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Fête nationale: à quoi sert d’être décoré de la République ?

17 mars 2019, 21:30

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Fête nationale: à quoi sert d’être décoré de la République ?

G.O.S.K, C.S.K, M.S.K : autant de titres décernés aux Mauriciens le 12 mars 2019. Mais que changent ces récompenses dans leur vie ? Comment se fait la sélection ?

«Sans doute, les gens d’ici ou d’ailleurs valorisent cette reconnaissance, mais je ne l’utilise pas personnellement pour faire avancer des projets ou pour un quelconque avantage. Cela demeure une reconnaissance pour une certaine contribution à l’État. Vous ne recevez pas pour prendre avantage», déclare le professeur Dhanjay Jhurry, vice-chancelier de l’Université de Maurice.

Ce dernier vient d’être nommé Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (G.O.S.K). En 2012, il avait été fait Commander of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (C.S.K). Depuis le 12 mars, les messages affluent, mentionnant le mérite, le dur labeur récompensé ou un modèle pour le pays. «La reconnaissance est un encouragement pour poursuivre ses efforts. Bien sûr, une telle décoration assure aussi votre reconnaissance sur le plan international, estime-t-il. Mais je ne mets pas en avant le fait d’avoir été décoré

De son côté, pour Ali Jookhun, travailleur social, désormais Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (O.S.K), ce titre apporte plus d’ouverture et de visibilité dans son domaine d’expertise, à condition de le mériter. «Cela peut favoriser plus de contacts. C’est comme si on vous sortait de l’ombre», indique-t-il.

Elevé au rang de G.O.S.K en 2015 pour sa contribution dans le service public et la protection de l’environnement, Sateeaved Seebaluck affirme que ce titre favorise davantage de respect de la société : «On se sent accompli et reconnu par l’État.»

Jane Constance, artiste qui s’est distinguée sur le plan artistique à l’international, abonde dans ce sens : «On nous montre du respect après ce titre. Mais il n’y a pas d’opportunités avec. Ça se rajoute au curriculum vitae. Les awards se remarquent plus à Maurice

Selon les castes et les ethnies

Cassam Uteem, ancien président de la République, estime que cela ne change pas vraiment la vie des décorés. Néanmoins, cela peut donner accès à certains événements comme la fameuse Garden Party, des réceptions et dîners. Dans certains cas, les décorés s’attirent d’autres regards liés aux couleurs politiques. «Certains individus vous approchent, pensant que vous pourrez faire avancer les choses pour eux vu que le gouvernement vous a récompensé. C’est malheureux», indique-t-il.

C’est une des réalités des décorations, souligne l’historien Jocelyn Chan Low : «Au début de ce système, il y avait beaucoup de policiers récompensés. Ces titres honorifiques demeurent importants pour toute nation. Hélas, cela s’est politisé car on octroie selon les castes et l’ethnie. C’est comme si on est proche de tel parti. Certains risquent alors de coller une étiquette aux décorés.» Il ajoute que le flou demeure sur certains critères. Par exemple, sur les accomplissements et l’éligibilité ainsi que le processus de sélection. «C’est une bonne idée mais il faut de la neutralité», ajoute-t-il.

Selon Cassam Uteem, il existerait, au Bureau du Premier ministre, un comité chargé du processus : «Globalement, il étudie les noms envoyés et recommandés par des ministres et individus de la société.» Il ajoute que le président aussi a son mot à dire et peut envoyer une liste au Premier ministre, qui décidera au final.

En chiffres...

Cette année, 53 titres honorifiques ont été décernés pour le 51e anniversaire de l’Indépendance. Ce taux est plus élevé comparé à 2018 avec 47 titres et 30 en 2017. Outre ces titres, quatre autres types de récompenses sont décernés, soit le President’s Distinguished Service Medal (PDSM), le President’s Meritorious Service Medal (PMSM), le President’s Badge of Honour et le President’s Certificate of Honour pour des services distingués. Ce nombre de décorations est d’une trentaine.

La petite histoire des titres

«Sous Napoléon I, il y avait la Légion d’honneur. En Angleterre, il y avait le ‘knighthood’ avec des titres de ‘Sir’ octroyés par la Reine sous recommandation du Premier ministre mauricien. L’idée était d’intégrer l’élite mauricienne à l’empire britannique. C’était sur le mérite et en signe de reconnaissance de l’État», confie Jocelyn Chan Low. Le système britannique a été substitué par les National Day Awards depuis 1992. Ce changement a été effectif après l’accession à la République.