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Daniel Labonne: «Kaya est un artiste universel»

23 février 2019, 12:03

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Daniel Labonne: «Kaya est un artiste universel»

«Je ne suis surtout pas un has been.» C’est de cette manière que Daniel Labonne revendique son statut de créateur artistique toujours en activité. Le sexagénaire affirme être en marronnage. «Le marron est en constant mouvement. Il n’est jamais au même endroit pendant très longtemps.» Daniel Labonne vit en Angleterre. «Je ne suis pas là, mais je suis présent», souligne l’artiste. Ce n’est ni un exil, ni une fuite. L’artiste précise qu’il vit des marronnages au pluriel : géographique, dramatique, linguistique ou spirituel.

L’écrivain Labonne est à son dixième ouvrage qui sera le troisième publié par la maison L’Harmattan. Il s’agit d’une série d’essais sur le rôle de l’artiste dans une société en développement. En 2014, le dramaturge avait sorti une pièce qui s’intitule LAFIMELA. Dans l’une des premières pages du livre, on trouve ces lignes «En mémoire de Kaya». L’ouvrage est une pièce autour du mystère de la fumée. Le personnage principal est un mélange de Kaya et de John Lennon.

L’écrivain voue une grande admiration au seggaeman. Il lui avait rendu cet hommage poétique quinze ans après sa mort. «Kaya est un poète universel qui dépasse les frontières de Maurice.» Daniel Labonne explique son avis : «La justesse des textes de Kaya, les thèmes qui y sont abordés, la poésie qui s’en dégage font du chanteur un artiste exceptionnel.»

Il estime que les écrits de Kaya doivent provoquer une réflexion au sein de la société. «C’était un élu de la terre ignorant son réel pouvoir. Il s’est approprié la langue au nom du peuple en l’arrachant des griffes des intellectuels et des politiques.» Cette connaissance approfondie de l’œuvre de Kaya révèle que dans ses marronnages, Labonne n’est jamais très loin du pays et de ses réalités.

Doctorat à l’université de Londres

Dans les années 70, commence, pour Daniel Labonne, le marronnage. Le comédien du théâtre de l’ACOI, la troupe menée par Denis Julien, homme de théâtre français établi à Maurice, est invité aux États-Unis dans le cadre d’une mission de coopération. Quand il rentre, il devient prof de Kreol et de français pour les étrangers s’installant à Maurice. Puis, en 1979, Daniel Labonne et sa famille émigrent en Côte d’Ivoire. Il y reste plusieurs années. De sa base ivoirienne, le professionnel travaille dans, au moins, quinze pays d’Afrique.

Par la suite, le Mauricien s’en va en Angleterre. Là, le marronnage prend la forme des études : doctorat à l’université de Londres et diplôme en management des arts de la scène. Toutefois, pendant toutes ces années, Daniel Labonne poursuit son travail artistique. Le comédien évolue. Il devient dramaturge, metteur en scène, poète et essayiste. Il écrit et monte un opéra créole Cap sur Maurice, Papa Laval, avec représentations à Avignon en 2004 et à Paris en 2010.

Puis, le dramaturge prend le dessus. Labonne écrit davantage. Et l’année dernière, pour la première fois, il permet à une tierce personne de monter une de ses œuvres. La pièce Le Neveu est mise en scène par Gaston Valayden. Un gage de confiance en son vieux compagnon de ses débuts au théâtre au sein du 2nd Tamil Scouts.

Aujourd’hui, Daniel Labonne s’oriente vers la recherche. «Il faut bien étudier en profondeur les fondements du théâtre et les fonctions de cet élément culturel essentiel dans le développement d’un pays.»

L’artiste continue son marronnage. Il n’est pas près de s’arrêter. Le mouvement, c’est la quête de la liberté absolue. «Je bouge, donc je suis», dit-il.