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Mondiaux de patinage: Papadakis et Cizeron, les nouveaux explorateurs

23 mars 2019, 20:01

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Mondiaux de patinage: Papadakis et Cizeron, les nouveaux explorateurs

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, désormais quadruples champions du monde, font souffler un vent de renouveau et de modernité sur la danse sur glace depuis leur ascension éclair.

«Ils sont en train d’écrire leur légende», sourit leur entraîneur Romain Haguenauer.

Sur la glace japonaise samedi, les danseurs français se sont imposés avec plus de dix points de marge.

Comment les rattraper ? La question a fait lever le sourcil gauche de l’Américaine Madison Hubbell, médaillée de bronze avec Zachary Donohue, en signe de perplexité.

«Gabriella et Guillaume sont extraordinaires. Ce sont des icônes de la glace aujourd’hui. Tout le monde les observe et apprend d’eux», admire le Russe Nikita Katsalapov, médaillé d’argent associé à Victoria Sinitsina.

«On veut innover, faire ce que personne n’a jamais fait et emmener le patinage dans une direction nouvelle», ambitionnait Papadakis, alors fraîchement double championne du monde, au printemps 2016.

L’illustration la plus éclatante de la volonté des deux danseurs de bousculer les codes ? Le choix avant-gardiste d’une inhabituelle musique contemporaine --des silences ou presque, un piano fou-- pour leur programme libre en 2016/2017, qui finira par être récompensé par un score record à l’époque.

«Gabriella et Guillaume voulaient pousser un peu plus loin, dépoussiérer un peu plus encore le monde du patinage mondial», retrace Haguenauer. «Ils sont très au courant de ce qui se passe dans le monde artistique, ils ont une sensibilité très moderne, c’est super à exploiter.»

- «Fibre contemporaine» -

«La première fois qu’elle m’a fait écouter la musique, je lui ai dit: +Le challenge que vous vous donnez... Que ça va être difficile ! C’est une musique pratiquement «impatinable» !+, se souvenait auprès de l’AFP avant les JO-2018 Catherine Papadakis, la mère de Gabriella, qui enseigne elle-même le patinage.

Même lors de l’hiver olympique, Papadakis et Cizeron restent fidèles à leur «fibre contemporaine» et «abstraite», qui fait précisément leur singularité.

«La seule chose moins moderne, c’est la musique (la Sonate au clair de lune de Beethoven, un classique du patinage, ndlr). Au niveau de la chorégraphie, des éléments, on cherche toujours à innover», expliquait Papadakis à l’AFP. «On essaie de rester sur notre lancée, d’aller plus loin dans l’interprétation, vers une gestuelle plus moderne», insistait Cizeron.

«Ils ont une qualité de glisse exceptionnelle et une interprétation très forte, très contemporaine, qu’on n’avait jamais vraiment vu. On a l’impression qu’ils flottent sur la glace», décrit un autre de leurs entraîneurs, Patrice Lauzon, à Radio Canada.

Cette qualité d’interprétation, leur domaine d’excellence, Catherine Papadakis y est très attachée. C’est elle qui les a associés quand ils avaient une dizaine d’années, sur la glace de Clermont-Ferrand.

La petite Gabriella, qui joue aussi du violon, chausse des patins dès quatre ans. «Ce n’était pas du tout une casse-cou», se remémore sa mère. «Elle mettait très longtemps pour traverser la patinoire. Elle était très prudente.»

- Complices mais «chacun sa vie» -

Le petit Guillaume s’essaie d’abord au judo puis au trampoline avant de fondre pour la glace. «Lui, c’était l’inverse. Il était à fond, il ne s’arrêtait jamais. Il tombait beaucoup et prenait énormément de risques», poursuit-elle.

Entre Gabriella, l’aînée de sa fratrie, au rire facile et sonore, et Guillaume, le petit dernier, plus réservé, le courant passe.

«Ils étaient très complémentaires: lui très souple, ça donne ce patinage très ample, très détendu, et +Gaby+ plutôt très tonique et très droite», compare Catherine Papadakis.

Jocelyne Cizeron, la mère du patineur, garde elle en mémoire le souvenir de Championnats de France benjamins à Bordeaux, où «mon fils s’amusait à porter Gabriella même dans la rue».

Une quinzaine d’années plus tard, de Clermont-Ferrand à Montréal en passant par Lyon, ils sont toujours «complices», «se connaissent par coeur» mais «chacun a sa vie en dehors de la glace», ajoute-t-elle.

C’est à l’été 2014, avant leur deuxième hiver en seniors, que les deux danseurs posent leurs valises au Québec pour rejoindre Haguenauer et l’école montée par les Canadiens Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon. Ils y trouvent l’équipe et les conditions d’entraînement qui les propulsent de manière fulgurante vers les sommets.

Depuis, Papadakis et Cizeron accumulent les récompenses: quatre couronnes mondiales (2015, 2016, 2018 et 2019), cinq européennes (2015-2019) et une médaille d’argent olympique. Le tout à seulement 23 ans et 24 ans.