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Venezuela: Guaido annonce une marche sur Caracas, toujours pas d’électricité

10 mars 2019, 09:42

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Venezuela: Guaido annonce une marche sur Caracas, toujours pas d’électricité

Le chef de file de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido a appelé samedi à une marche nationale sur Caracas pour pousser vers la sortie le président Nicolas Maduro, qui a dénoncé une «attaque cybernétique» à l’origine de la panne géante d’électricité qui entrait dans sa troisième nuit.

Aucun bilan officiel de la situation dans le pays, plongé dans le chaos, n’est disponible, mais au moins quinze patients souffrant de maladies rénales sont morts en 48 heures faute de dialyse, selon une ONG qui se consacre aux questions de santé, la Coalition des organisations pour le droit à la santé et à la vie (Codevida).

Selon son directeur, Francisco Valencia, «95% des unités de dialyse, qui pourraient atteindre aujourd’hui 100%, sont paralysées en raison du manque d’électricité».

La plupart des établissements de soin ne disposent pas de générateurs, ou alors ils ne fonctionnent pas.

«J’annonce une tournée, ma tournée et celle de tous les députés (à travers le pays) pour vous faire venir à Caracas de manière définitive», a lancé Juan Guaido devant des milliers de partisans descendus dans les rues de la capitale.

«Après la fin de cette tournée (...) nous annoncerons la date où tous ensemble nous marcherons sur Caracas», a-t-il ajouté, mégaphone en main, juché sur le capot d’un 4x4: le président par intérim autoproclamé, reconnu par une cinquantaine de pays depuis le 23 janvier, était privé d’estrade sur intervention de la police qui a arrêté les trois personnes chargées de la monter, selon des députés de l’opposition.

Juan Guaido a répété qu’il était prêt à autoriser une intervention militaire étrangère, se référant à la Constitution - «L’article 187, lorsque viendra le moment», qui autorise «des missions militaires vénézuéliennes à l’extérieur ou étrangères dans le pays».

«Intervention! Intervention!», a entonné la foule en choeur. «Toutes les options sont sur la table et nous le disons de manière responsable», a assuré Juan Guaido.

Nouvelle «attaque cybernétique»

Les autorités vénézuéliennes ne fournissent jamais de chiffres concernant les manifestations.

Simultanément, des milliers de partisans du régime, en rouge, écoutaient le président Nicolas Maduro, qui a dénoncé une nouvelle «attaque cybernétique» qui aurait empêché de rétablir l’électricité à travers le pays.

«Aujourd’hui, 9 mars, nous avions avancé à près de 70% (dans le rétablissement de l’électricité) lorsque nous avons reçu à la mi-journée une autre attaque cybernétique visant une des sources d’énergie qui fonctionnait parfaitement. Cela a annulé tout ce que nous avions réalisé», a expliqué Nicolas Maduro, juché sur une estrade.

La quasi-totalité du pays est affectée et le courant revenu samedi matin dans la capitale Caracas avait de nouveau disparu dans l’après-midi.

Selon le ministre de la Communication Jorge Rodriguez, la panne d’électricité a été déclenchée jeudi par une première «attaque cybernétique contre le système de contrôle automatisé» de la centrale hydroélectrique de Guri, dans le sud-est du pays, qui fournit au Venezuela 80% de son électricité.

Manque d’entretien

Nombre d’experts attribuent la panne à un manque d’investissements du gouvernement dans l’entretien des infrastructures.

Les deux rassemblements se sont dispersés dans le calme et aucun incident majeur n’avait été rapporté jusqu’ici, malgré un imposant déploiement de policiers anti-émeutes aux abords de la manifestation de l’opposition.

«Il n’y a pas d’eau, pas de lumière, rien à manger, on n’en peut plus», s’est plaint Jorge Lugo, venu du quartier de Santa Monica, au sud-est de la ville, en brandissant un drapeau.

L’absence de courant a créé par endroit une situation sanitaire problématique et provoqué des décès dans les hôpitaux qui ne sont pas équipés de générateurs.

Cette panne soumet l’économie du Venezuela, déjà très fragile, et la population à de nouvelles tensions. Avec une inflation hors de contrôle, l’argent liquide est rare, faute de billets disponibles. Seules les transactions électroniques permettent de faire des achats, même pour du pain. Mais toutes ont été suspendues dès jeudi soir.

Le gouvernement, sous pression depuis des semaines, a affirmé qu’il fournirait à l’ONU «des preuves» d’une responsabilité de Washington dans cette panne géante, la pire jamais connue par le pays. Ces informations seront remises à une délégation du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme qui est attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication.

Depuis le 23 janvier, le Venezuela compte deux dirigeants: Nicolas Maduro, qui a entamé un deuxième mandat présidentiel contesté en raison d’accusations de fraude qui pèsent sur sa réélection; et Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale, qui s’est proclamé président par intérim et est reconnu par une cinquantaine de pays.