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Nreetika ram nauris : la medaillée d’or rêve des mondiaux

3 mars 2019, 16:30

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Nreetika ram nauris :  la medaillée d’or rêve des mondiaux

Trois Mauriciens de l’École d’Arts Martiaux de l’Est ont brillé au 24e championnat d’Asie d’Open karate, à la mi-février, à Mumbai, en Inde. Vishal Dassy a décroché une médaille d’argent au kumite et de bronze au kata alors qu’Arjun Sarup, fils de feu la Mauricienne Leela Gujadhur-Sarup a décroché l’or chez les 51 à 55 ans. La jeune Nreetika Ram Nauris, 21 ans, a récolté l’or en kata chez les 21 à 30 ans. Elle vise la plus haute marche du podium aux mondiaux de décembre en Angleterre.

Karuna Ram Nauris, la mère de Nreetika, qui tient une Pooja Shop à Bel-Air-Rivière-Sèche, avait vu juste lorsqu’elle a décidé que l’éducation formelle ne suffirait pas à développer intégralement les trois enfants qu’elle a donnés à son époux, Subash Ram Nauris, qui exerce comme pandit. Karuna Ram Nauris les a donc encouragés à apprendre à jouer d’un instrument de musique pour développer leur sensibilité, leur créativité et leur spiritualité, de même qu’à pratiquer un sport pour mieux canaliser leur énergie et contrôler leurs émotions et leur mental.

Nreetika Ram Nauris a emboîté le pas à sa soeur voilà huit ans, s’exerçant au karaté auprès de l’École des Arts Martiaux de l’Est fondée en 1974 par le sensei (professeur) Harold Patient à Bel-Air-Rivière-Sèche. Au départ, la jeune fille entrevoyait le karaté qu’elle pratiquait deux fois la semaine comme une corvée. Ce qu’elle trouvait le plus difficile à maîtriser, ce n’était ni le kumite (combat), ni le kata (pratique de mouvements contre plusieurs adversaires invisibles dans différentes directions), mais les mots japonais qu’il lui fallait comprendre et prononcer.

Cette grande timide de nature a fini par apprécier le karaté et en particulier le kata et au bout d’un an, elle a repris confiance en elle. Au point de décrocher chaque année, à partir de 2013, le titre de Student of The Year, concours organisé par Harold Patient, ceinture noire 6e dan, fondateur de l’École des Arts Martiaux de l’Est, qui est aussi un surintendant de police à la retraite. «Le karaté m’a transformée», raconte Nreetika Ram Nauris. «J’étais très réservée et cette discipline m’a aidée à affirmer ma personnalité. Si bien qu’aujourd’hui, je n’ai plus peur de m’exprimer en public.»

Elle fréquente le collège Modern, apprend à jouer de la cithare avec le cithariste Sanjeev Jugna au Mahatma Gandhi Institute et continue la pratique du karaté. Entre le kumite et le kata, elle préfère cette deuxième catégorie car, précise-t-elle, «en kumite, il faut maîtriser uniquement quatre à cinq techniques pour grappiller quelques points alors qu’en kata, il y a une panoplie des techniques à maîtriser avec rigueur et détermination en tenant compte aussi bien de l’aspect martial qu’esthétique.»

«Lorsqu’on annonce son nom comme la gagnante de la médaille d’or dans sa catégorie, elle est surprise mais très contente. »

Douée pour l’art, elle opte pour le dessin comme une des matières principales en Form VI et à l’examen final de Cambridge, elle se classe première en art parmi tous les étudiants mauriciens s’étant fait examiner dans cette matière. Elle travaille ensuite comme Graphic Designer à Emboss Ltd.

Depuis deux ans, Nreetika Ram Nauris, qui participe aux championnats nationaux et régionaux, est la championne de Maurice de karaté. Avant cela, elle a souvent décroché la médaille d’argent et d’or à ces championnats. Sa première participation à une compétition internationale a eu lieu à Maurice le 30 juin dernier. Celle-ci était organisée par son école et Nreetika s’est mesurée à des adversaires de plusieurs pays. Elle a remporté la médaille d’or en kata. En janvier, elle a passé l’examen et a obtenu sa ceinture noire Shodan (1er dan) Sa participation au 24e championnat ouvert d’Asie de karaté à Mumbai en février est une initiative de son club qui y participe depuis maintenant cinq ans. Cette compétition est organisée par le World Funakoshi Shotokan Karate Orgaisation. Cette fois, elle a eu lieu les 9 et 10 février. Comme Nreetika Ram Nauris devait trouver une somme conséquente pour couvrir tous ses frais de participation à ce déplacement, elle a puisé de sa poche et a aussi cherché un parrainage qu’elle a notamment obtenu auprès de son employeur, Rooben Kistnen, directeur Emboss Ltd, qui soutient aussi l’École des Arts Martiaux de l’Est.

Nreetika Ram Nauris a quitté Maurice à la fin janvier. Il était prévu qu’elle arrive à Mumbai à la veille de la compétition pour avoir le temps de se relaxer et de se motiver. Sauf que son vol a été déprogrammé et reprogrammé et elle a atterri à Mumbai le jour de la compétition, soit une heure avant celleci. Nreetika Ram Nauris a dû faire appel à la force de son mental. «J’étais fatiguée et faible car je n’avais pas dormi. Mon estomac était barbouillé et mon moral n’était pas au beau fixe. Néanmoins, je me suis dit que j’allais faire de mon mieux. Mon sensei Harold Patient m’a dit de fermer les yeux, de me relaxer et advienne que pourra.» Elle a aussi pu compter sur les encouragements de la gentille Bhavna, l’épouse d’Arjun Sarup, qui participait également à cette compétition et qui a, lui, décroché une médaille d’or chez les 51 à 55 ans.

Il était attendu que Nreetika Ram Nauris se mesure à 17 autres participantes et qu’elle soit la troisième à passer devant le jury. Pour ne pas se laisser influencer par les prestations des autres, elle a enlevé ses lunettes, fermé ses yeux et s’est concentrée. Au moment de monter sur le tatami de karaté, elle s’est dit qu’elle donnerait son tout. Pendant trois minutes, elle a effectué sa démonstration. «Il y a un mouvement très dur dans la séquence qu’il ne faut pas rater. Mon sensei m’a dit qu’il savait que j’allais décrocher l’or lorsqu’il m’a vue exécuter de mouvement à la perfection.»

Lorsqu’on annonce son nom comme la gagnante de la médaille d’or dans sa catégorie, elle est surprise mais très contente. La médaille d’argent est attribuée ex aequo aux candidates indienne et sri-lankaise alors qu’une Népalaise prend la troisième place. Depuis son retour de l’Inde, Nreetika Ram Nauris s’est mis en tête d’aller plus loin. Elle veut non seulement décrocher sa ceinture noire deuxième dan mais elle veut aussi obtenir la médaille d’or au 21e championnat mondial de la Funakoshi Shotokan Karate Association qui aura lieu entre 12 et 15 décembre à Crawley, à Londres.

 Elle ne s’attend pas à un grand soutien de la Fédération ou du ministère concerné, car jusqu’ici, ils n’ont pas fait grand-chose. «Ce sera encore à nos frais sans doute.» Pour pouvoir aller au bout de son rêve, la jeune fille s’entraîne désormais quatre fois la semaine au lieu de deux.

Qu’est-ce qui différencie la compétition de kata d’un championnat régional à celle d’un championnat mondial ? Nreetika Ram Nauris réplique que les mouvements à exécuter sont les mêmes mais que l’espace et l’encadrement sont différents avec des juges experts qui veillent à tout. Donc, il faut être plus attentionné en exécutant les mouvements. Son sensei lui a d’ailleurs conseillé de faire un travail personnel en pratiquant cinq mouvements d’un kata à son réveil le matin dans sa chambre et elle le fait. Elle tient à faire ressortir que sans le soutien de ses parents, son sensei et son employeur, elle n’aurait pu hisser le drapeau mauricien aussi haut au 24e championnat d’Open karate d’Asie à Mumbai. Souhaitons que sa persévérance soit à nouveau payante.