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Journée mondiale de la langue maternelle: nou kreol pé tras so ti simé

25 février 2019, 00:00

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Journée mondiale de la langue maternelle: nou kreol pé tras so ti simé

Jeudi 21 février, on célébrait la Journée mondiale de la langue maternelle. L’occasion de se pencher sur notre kreol. Est-il vraiment parvenu à se faire une place au soleil en classe, dans les foyers ? Est-il reconnu à sa juste valeur ? Nou al get enn kout.

«Nous avons l’impression que plus de parents parlent le français ou l’anglais à leurs enfants mais c’est faux.» Le ton est donné. Arnaud Carpooran, doyen des facultés des sciences sociales et sciences humaines, est catégorique. Notre kreol gagne du terrain. Et, si l’on en croit les statistiques, il n’y a que 5 % de la population mauricienne qui ne parle pas la langue maternelle.

On est bien loin donc de la mentalité «look at crabe», comme le chantait jadis Marie Josée Clency dans son séga «Repran mo mari»… Même si nos parlementaires, eux, sont frileux à l’idée de s’exprimer dans notre langue maternelle, quitte à opter, parfois, pour de l’Engliss potiss…

N’empêche, ailleurs, le kreol est une langue plus que jamais vivante et populaire, affirment haut et forts les experts. Quid du fait qu’elle soit souvent associée à une certaine forme de «vulgarité» ? Selon le linguiste Dev Virahsawmy, il y a les quatre « fondamentaux; parents, profs, prêtres, politiciens. «Ils font tous la même erreur. On peut être vulgaire en n’importe quelle langue

Il est d’avis que les parents qui ne communiquent qu’en langues étrangères avec leurs enfants, les embrouillent inconsciemment. «Notre langue a gagné du terrain. On a avancé à une vitesse extraordinaire. Le kreol morisien est enseigné dans les établissements primaires et secondaires. Comme elle a été établie en 2012, les enfants de grade 8 font du kreol au collège aujourd’hui. Il y a des cours de kreol à l’université.»

Audrey Tailler fait pourtant partie des parents qui privilégient le français à la maison, l’anglais étant le principal medium d’enseignement à l’école, alors que le kreol est parlé «partout». Elle est d’avis que les trois sont parfaitement compatibles. Et, plus un enfant est jeune, plus il assimile les langues facilement, alors pourquoi ne pas en parler plusieurs ?

Stena Ahwane a également son avis sur le sujet. «Avoir le kreol comme sujet n’aide pas à grand-chose car les études se font en langues étrangères. Même les lettres ou les formulaires de la banque, par exemple, sont en anglais. Je ne suis pas contre le fait que ça soit un sujet optionnel. Mais étant parent d’un bébé, je préférerais qu’il parle le français à la maison. Plus de pratique permet à l’enfant de mieux maîtriser la langue. L’anglais et le français sont davantage utilisés et la pratique servira tôt ou tard. Néanmoins, je ne trouve pas que le kreol est grossier. Ça dépend des mots qu’on utilise. C’est notre culture, il n’y a pas de quoi en avoir honte, loin de là.»

Autre lieu, autre point de vue. «Nous parlons kreol, mais beaucoup ne savent pas l’écrire. On ne peut pas dédaigner notre langue maternelle car en faisant cela, nous rejetons notre culture. Le kreol morisien est une langue géniale, ce n’est vulgaire en rien. Beaucoup pensent que l’anglais et le français seraient utiles à l’avenir pour leur enfant. Me pli fasil pou itiliz kreol pou exprim ou parski, an tan ki Morisien, nous konpran li fasil.»

Apré tou, nou kreol souper, non ?