peine a été requise à l’encontre des deux autres prévenus, qui se trouvaient en état de récidive légale.

De son côté, l’avocat de la ville, Matthieu Henon, a notamment réclamé 30.000 euros pour le préjudice moral subi par la municipalité communiste, qui «souffre» depuis les faits d’être associée à de «folles, de sottes rumeurs» l'«impliquant, voire même l’accusant de complaisance».

Les avocats de la défense doivent plaider dans l’après-midi.