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Rivière-Noire: Les Salines de la discorde

9 février 2019, 00:30

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Rivière-Noire: Les Salines de la discorde

Dimanche dernier, le rassemblement de Rezistanz ek Alternativ aux Salines de Rivière-Noire pour marquer le Wetlands Day aux Salines, a tourné court quand les manifestants ont été confrontés aux villageois.

Cela fait plusieurs mois maintenant que les développements hôteliers dans la région de Rivière-Noire déchaînent les passions sur les réseaux sociaux et par presse interposée. C’était, selon les dires des uns et des autres, une confrontation verbale assez vive qui a eu lieu entre les habitants du village et les membres de Rezistans ek Alternativ. Si bien que dimanche, ce parti de gauche a décidé de mettre fin prématurément à son rassemblement.

Destruction possible

Ce qui oppose une partie du village à Rezistans ek Alternativ ce sont les projets hôteliers dans la région des Salines de Rivière-Noire, notamment le futur hôtel du groupe Beachcomber, qui a obtenu son permis d’Environnemental Impact Assessement (EIA) depuis décembre dernier. Ce qui inquiète Rezistans ek Alternativ c’est la perte de ce qu’il appelle le Wetland 76 dans la région des Salines.

Rezistans ek Alternativ a même prévu de saisir la justice pour empêcher les travaux, qui, selon ce parti, «détruiront le Wetland». Pour étayer leurs positions, les membres de ce parti ont recouru à des experts étrangers pour démontrer l’importance des Wetlands. Par rapport à l’échange verbal de dimanche dernier, Rezistans ek Alternativ déclare, dans un communiqué, que «les militants de Rezistans ek Alternativ ont reçu des menaces, même personnelles». Ce parti précise avoir porté plainte à la police. Il explique aussi que «Rezistans ek Alternative comprend la frustration et la colère car Rivière-Noire est la région où les violences résultant des inégalités sont les plus visibles». Ce parti «tient à dire à ces personnes de ne pas se tromper de combat» et qu’ils se battent «non seulement pour les travailleurs mais aussi pour les générations futures.»

Du côté des villageois, pour ceux ayant empêché la présence des membres de ce parti du gauche à Rivière Noire la semaine dernière, la raison est simple : il faut développer le village. Pour eux, après plusieurs rencontres avec le groupe hôtelier Beachcomber, ils ont compris que ce nouvel hôtel est une aubaine pour eux. Au cours des différentes rencontres avec les représentants de l’hôtel, de l’emploi, et des aides sociales leur auraient été promis, eux qui se sentent abandonnés par les autorités dans une région en plein boom. «C’est une chance que nous ne laisserons pas passer. Le village ne peut rester en marge du développement», fait-on valoir.

Mais les acteurs du village n’accepteront pas tout sans broncher. Ils ont déjà brandi la menace de protestations contre d’autres projets hôteliers qui sont censés voir le jour dans la région car les forces vives du village n’ont pas été consultées avant l’obtention de leur permis EIA, «qui ne tient pas compte de l’impact social de leur projet sur le village».

Dans une communication à la presse, le groupe Beachcomber, a, en marge de son job fair du 16 février prochain, mis en avant le fait que l’ouverture des Salines Beachcomber Resort & Spa contribuera à la création de «plus de 600 emplois directs et 2 000 emplois indirects» dans les villages avoisinants. En affirmant aussi qu’un «ambitieux plan social et environnemental a déjà été élaboré, en collaboration avec les forces vives. Certains éléments du plan ont déjà été appliqués, notamment l’octroi de bourses d’études universitaires à 15 jeunes de la localité, une formation aux skippers, le parrainage des activités culturelles et sportives, l’organisation d’une campagne conjointe avec le Kolektif Rivier Nwar pour une meilleure sécurité routière. Plusieurs autres initiatives seront appliquées au cours des deux prochaines années pour répondre aux souhaits et aux besoins de la communauté et des ONG engagées sur le terrain.» Le groupe hôtelier a aussi rappelé son engagement en faveur de l’aménagement d’un nouveau Wetland.