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Le pape décoiffe les Emirats avec une messe inédite en plein air

5 février 2019, 10:00

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Le pape décoiffe les Emirats avec une messe inédite en plein air

Le pape termine mardi sa visite historique aux Emirats arabes unis par une messe en plein air, de quoi décoiffer un pays qui tolère la pratique de la foi chrétienne à condition qu’elle reste discrète.

François, fidèle à son volonté de montrer la proximité de l’Eglise jusqu’aux périphéries de la planète, vient saluer presque exclusivement des travailleurs immigrés, dont une écrasante majorité de Philippins et d’Indiens.

Lui-même fils d’immigrés italiens ayant grandi dans une Argentine multiculturelle, Jorge Bergoglio est toujours très sensible aux difficultés des personnes déracinées de leurs pays.

Les Emirats comptent une population composée à plus de 85% d’expatriés. Les ressortissants originaires de pays asiatiques constituent environ 65% de cette population et ils sont employés dans tous les secteurs, du bâtiment aux services en passant par l’hôtellerie.

Environ un million de catholiques vivent aux Emirats arabes unis, soit près d’un habitant sur dix. Le pays compte le plus grand nombre d’églises catholiques de la région, avec huit.

Mardi, plus de 2.000 bus transporteront gratuitement des fidèles de tout le pays jusqu’à Abou Dhabi pour la messe prévue à 10H30 locales (6H30 GMT).

Quelque 135.000 fidèles ont reçu le précieux sésame pour entrer à l’interieur du «Zayed Sports City», le plus grand stade des Emirats, mais beaucoup d’autres se masseront à l’extérieur pour une brève vision de François debout dans sa «papamobile».

Selon les médias locaux, ce rassemblement devrait être le plus important jamais organisé dans le petit pays du Golfe.

Avant son homélie dans le stade, le pape fera en outre une halte matinale à la cathédrale Saint-Joseph, à Abou Dhabi.

 Minorités discriminées 

Dans ce pays observant un islam plus modéré que ses voisins, la présence de lieux de culte chrétiens fréquentés par des étrangers est tolérée, à condition que ces derniers restent discrets et évitent le prosélytisme.

Aucune célébration ne peut toutefois être faite publiquement et la messe de mardi revêt à cet égard un caractère exceptionnel. Les très rares chrétiens locaux sont pour leur part obligés de pratiquer leur foi en secret dans ce pays où quitter l’islam est puni de mort.

Les Emirats ont toujours cherché à projeter l’image d’un pays ouvert et tolérant, même si ce pays pratique une politique de «tolérance zéro» à l’égard de toute dissidence et notamment celle des adeptes de l’islam politique incarné par les Frères musulmans.

L’Arabie saoudite voisine, royaume ultra-conservateur, ne compte il est vrai que des mosquées et interdit toute autre pratique religieuse que celle de l’islam.

Le pape François, dans un long discours lundi devant des responsables de toutes les religions, a encouragé les Emirats arabes unis à «poursuivre son chemin» garantissant la liberté de culte, évoquant «un carrefour entre Occident et Orient».

Dans le même temps, le pape jésuite a insisté sur l’impératif de «la liberté religieuse», qui doit aller au-delà de la simple liberté de culte. Il a également demandé pour l’ensemble du Moyen-Orient «le même droit à la citoyenneté» pour les personnes «de diverses religions».

Le pape et le grand imam d’Al-Azhar ont ensuite condamné ensemble toute discrimination contre les minorités religieuses et appelé à la fraternité, dans un document sans langue de bois cosigné lundi soir.

Toute la journée, le pape François, vêtu de blanc, et le grand imam sunnite de l’institut égyptien Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, en noir, s’étaient montrés ensemble fraternellement, côte à côte devant la grande mosquée Zayed --l’une des plus grandes de la planète--, puis s’embrassant sur la même tribune de la conférence interreligieuse, bombardée par une pluie de feuilles d’olivier.

Les deux leaders religieux ont publié un texte appelant en particulier à la liberté de croyance et d’expression, à la protection des lieux de culte et prônant audacieusement une pleine citoyenneté pour les «minorités» discriminées.

Leur appel commun ne va toutefois pas jusqu’à admettre le droit à ne pas adhérer à une religion, dressant même un surprenant parallèle entre «l’extrémisme athée et agnostique» et «l’intégrisme religieux».