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Commission Caunhye: l’ex-présidente se défausse et enfonce Appadu et Me Mohamed

12 février 2019, 22:51

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Commission Caunhye: l’ex-présidente se défausse et enfonce Appadu et Me Mohamed

Trente-six pages lues devant les juges Asraf Caunhye, Nirmala Devat et Gaytree Jugessur-Manna, hier, lundi 11 février. Et, un autre document, qu’elle a déposé et qui fait état de sa chronologie des évènements, dont l’affaire Platinum Card, révélée par l’express le 28 février 2018.

Telle est la riposte d’Ameenah Gurib-Fakim aux propos des différents protagonistes qui se sont succédé devant la commission Caunhye. Principalement, Dass Appadu, ex-secrétaire à la présidence, qu’elle dit connaître depuis qu’elle a rejoint la fonction publique en 1978, en tant que clerc, mais aussi Me Yousuf Mohamed, son ancien avocat.

Assise sur une chaise, dans le box – contrairement aux autres témoins qui y ont défilé au fil des sessions, dans la salle n°4 de la Cour suprême – l’ex-cheffe de l’État à la retraite, comme elle l’a précisé elle-même en prêtant serment, a livré un oral de plus d’une heure et quart. Avec, pour seules interruptions, les fois où elle avalait une gorgée d’eau.

D’abord, concernant Dass Appadu, elle a déclaré que ce dernier ne pouvait se dissocier du Planet Earth Institute (PEI) car «il m’accompagnait souvent en mission, participait à toutes les réunions et prenait des notes. Il était au courant de toutes les discussions». Concernant les demandes de licences pour le compte des sociétés d’Álvaro Sobrinho, Ameenah Gurib-Fakim a affirmé : «Je n’ai jamais demandé à Dass Appadu de s’en enquérir auprès des institutions.» D’ailleurs, «c’est Dass Appadu qui organisait les déjeuners tenus à la State House avec l’ex-Chief Executive Officer de la Financial Services Commission Padassery Kuriakose Kuriachen, entre autres déjeuners».

Elle a aussi avancé ne jamais avoir refusé les conseils du secrétaire à la présidence d’alors, comme ce dernier a voulu le faire croire. Si elle admet que le transfert du haut fonctionnaire a été une surprise pour elle et qu’elle a donné son accord à la lettre écrite par celui-ci et adressée au Premier ministre pour lui demander d’annuler cette décision, elle affirme qu'il n’est pas pour autant vrai de dire qu’elle était désespérée par ce départ.

Concernant l’offre d’emploi que Dass Appadu a acceptée de Vango Property Ltd, Ameenah Gurib-Fakim a affirmé qu’à aucun moment, elle n’a décidé de l’évolution de carrière de ce dernier. Ameenah Gurib-Fakim a aussi soutenu qu’elle ignorait que ce dernier conduisait une Jaguar et qu’elle l’a appris par la suite des employés de la State House.

«Tactically you can»

L’ex-présidente a aussi nié avoir eu des «long walks» sans garde du corps en compagnie d’Álvaro Sobrinho dans le jardin de la State House, comme l’a mentionné Dass Appadu dans son affidavit. «J’invitais les convives à visiter le jardin mais c’est faux de dire que j’y allais seule. C’est une déformation de la vérité. Ce ne sont que des palabres. J’étais toujours accompagnée des gardes du corps.»

Elle a aussi démenti être à l’origine des demandes pour l’accès VIP à l’aéroport pour Álvaro Sobrinho et son entourage. «Aucune requête n’est passée à mon bureau. La seule fois que j’ai fait une demande, c’était dans le cadre du lancement de PEI à Maurice.» Ajoutant que la première fois qu’elle a eu vent des correspondances entre la State House et le secrétaire au cabinet à ce sujet, c’était lorsqu’elle a été interrogée par la commission anticorruption. «Je ne connaissais même pas quelques-uns de ceux présentés comme des special guests de la présidente, comme José Pinto. J’ai appris cela devant la commission.»

Par rapport à Me Yousuf Mohamed, l’ex-présidente a réitéré le fait qu’elle n’aurait jamais institué de commission d’enquête sans l’avis de celui-ci, son avocat d’alors. «Je n’aurais jamais institué une commission d’enquête si Yousuf Mohamed ne m’avait pas conseillé, je cite, ‘No, you cannot, but tactically you can. Go ahead’.»

L’ex-présidente a aussi démenti d’autres propos de Yousuf Mohamed devant la commission, à l’effet qu’elle lui avait remis des documents concernant des anciens présidents de la République. «C’est lui qui m’a demandé si j’avais des ‘documentary evidence’ sur eux. Ce qui était disponible au registry de la State House.»

Par ailleurs, Ameenah GuribFakim n’a pas manqué de faire ressortir qu’au départ, elle n’était pas au courant que Mauricio Fernandes, le partenaire en affaires de l’ex-banquier Sobrinho, était, depuis avril 2015 (avant qu’elle ne devienne présidente de la République un mois plus tard, a-t-elle précisé), en contact avec le ministère des Services financiers et celui de la Technologie de la communication et de l’innovation. Ici, Ameenah Gurib-Fakim a cité le nom d’Akilesh Deerpalsingh, conseiller de Roshi Bhadain, et celui de Rudy Veeramundar, Senior Adviser et directeur de communication au bureau du Premier ministre, qui rappelle-t-elle, a juré un affidavit, disponible en ligne, dans lequel il donne sa version des faits d’une réunion présidée par l’ex-ministre Bhadain, à son bureau, le 6 août 2015. Réunion au cours de laquelle Álvaro Sobrinho et des membres de sa délégation ont fait une présentation sur leurs projets d’investissements à Maurice.