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«Je vis! Je meurs!», après le carnage, les Néo-Zélandais dansent le haka

20 mars 2019, 08:32

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«Je vis! Je meurs!», après le carnage, les Néo-Zélandais dansent le haka

Les Néo-Zélandais se rassemblent pour se frapper la poitrine, taper du pied et tirer la langue: ils se servent du haka, la danse de guerre maorie, pour montrer leur solidarité avec les musulmans endeuillés par le carnage des mosquées de Christchurch.

De tous âges et de tous horizons, les habitants de cette nation du Pacifique Sud livrent des exécutions impromptues de ce cérémonial intimidant qui commence par des paroles qui veulent dire: «Je vis! Je meurs!»

Bikers recouverts de tatouages, cadres d’entreprise, enfants et personnes âgés, tous se sont rassemblés pour le haka. Ce rituel est un symbole reconnu dans le monde entier grâce aux All Blacks, la légendaire équipe de rugby de Nouvelle-Zélande, qui en ont fait leur cri de guerre sur tous les terrains du monde.

Cette danse agressive aux gestes menaçants peut sembler jurer avec l'atmosphère sombre qui règne depuis qu'un extrémiste racialiste blanc a tué 50 fidèles pendant la prière du vendredi dans deux mosquées de Christchurch, dans l'île du Sud.

Mais le haka n'a pas seulement pour objectif d'intimider, c'est aussi une cérémonie de deuil qui mêle à la fois la défiance et la beauté, dans un déversement d'émotion pure, explique Te Kahauti Maxwell, professeur de maori à l'Université Waikato.

«Le haka sert à la mort et au deuil. Il fait intégralement partie du processus de deuil maori. Il sert à témoigner son amour et sa compassion. Le haka sert à remonter le moral des familles endeuillées», explique-t-il.

Les yeux exorbités, les membres d'un célèbre gang de motards ont rejoint des enfants pour communiquer cette émotion au travers d'un haka exécuté pour les proches de victimes rassemblés près de l'hôpital de Christchurch.

D'autres hakas ont été organisés  à travers toute la Nouvelle-Zélande, mais aussi en Australie, une terre de rugby aussi, où vivent de nombreux Néo-Zélandais.

Selon la mythologie maorie, le haka remonte aux origines du monde, don de Tane-rore, le fils de Tama-nuira, le dieu soleil.

Le don d'un Dieu

«De la même manière que la chaleur miroite dans la touffeur d'une journée d'été, dans le haka, chaque partie du corps tremble, du sommet de la tête jusqu'à la plante des pieds», explique le professeur Maxwell. 

Lisa Tumahai, cheffe des Ngai Tahu, la principale iwi (tribu) de l'île du Sud, explique qu'il est naturel pour les Néo-Zélandais de recourir à leur danse traditionnelle.

«Peu importe que nous soyons en colère, que nous ayons peur, nous devons nous rassembler en une seule communauté solide pour montrer notre compassion envers ceux qui ont fait d'Aotearoa leur maison et qui ont perdu des êtres chers et précieux», affirme-t-elle.

Aotearoa, qui signifie «le pays du long nuage blanc», est le nom maori de cette nation de moins de cinq millions d'habitants.

Les tribus maories, les écoles et les équipes de sport ont toutes leur propre version du haka.

Celle des All Blacks, appelée «Ka mate, Ka mate», raconte l'histoire d'un guerrier de 1820, Te Rauparaha, qui se cacha dans une fosse pour échapper à ses ennemis.

Les mots «Je vis! Je meurs!» décrivent l'état d'esprit de Te Rauparaha qui songe au sort qui l'attend.

Pour le professeur Maxwell, le haka est particulièrement approprié du fait de la tristesse générale qui s'est emparée du pays car «nous avons été envahis et un acte terrible a été commis sur nos rivages».

Quand le tueur a ouvert le feu sur ses victimes vendredi, «on peut les imaginer penser Vais-je vivre? Vais-je mourir?»