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Attentat de Christchurch : le mari de l'une des victimes pardonne à l’auteur de la tuerie

20 mars 2019, 19:12

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Attentat de Christchurch : le mari de l'une des victimes pardonne à l’auteur de la tuerie

 

Sa déclaration a ému les internautes du monde entier, dont les Mauriciens. Un homme dont la femme a été tuée dans l'attaque d'une mosquée de Christchurch, alors qu'elle aidait des fidèles à se sauver, a affirmé dimanche 17 mars qu'il pardonnait à l'auteur de cet attentat qui a fait 50 morts vendredi dernier.  A la question de savoir s'il pardonnait à l'auteur de la tuerie, un terroriste australien de 28 ans, Farid Ahmad a répondu : « Bien sûr. La meilleure chose, c'est le pardon, la générosité, l'amour et l'affection, avoir une attitude positive.» 

«Je lui dirais que je l'aime en tant que personne », a-t-il dit à l'AFP. «Je lui dirais qu'il a en lui un grand potentiel pour être une personne généreuse, bonne, capable de sauver des gens plutôt que de les détruire. Je lui souhaite de rechercher cette attitude positive, j'espère et je prie pour lui (...) Je n'ai aucune rancune.»

Quand les tirs ont commencé, sa femme, Husna Ahmad, 44 ans, aidait des fidèles à s'échapper de la mosquée, selon Farid Ahmad qui s'appuie sur le récit de témoins. «Elle criait, 'Venez par ici, dépêchez-vous', et elle a emmené beaucoup d'enfants et de femmes vers un jardin à l'abri», a-t-il dit. 

«Ensuite elle est revenue pour s'enquérir de mon sort, parce que je suis en chaise roulante, et alors qu'elle s'approchait de la porte, elle a été tuée. Elle était occupée à sauver des vies, sans se préoccuper d'elle-même», a poursuivi cet homme de 59 ans qui, lui, a échappé au tireur. «L'homme tirait sur la même personne deux ou trois fois, cela nous a probablement permis de nous en sortir... même les morts, il leur tirait encore dessus.» Il n'a pas vu sa femme quand il a quitté la mosquée et a appris sa mort en voyant sa photographie sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, les premières victimes de cet acte terroriste, dont notre compatriote, Moosid Mohamedhosen, devaient être inhumées lors d'une émouvante cérémonie en ce mercredi 20 mars. 

Certaines étaient arrivées il y a un an en Nouvelle-Zélande, dans l’espoir d’y retrouver la paix après les années d’horreur du conflit en Syrie. Un réfugié syrien et son fils ont été, aujourd’hui, les premières victimes des attentats de Christchurch à être inhumées lors de funérailles émouvantes dans la ville néo-zélandaise, qui se prépare à plusieurs journées de déchirants adieux.

Des centaines de personnes se sont rassemblées ce matin dans un cimetière proche de la mosquée Linwood, la deuxième attaquée par Brenton Tarrant. C’est là que se sont déroulées les funérailles de Khalid Mustafa, 44 ans, et de son fils Hamza, 15 ans, qui ont été tués dans la mosquée al-Nour. Khalil et son épouse avaient également une fille et un garçon. Celui-ci, âgé 13 ans et prénommé Zaid, a été blessé dans la fusillade et assistait dans un fauteuil roulant aux funérailles.

Jamil El-Biza, un habitant de la région de Sydney venu spécialement pour les funérailles, a confié, devant les tombes de son père et de son frère : «Je ne devrais pas me tenir devant vous. Je devrais être allongé à côté de vous.» Parmi les fidèles venus prier, figurait aussi Abdul Aziz, un réfugié afghan considéré comme un héros pour avoir tenté de s’opposer au tueur, et qui a été chaleureusement embrassé par de nombreuses personnes présentes.

Le début des funérailles permet aussi de répondre à la frustration grandissante des familles des victimes. La coutume musulmane veut que les morts soient enterrés le plus rapidement possible, généralement dans les 24 heures suivant le décès, mais les inhumations ont été repoussées en raison du lent processus d’identification et des investigations médico-légales.

Les autopsies des 50 victimes ont été menées mais «seules 12 victimes ont été identifiées» formellement à ce stade, et «six parmi les victimes identifiées ont été rendues à leur famille», a indiqué mardi la police qui a promis de mener à bien sa tâche aussi vite que possible alors que des dizaines de familles de victimes arrivent du monde entier à Christchurch en vue des funérailles.

D’autre part, il y a quelques heures, la Première ministre Jacinda Ardern a effectué une visite à la Cashmere High School, où étaient scolarisés Hamza et Zaid. L’établissement a perdu un autre élève, Sayyad Milne, 14 ans. Quand un étudiant lui a demandé ce qu’elle ressentait, la Première ministre a répondu : «Je suis triste.» La veille, elle avait adressé un fort message de solidarité aux musulmans et promis de ne jamais prononcer le nom du tueur des mosquées, qui a justifié le massacre dans un «manifeste» raciste et islamophobe.

Devant le Parlement réuni en session spéciale, elle avait déclaré que le tireur tomberait sous le coup de la loi «dans toute sa rigueur». «Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l’une d’elles était la notoriété», a-t-elle dit à Wellington. «C’est pourquoi vous ne m’entendrez jamais prononcer son nom. C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom.» Dans la foulée du carnage, Jacinda Ardern avait annoncé un durcissement de la législation sur les armes qui a permis au tueur d’acheter l’arsenal ayant servi à l’attaque.