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Météo: un pays tributaire de la pluie

1 février 2019, 00:00

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Météo: un pays tributaire de la pluie

À l’heure où nous mettions sous presse hier, les parents ne savaient toujours pas s’ils allaient envoyer leurs enfants à l’école aujourd’hui, si la météo allait maintenir l’avis de pluies torrentielles. Illustration d’une difficile planification qui paralyse tout un pays, à la dernière minute.

La SMF et les pompiers n’ont pas chômé

Une trentaine d’interventions pour les pompiers et plusieurs autres pour la Special Mobile Force (SMF), pendant la journée d’hier mercredi 30 janvier. Les collectivités locales ont, elles, aussi dû mettre la main à la pâte. Avec les pluies importantes, plusieurs régions de l’île ont été affectées par les accumulations d’eau. La SMF est notamment intervenue dans les régions de L’Escalier, Anse-Jonchée et Mare-Tabac pour déblayer les drains, les ponts et les routes. Les pompiers de leur côté sont intervenus dans la région de Sodnac et Quatre-Bornes, Chemin-Grenier, L’Escalier ou encore Plaine-Magnien et La Gaulette. Ils ont aussi eu à secourir des personnes piégées dans un van à Deux-Frères et dans une maison inondée à Grand-Port. Plusieurs routes étaient encore impraticables dans le Sud dans l’après-midi, comme celle de Plaine-Champagne et la route reliant Chamarel à Baie-du-Cap qui a aussi été déblayée par la SMF. Des morceaux de bois et de la boue ont encombré la route.

À Cottage

«On est toujours traumatisé.» Les habitants de Cottage se préparaient, hier, à accueillir les grosses pluies. Une fois l’alerte de pluies torrentielles émise par la station météorologique, ils ont commencé à mettre leurs vivres dans des endroits sûrs. «Tou dimounn finn ale gard zot véikil impé lwin. Nous sommes toujours traumatisés après l’inondation de décembre dernier», affirme Vinay Dookhee, représentant des forces vives de la région.

Pour Runa Gangaram, une des habitantes, il a été impossible de fermer l’oeil de la nuit. Les villageois ont, à tour de rôle, surveillé la situation dans le village. «Sak kou nou finn al get drain si korek. Bann zanfan pe per. Sak ti tapaz zot pe geté tansion délo monté», confie-t-elle.

Le sud sous les eaux en moins de 12 heures

Même les plus anciens s’accordent à dire qu’il n’a jamais autant plu à Mahébourg et dans les régions avoisinantes. Du moins, pas dans leurs souvenirs. La station météorologique de Vacoas confirme d’ailleurs que le Sud a été le plus touché. Rien qu’à Plaisance, près de 300 mm de pluie ont été enregistrés en moins de 24 heures. Dans la nuit du mardi à hier, la pluie n’a offert aucun répit, à tel point que même les maisons en béton n’ont pas été épargnées. Les cours ont été inondées, les rues obstruées et la fourniture d’électricité a été perturbée à plusieurs reprises. Les membres de la Special Mobile Force et les pompiers sont restés à pied d’oeuvre pendant toute la journée.

À Bambous, la rue s’est transformée en une rivière en crue. Les habitants ont été contraints de rester dans leurs maisons.

Toutefois, c’était business as usual pour les commerces à Mahébourg. Tous les magasins sont restés ouverts jusqu’à leurs heures habituelles. Munis de leurs parapluies, les habitants n’ont pas hésité à faire leurs emplettes dans les supermarchés. Les différentes succursales de banques étaient bondées, comme c’est le cas tous les jours et surtout en fin de mois.

L’amitié frappé de nouveau

L’un des principaux villages du Nord a été le plus touché par les inondations de mardi. L’Amitié a été complètement pris d’assaut par la montée des eaux mardi après-midi, plongeant quelque 25 familles dans l’angoisse. Leur maison a été en partie inondée. Et à hier matin, les rues étaient impraticables. Comme en témoignent Kumari et Sony Seetohul, elles ont passé la nuit à surveiller, au cas où l’eau envahirait leur maison. Mais pas que ! Les familles touchées s’activaient à tout nettoyer hier. De plus, lors de cette inondation – la quatrième en deux ans – quatre voitures ont été emportées par les eaux. Les habitants montrent du doigt les autorités, une fois de plus, pour le manque de drains dans la région. «Nou pou bizin lev bezé kouma dan Cottage pou ki bann dépité get nou osi ?» se demandent-ils

Cet habitant de Gokoola a pris toutes ses précautions contre la montée des eaux.
Route glissante, manque de visibilité… un accident n’a pu être évité à St-Pierre.
L’eau coule de partout, y compris d’un tuyau percé dans la région de Gros-Bois.
Après la pluie, il y avait fort à faire à Bel-Ombre.

Chanceux fonctionnaires !

Les fonctionnaires ont pu quitter leur bureau à 14 heures, voire un peu plus tôt, hier, en vertu du Protocol on heavy rainfall for the public sector. Ce protocole ne s’applique toutefois pas aux employés des services essentiels. Vers 13 h 30, le ministère de la Fonction publique a demandé aux responsables des ministères, départements et corps parapublics de laisser partir les fonctionnaires selon un ordre prioritaire. Soit les personnes souffrant d’un handicap, les femmes enceintes, ceux habitant ou travaillant dans des régions affectées, ceux qui sont dépendants d’un transport pour rentrer chez eux. Un protocole qui entre en vigueur suite à une décision du National Crisis Committee (NCC). Du côté du privé, à travers un communiqué, Business Mauritius indique qu’aucune décision n’a été prise lors de cette réunion du NCC. Cependant, il a demandé aux employeurs de prendre les actions appropriées concernant l’organisation du travail au niveau de leurs entreprises. Business Mauritius a invité ses membres à prendre toutes les précautions nécessaires et à suivre l’évolution des conditions météorologiques. «L’employeur prend une décision aussi en tenant compte de l’état des lieux et la sécurité des équipements», renchérit son CEO, Pradeep Dursun.