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Samuel Yeung Hah Tong: «Les Credits seulement ne font pas la qualité de l’éducation

2 février 2019, 20:47

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Samuel Yeung Hah Tong: «Les Credits seulement ne font pas la qualité de l’éducation

À 76 ans, Samuel Yeung Hah Tong s’intéresse toujours au secteur éducatif. L’ancien recteur du Victoria College est contre le critère des quatre «Credits» pour accéder au HSC.

Il ne comprend pas la décision du ministère de l’Éducation d’exiger quatre Credits aux examens de School Certificate (SC) des collégiens voulant accéder aux classes de Higher School Certificate (HSC). «C’est un recul de plus de 50 ans. On est renvoyé à l’époque du Qualifying Test. À l’époque coloniale, on devait passer un examen en anglais pour avoir le droit de s’inscrire en SC», déclare Samuel Yeung Hah Tong.

Pour l’enseignant d’expérience, «d’un point de vue pédagogique, un nombre élevé de Credits dans l’éventail restreint des sujets offerts ne veut pas dire grand-chose. Les Credits seulement ne font pas la qualité de l’éducation ». Il estime que les autorités devraient introduire dans le secondaire les matières dites techniques vers lesquelles sont orientés les élèves n’obtenant pas le nombre de Credits requis pour accéder au HSC.

Ce critère de quatre Credits est un filtre qui interdit à de nombreux jeunes Mauriciens l’accès à des études supérieures, estime le pédagogue. «L’exigence de quatre Credits est une mesure qui réduira le nombre d’étudiants dans les universités.»

L’ancien recteur et manager du Collège Victoria est un homme amer. Le septuagénaire ne cache pas sa peine «d’avoir été dépouillé de l’oeuvre d’une vie». En effet, l’établissement rosehillien a été fermé en janvier 2018, sur ordre de la Private Secondary Education Authority (PSEA). «Pourtant, en décembre 2017, le collège avait obtenu son permis d’opérer après avoir remis à la PSEA les certificats des Fire Services, du ministère de la Santé et d’un ingénieur retenu par la direction du collège», avance Samuel Yeung Hah Tong.

Comment est-ce possible ? «Quand l’ordre est sorti, j’étais en clinique. Par la suite, je me suis rendu à la PSEA. On m’a répondu que la décision a été prise après un rapport du ministère des Infrastructures publiques.»

Nostalgique, Samuel Yeung Hah Tong se remémore les souvenirs de son passage au collège, créé par les membres de la famille Fanchette en 1953. Il a rejoint l’institution en 1960 comme jeune enseignant. Le Portlouisien, originaire de Plaine-Verte, soutient la vision que les Fanchette avaient pour le collège. Il assimile les principes inculqués par Jules et Luc Fanchette. Et quand ce dernier s’en va à l’étranger en 1966, Samuel Yeung Hah Tong est promu recteur de l’établissement. Plus tard, il en deviendra le Manager.

Prix de poésie, d’art dramatique

L’ancien recteur du Victoria College rappelle avec fierté le palmarès de l’institution dans les activités dites parascolaires. L’établissement a plus d’une fois décroché des prix lors des compétitions et concours organisés dans le cadre des célébrations de la fête nationale. Chaque année, le collège était récompensé : prix de poésie, de fresques murales, d’art dramatique, de concours d’éloquence, entre autres.

Au Victoria College, les élèves ont toujours été encouragés à s’intégrer à leur environnement et à s’intéresser aux plus démunis de la société. En témoignent les fresques murales au stade Gaëtan Duval et au Quorum pour embellir ces lieux. Le collège organisait également des visites aux pensionnaires des hospices et hôpitaux. «Au Victoria College, nous ne fabriquions pas des diplômés, nous formions des citoyens épanouis et responsables», dit Samuel Yeung Hah Tong.

À ce chapitre, les gestionnaires de l’établissement ont de quoi être fiers. Parmi les anciens du collège, on relève des noms connus : Jack Bizlall, Marie-Josée Baudot, Noël Chinapen et Yousouf Soopun, des retraités de la haute hiérarchie policière. Bruno Julie, l’unique médaillé olympique mauricien, est un produit du Collège Victoria. C’est dans cet établissement qu’il a été initié à la boxe éducative.

Samuel Yeung Hah Tong, qui a aussi été conseiller municipal du Mouvement militant mauricien à Port-Louis en 1982, préfère mettre fin à l’évocation des souvenirs. «Quand on a fermé le collège, on m’a pris une partie de ma vie. J’ai été contraint à la retraite», confie avec une note de tristesse celui qui a passé 55 ans de sa vie à former des citoyens mauriciens.