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Le "seggaeman" Kaya meurt dans une cellule à Alcatraz

19 février 2019, 14:26

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Le "seggaeman" Kaya meurt dans une cellule à Alcatraz

Détenu depuis jeudi, le chanteur Joseph Réginald Tobize, dit Kaya, est mort hier matin d'une fracture du crâne dans sa cellule au centre de détention Alcatraz, aux Casernes centrales.

Le seggaeman Kaya, de son vrai nom Joseph Reginald Topize, âgé de 39 ans, est décédé hier dans une cellule du centre de détention Alcatraz, aux Casernes centrales, à Port-Louis. Le Dr Baboo Harish Surnam, médecin légiste, qui a pratiqué l'autopsie à l'hôpital Victoria, à Candos, a attribué le décès à une fracture du crâne résultant de blessures à la tête (Fracture of skull following head injuries).

De la morgue de l'hôpital Victoria, le corps du chanteur a été acheminé jusqu'au siège du Mouvement républicain (MR), à la rue Dr Maurice Curé, ex-Edward VII, à Rose-Hill.

Les proches du défunt ne sont pas satisfaits des raisons avancées officiellement concernant le décès de Kaya. La veuve du chanteur, Mme Véronique Topize, a demandé l'ouverture d'une enquête sur le décès de celui-ci, dans une déposition consignée hier vers 18 heures au poste de police de Rose-Hill. Elle a déclaré, en présence de ses hommes de loi, dont Me Mario Hélène, qu'elle trouve douteuses les conditions du décès de son époux (Suspected Foul Play).

Contre-autopsie demandée par la veuve

Dans sa déposition, Mme Topize souligne avoir pris des dispositions pour que le corps de son mari soit contre-autopsié par un médecin du privé. La contre-autopsie sera effectuée par le Dr Jean Pierre "Ramstein, de l'île de la Réunion.

Celui-ci était aux côtés du Dr Ramesh Modun le 21 juillet 1994, lors d'une contre-autopsie du corps de lady Marie Thérèse Kathleen Bacha et de son fils Lamesh Shankar Bacha, dit Popo. Ils étaient tous deux morts brûlés lors de l'incendie le 6 juin 1994 de leur demeure, à Quatre-Bornes.

Par ailleurs, en raison des doutes exprimés par les proches de Kaya, ses funérailles n'auront probablement pas lieu aujourd'hui. Elles auront lieu après la contre-autopsie souhaitée par ses proches. A la suite de ces examens, le corps du défunt sera exposé chez ses proches, à Roche-Bois. Le MR se propose de lui offrir un enterrement grandiose.

Lors d'un point de presse hier après-midi, leader du MR, M. Rama Valayden, qui rentrait d'une visite à Rodrigues, a demandé que le corps du défunt soit déposé à la morgue de l'hôpital du Nord.

Le leader du MR a aussi exigé la suspension immédiate des policiers qui étaient de service au moment de la mort du chanteur. Il a également demandé à rencontrer le Premier ministre, M. Navin Ramgoolam, et le commissaire de police par intérim, M. Premduth Gooljar, concernant cette affaire.

M. Valayden a soutenu que les conditions de la mort de Kaya sont quelque peu douteuses. Au cas où les démarches en vue d'obtenir tous les détails au sujet du décès du chanteur n'aboutissent pas, le MR sollicitera dès ce matin l'intervention d'un juge en référé, at-il ajouté.

Il estime que le chanteur a été victime d'une mauvaise interprétation de sa demande pour la dépénalisation de la consommation du gandia.

Fonds de solidarité

Le leader du MR a également annoncé la création d'un fonds de solidarité en vue de venir en aide à la veuve et aux deux enfants de Kaya.

Il a aussi promis de mener la vie dure à toutes les personnes qui ont faussé le débat au sujet de sa proposition.

M. Valayden trouve injuste que le consommateur d'un pouliah de gandia doit verser une même caution qu'une personne trouvée en possession de matières susceptibles de fabriquer une bombe.

Mobilisation policière

D'autre part, à la demande de M. Jean Claude Sungeelee, responsable des effectifs de la police pour les districts des Plaines-Wilhems et de Rivière-Noire, des éléments de la Spécial Supporting Unit et de l'Emergency Response Service sont mobilisés à Rose-Hill depuis hier afin de parer à toute éventualité.

D'autre part, tandis que des haut-parleurs diffusaient les chansons de Kaya, certains parmi la petite foule venue lui rendre un dernier hommage s'interrogeaient sur sa mort. Des mouvements de sympathie se sont également constitués à Beaux-Songes, où habitait le chanteur, et à Roche-Bois, où résident ses parents. L'un de ses proches devait affirmer n'avoir été informés de sa mort qu'en venant lui rendre visite hier matin à Alcatraz.

Kaya avait été arrêté et était détenu depuis jeudi dans une cellule à Alcatraz dans le cadre d'une enquête policière sur les personnes qui avaient fumé du gandia mardi dernier, lors d'un meeting du MR.

Des articles de presse avaient précédemment fait mention du fait que la police n'avait rien fait pour interpeller les fumeurs de gandia à ce rassemblement. Dans les milieux de la police, on souligne qu'aucune arrestation n'avait été effectuée le jour de la fête de crainte de provoquer une émeute.

Enquête de David Shattock réclamée

<p>Le leader du Parti mauricien Xavier-Duval, M. Xavier-Luc Duval, demande au conseiller spécial du Premier ministre pour la police, M. David Shattock, d&#39;ouvrir une &quot;enquête approfondie&quot; sur les circonstances entourant la mort du chanteur Kaya.</p>

<p>M. Duval souligne que si Kaya n&#39;a pu obtenir sa libération c&#39;est parce que &quot;celui-ci n&#39;avait le moyen financier pour obtenir sa remise en liberté&quot;. Pour lui, cela remet en question toutes les procédures entourant le Bail Act.</p>

<p>&quot;Kaya a été arrêté pour avoir consommé du gandia alors que des gens qui sont arrêtés pour des délits plus graves se font relâcher car ils ont de l&#39;argent&quot;, a-t-il dit.</p>

<p>Tout en insistant sur le fait qu&#39;il est contre la dépénalisation, M. Duval, s&#39;est dit solidaire avec la famille de Kaya. D&#39;autre part, il se dit prêt à offrir son aide au Mouvement républicain (MR)&quot;pour faire connaître la vérité&quot;.</p>

<p>Depuis vendredi les membres du MR ont procédé à une quête pour pouvoir payer la caution du chanteur, la famille n&#39;ayant pas le moyen financier pour le faire.</p>

<p>C&#39;est vers 16 h 30 que la dépouille mortelle de Kaya est arrivée au bureau du MR, à la rue Dr Maurice Curé, à Rose-Hill, non loin où s&#39;était tenu le concert de mardi dernier sur la dépénalisation du gandia.</p>

<p>Le chagrin se lisait sur les visages des fans du chanteur, réunis au siège du MR pour accueillir la dépouille mortelle. Ces derniers ont alors rendu, à leur façon, un hommage à leur &quot;Roi Kaya&quot;. Ils ont diffusé les chansons de Kaya.</p>