Des émeutes ont éclaté hier soir à la suite de la mort dans une cellule du centre de détention Alcatraz, aux Casernes centrales, de Joseph Reginald Topize, dit Kaya, âgé de 39 ans. De 20 h 30 à 21 h 10 hier, trois postes de police, ceux de Rose-Hill, de Beau-Bassin et de Roche-Bois, ont été saccagés.

Le premier incident s'est produit vers 20 h 30 devant le siège du Mouvement républicain (MR), à Rose-Hill, plus précisément lorsque des policiers sont venus récupérer la dépouille de Kaya. Cela faisait suite à une demande de la veuve de l'artiste qui, dans une déposition consignée plus tôt, avait réclamé une contre-autopsie.

A l'arrivée des policiers, une foule d'environ 200 personnes devait se montrer très hostile à cette démarche. Une personne dans la foule a lancé à l'encontre des policiers : "Bisin touye zotte". Sur ce, les policiers ont fait l'objet d'un jet de pierres. Ils sont alors allés chercher refuge au poste de police de Rose-Hill.

Après leur forfait, les saccageurs ont mis le cap sur le poste de police de Beau-Bassin. Ils y ont lancé des pierres, endommageant les voitures de police ainsi que d'autres véhicules qui étaient garés sur le 'Taxi Stand".

Sur leur passage, les manifestants ont renversé un tricycle, bloquant ainsi la route. Le tricycle a ét é enlevé par des éléments de la Spécial Supporting Unit (SSU). Ils ont dû faire feu sur les manifestants afin de les disperser. Aucune arrestation n'a toutefois été effectuée.

Aussitôt la petite foule de manifestants dispersée, les éléments de la SSU ont été appelés à se rendre immédiatement à Roche-Bois.

Du côté du poste de police de Rose-Hill, du renfort a également été sollicité. Des éléments de la force régulière de Quatre-Bornes, Bambous et Rivière-Noire sont venus prêter main forte à leurs collègues. Les opérations sont placées sous la direction du surintendant Ayave Narainen. De sources policières, "l'express" a appris qu'une forte mobilisation des différentes unités polices se préparait hier vers 23 heures.

D'autre part, en couvrant les émeutes à Rose-Hill, un photographe de "l'express" a été agressé. Il a dû recevoir des soins à l'hôpital Victoria, à Candos. Son matériel a été endommagé. Un autre photographe a été blessé à Roche-Bois alors qu''l voulait fixer sur pellicule les incidents.

Quelque cent personnes ont pris d'assaut le poste de police ont été incendiés. Du gaz lacrymogène a été utilisé pour repousser la foule, qui grossissait au fil des minutes. La police a dû barrer la route menant vers l'autoroute du Nord par mesure de sécurité.

Vers 22 h 30, une foule de quelque 1 500 personnes, la plupart des jeunes, manifestait sa colère contre les forces de l'ordre à Roche-Bois. L'événement a attiré pas mal de personnes, qui préféraient assister à la scène de loin.

Ces jeunes étaient armés de pierres, entre autres. Pour se protéger contre l'effet de gaz lacrymogène utilisé par la police, ils se sont couvert le visage de mouchoirs humidifiés. A Roche-Bois, on n'acceptait pas la thèse que la mort du chanteur soit due à des coups qu'il se serait lui-même infligés. Dans la foule, on ne manquait pas de faire allusion à de récents cas de brutalité policière alléguée. On citait, entre autres, les cas d'Eddy Labrosse et de Steeve Travailleur. Ce dernier est décédé en 1995 dans une cellule au poste de police d'Abercrombie. Eddy Labrosse est, lui, mort en 1994 après son arrestation à Bois-Pignolet. Les policiers concernés par le cas Labrosse ont été acquittés en 1996.

Au moment où nous mettions sous presse, quoique quelque peu calmée, la situation restait préoccupante à Roche-Bois.

D'autre part, contacté hier soir par "l'express", le Premier ministre, M. Navin Ramgoolam, a lancé un appel au calme. Il a aussi dit regretter les incidents d'hier car selon lui, la violence ne mène à rien. Le gouvernement fera tout pour faciliter la démarche des parents de Kaya afin qu'aucun doute ne subsiste concernant le décès du chanteur, at-il assuré.