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Frasques verbales: sir Anerood Jugnauth, pas toujours «SAJ»

31 mars 2019, 17:00

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Frasques verbales: sir Anerood Jugnauth, pas toujours «SAJ»

Dialog sok, expressions imagées, fleurs en passant par le fameux «mo piss lor zot». Alors qu’il a fêté vendredi son 89e anniversaire, malgré son âgé vénérable, sir Anerood Jugnauth ne fait pas toujours preuve de sagesse, à l’oral. La preuve. 

Il a passé presque 18 ans à la tête du pays. Qu’on l’aime ou pas, SAJ a marqué l’histoire de Maurice, et pas uniquement par ses actes politiques. L’ancien Premier ministre, qui a soufflé ses 89 bougies vendredi, restera dans les annales aussi à cause de ses «dialog sok» qui, au fil des ans, sont devenus presque des expressions cultes. Recap...

Commençons par la fin. «Mo pi** are zot.» Non, nous ne citons pas les ados rebelles qui se battent sur la gare après les heures de classe, mais bien SAJ. Nous sommes le 26 mars 2017. Le ministre mentor se rend à l’Aapravasi Ghat pour une fête culturelle. Après la cérémonie, les journalistes l’interrogent sur la drogue à Maurice et les allégations de ses adversaires politiques à ce sujet. «Mo bann adverser politik. Exkiz mwa, mo piss are zot», lance-t-il devant les caméras.

Visiblement, il ne les porte pas dans son cœur... Il a tenté de se rattraper quelques jours plus tard en déclarant, sur un ton léger, que «bann zournalis fer [ou] servi langaz épicé» mais la balle était déjà partie. L’expression «Mo SAJ ek zot» avait déjà été adoptée par la population alors que l’opposition avait à peine commencé à fustiger la vulgarité du ministre. 

Quelques mois après, en visite à Rodrigues, il récidive. Questionné sur le problème d’eau dans l’île, il répond: «Mo finn vinn isi pou fourni dilo mwa ? Taler mo bizin vinn begn zot ousi...» Cela a fait rire certains, alors que d’autres n’ont pas trouvé la situation amusante du tout, tout comme lorsqu’il avait dit qu’il était «foupamal» avec les grévistes de la faim qui selon lui, «pé swisider».

Autre expression courante inventée par SAJ et rendue célèbre par ses adversaires? «Moralité pa ranpli vant.» Selon les experts, l’expression puise ses origines dans les années 1983. SAJ était à la tête du pays et avait reçu une cargaison de riz de Taïwan. Comme Maurice ne reconnaissait que la République populaire de Chine et que Taïwan était la province dissidente, il était immoral, selon les opposants de SAJ, d’accepter un tel cadeau. Il n’a certes pas uriné sur eux à l’époque, mais il leur a fait comprendre que c’est le riz, et non la moralité, qui allait nourrir la population...

Ce n’est pas la seule fois où on a ri jaune à cause du riz. En 1995, SAJ décide d’abolir les subsides sur le riz «ration». Comme argument, il avance que celui-ci sert à nourrir les chiens des riches et qu’il est peu consommé par les Mauriciens. Il n’a pas fallu longtemps pour que les murs soient placardés d’affiches affirmant que SAJ avait dit que «diri ration manzé lisien». Dans la foulée, il perd les élections et depuis, personne n’a osé toucher au subside en question. 

Puis, SAJ avait aussi menacé de «bez kout téti» et «sot lédwa» de ceux qui mettraient des bâtons dans les roues du MSM lorsqu’il a créé le parti. Comme le «téti» a disparu de la langue, cette partie de sa déclaration a pris la même route, et aujourd’hui encore, le «sot ledwa» est utilisé. 

Puis, il y a d’autres expressions qui, pour des raisons politiques, ont été déformées et amplifiées. Tout le monde se souvient que «SAJ inn dir éna insanité dan Coran». Mais ceux qui ont suivi l’affaire de près se souviennent de la vraie version derrière cette déclaration. À l’époque, l’ambassadeur libyen à Maurice, Al Jady, avait émis un communiqué à connotation raciste et il avait cité le Coran pour se justifier. «C’est ce communiqué qu’il avait traité d’insanité. Pas les versets en soi», racontent des sources bien informées. D’ailleurs, le principal concerné lui-même avait donné cette explication lors de son discours pendant une rencontre de la Senior Citizen Association, en décembre 2018.

Et les «démons» alors ? Nous sommes alors en 1995. SAJ rentre d’une mission de l’Inde. Il est à peine descendu de l’avion que Raj Dayal, commissaire de police, lui murmure quelque chose à l’oreille, et tout de suite après, il parle de «démons» et des décisions de la cour qui étaient animées par «bann lespri diabolik». Il leur en voulait car à l’époque, il souhaitait que les langues orientales soient considérées comme des matières optionnelles, et la cour avait jugé cette décision anticonstitutionnelle. Encore une fois, il s’était défendu lors du même discours de 2018.

 

Il y en a d’autres ? Éoula, pa asé la ?