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CAN-2019: entre Madagascar et Fleury, la double vie de Nicolas Dupuis

1 mars 2019, 13:42

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CAN-2019: entre Madagascar et Fleury, la double vie de Nicolas Dupuis

Sélectionneur de Madagascar qu'il a qualifié pour sa première CAN, Nicolas Dupuis enfile sa casquette d'entraîneur de Fleury, en quatrième division, quand la lumière internationale est éteinte. Deux ambiances, deux missions qu'il veut mener «à fond».

A Breuillet dans l'Essonne, où les joueurs floriacumois s'entraînent sur un synthétique posé entre des champs et une ligne RER, Madagascar paraît très, très loin. Et pourtant, une partie de l'avenir de la sélection malgache se joue là-bas.

Nommé à la tête des Barea (les «Zébus») en 2017, Nicolas Dupuis dirige depuis janvier le club rouge et noir avec la souplesse d'un gymnaste: un pied pour le FCF91 qui lutte pour son maintien en National 2, un autre pour Madagascar qui se prépare à jouer sa première Coupe d'Afrique des nations cet été.

«C'est le grand écart», admet à l'AFP le technicien français âgé de 51 ans. «C'est assez particulier. C'est un effort que je dois faire, mais je le fais volontiers parce qu'il s'agit d'un club à part, avec énormément de potentiel.»

Une telle position à ce niveau-là, c'est improbable. Pourtant, tout s'est passé de manière «naturelle», selon le président Pascal Bovis, qui connaît bien 'l'Ile rouge' et a accepté l'emploi du temps spécial de l'entraîneur, ce que n'auraient peut-être pas fait des clubs de l'étage supérieur.

Madagascar en priorité

«On cherchait quelqu'un avec la mentalité du club, qui puisse s'inscrire dans la durée. Il fait beaucoup avec peu de moyens. Cela a été naturel», assure-t-il.

Après vingt ans à Yzeure, qu'il a hissé du troisième niveau régional au National, Dupuis sait mettre en marche l'ascenseur, dans lequel Fleury, 2e en 2017 et 4e en 2018, espère vite monter. Mais sa tâche aujourd'hui reste le maintien, après que le club a plongé dans la zone de relégation... avec, en même temps, la préparation de la CAN pour «Mada».

«Les choses sont claires avec le président Bovis: c'est Madagascar en priorité», décrit le coach. «Mais, avec Fleury, on a des ambitions. Je suis à fond derrière Fleury et Madagascar, je fais les deux.»

Mais pour avoir un oeil quotidiennement sur Antananarivo et Fleury, séparés de 9.000 km, cela demande du temps. «On a la chance de s'entraîner le matin. Dès que je rentre à la maison, je suis orienté Madagascar. Je divise mes journées en deux», explique Dupuis.

La CAN, c'est loin

Quand il doit s'envoler pour l'océan Indien, son club doit faire sans lui: «Ce n'est pas parce qu'il n'est pas là quelques jours que c'est un problème», assure le président essonnien, qui préfère se concentrer sur les bénéfices de la situation: «Il reste sur la scène internationale, il a des contacts en Afrique, un continent de foot! C'est très bien pour lui, pour nous et pour la sélection.»

«Quand il est arrivé, il a mis tout de suite les points sur les i, en disant que tout ce qui se passe avec la sélection, ça reste avec la sélection, et tout ce qui se passe avec le club, ça reste entre nous. Il en parle jamais (de la sélection)», explique l'attaquant francilien Farid Beziouen, pour qui l'effet Dupuis opère plutôt sur le jeu: «Il veut jouer, bien jouer et harceler l'adversaire. Ca se passe très bien.»

A Breuillet, on peut finalement deviner Madagascar: en plus de ses idées, Dupuis a emmené avec lui un international malgache, Zotsara Randriambololona, dit «Zout», venu d'Anvers en D1 belge. 

«Le coach est le même ici que là-bas!», assure le milieu. «Quand je vais arriver en sélection, ils vont bien me chambrer parce que j'ai rejoint le coach, je suis le fils, ils vont inventer plein de choses!»

«Il faut se servir de mon statut, que cela serve au club et aux joueurs. Il y en aura d'autres (Malgaches), dans un équilibre», renchérit l'entraîneur. Entre «Zout» et le coach, «on ne parle pas trop de la CAN, c'est encore loin», dit Zout. «Chaque chose en son temps!»