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Seggae music: la voix de ceux qui sont «lor bor koltar»

21 février 2019, 20:38

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Seggae music: la voix de ceux qui sont «lor bor koltar»

Ras Natty Baby «pran li normal». «On ne m’a pas demandé de participer au concert hommage à Kaya.» Dans un sourire, il lance : «je suis le vilain petit canard de la famille». Avec une pointe d’ironie, l’homme à la «Nouvel vision» souligne : «Je ne fais pas la promotion du seggae juste en février. Je vis le seggae tous les jours. Quand on fait cela, c’est comme rendre hommage à Kaya tous les jours.»

Sous son bonnet, cela ne lui a pas échappé que beaucoup ne s’arrêtent qu’à ce que Kaya a chanté. Une tendance à réduire le seggae, qui oublie que cette musique «a avant tout une philosophie». Des fondements qui, si on les respecte, expliquent pourquoi «aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup d’artistes qui font du seggae».

Pour Ras Natty Baby, le seggae, c’est avant tout une «music of protest». Une musique née après l’Indépendance, au sein d’une «nation souveraine, où une partie de la population s’est retrouvée lor bor koltar». Des citoyens qui dans la Constitution sont classés comme faisant partie de la population générale, «sans perspectives d’avenir», affirme Ras Natty Baby. Une situation qui crée des frustrations, auxquels il fallait une porte de sortie. «Le seggae, c’est une protestation, pour réveiller les consciences. Faire entendre la voix des sans voix.»

Percy Yip Tong, producteur, réaffirme, pour sa part, que «Kaya reste le père du seggae. Celui qui le premier a composé et mis sur bande cette musique». Il souligne que l’artiste a laissé des textes qui ont une «force, une poésie en langue créole». Sur un ton énigmatique, il ajoute : «Ce sont des textes faciles à comprendre, mais personne ne les a compris encore». Des textes qui datent de plus de 30 ans qui sont «encore plus valables aujourd’hui qu’à l’époque à propos de la situation économique et sociale».

De son côté, Bruno Raya estime qu’il est temps que le seggae «soit reconnu comme il faut». Le chanteur est de ceux qui demandent que la date d’anniversaire de Kaya, soit le 10 août, soit décrétée seggae music day. Cette musique est née après l’Indépendance, à ce titre, c’est une musique 100 % mauricienne. Mélange du reggae et du séga, comme Kaya le chante : «Pa laont pou dir li enn batar.» Artiste devenu organisateur de concert, Bruno Raya est le promoteur du festival Seggae Zwe. La troisième édition se tiendra le 8 juin.