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Monde du travail: quand la main-d’oeuvre étrangère freine la recherche d’alternative

25 janvier 2019, 01:00

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Monde du travail: quand la main-d’oeuvre étrangère freine la recherche d’alternative

La main-d’œuvre étrangère est «un mal nécessaire» face aux Mauriciens qui boudent certains emplois. Le recours à la technologie aurait pu se faire plus vite si le pays ne dépendait pas tant de ces ouvriers.

Et si les pays engagés dans la migration écono- mique décident de revoir leur stratégie, qui impacte le coût de la main-d’œuvre étrangère à Maurice ? L’île est-elle préparée à atténuer les conséquences d’un tel bouleversement ? D’autant plus que la situation actuelle ne favorise pas toujours le recours à des moyens de production alternatifs à la main-d’œuvre étrangère.

Selon les dernières données de la Banque centrale, Rs 9,3 milliards ont été transférées par les travailleurs étrangers dans leurs pays respectifs pour la période 2017-18. Celles-ci indiquent non seulement une nette implication de Maurice dans le cadre du phénomène de l’immigration économique mais également pose la question de l’impact éventuel de la trop grande dépendance à une main-d’œuvre accessible et accessoirement bon marché.

Sur la base des données actuelles, dans dix ans, le montant transféré par des travailleurs en poste à Mau- rice dans leurs pays respectifs serait de Rs 93 milliards. Un raisonnement des plus simplistes aurait indiqué que l’investissement de ces Rs 93 milliards dans des moyens de production aurait pu aider Maurice à réduire sa dépendance sur les travailleurs étrangers et le préserver ainsi de l’exode massif de devises.

Sollicité, Pradeep Dursun, Chief Operation Officer (COO) de Business Mauritius, souligne que «la présence de travailleurs étrangers sur notre solest un mal nécessaire». Selon lui, la présence d’étrangers à Maurice résulte d’une situation sociale bien réelle. Le développement économique a entraîné, dans son sillage, une amélioration des conditions de vie et, dans une large mesure, un rejet de certains métiers que les aînés des générations actuelles ont naguère pratiquées.

Pour Pradeep Dursun, le recours à la technologie aurait pu grandement se justifier si le pays n’avait pas de solution face à une pénurie dans des secteurs où le recours à la main-d’œuvre étrangère est indispensable. Or, il ajoute que si des Mauriciens ont boudé depuis longtemps des activités de certains secteurs économiques, le vide a pu être comblé par les travailleurs de ces pays qui ont fait de l’immigration économique une question de survie.

Le COO cite de nombreux cas où des entreprises ont pu arrêter une formule qui combine parfaitement la technologie, l’apport des travailleurs étrangers et la présence de travailleurs mauriciens dans des postes qui conviennent plus à leur statut social.

Quid des PME ?

Amar Deerpalsingh, président de l’Association des petites et moyennes entreprises, soutient qu’il existe une atmosphère dans le pays qui ne favorise pas l’investissement dans les moyens de production. «Les petites et moyennes entreprises n’ont pas les moyens requis pour investir dans la recherche et le développement. De plus en plus, on assiste à une migration de ces conglomérats vers le secteur des services. Ce faisant, les espaces où les petites et moyennes entreprises auraient pu se développer deviennent le théâtre d’épanouissement de ces conglomérats. Qui va investir dans des nouveaux moyens de production si les perspectives de retour sur ce type d’investissement sont quasiment inexistantes ?»

Autre élément qui, selon Amar Deerpalsingh, freinerait l’élan des opérateurs, c’est l’absence de techniciens spécialisés dans la maintenance d’équipements sophistiqués. «Dans bien des cas, il n’y a aucune coordination entre la rentrée imminente en scène de nouveaux équipements de production et la nécessité de mettre en place un programme de formation, tant pour la maintenance que pour la réparation de tels équipements. Ainsi, pour assurer de tels services, un opérateur se voit contraint de faire venir un expert, avec tous les frais associés à son déplacement.»

L’intérêt pour l’investissement dans de nouveaux équipements n’est pas le point fort du secteur privé, selon les der- niers pointages des National Accounts. «L’investissement dans des machines et des équipements pourrait connaître une hausse de seulement 0,4 % en 2018, com- parativement à une croissance de 1,3 % en 2017. Excluant les investissements dans des avi ons et des bateaux, la croissance sera de 3,5 % contre 3,6 % en 2017.»

Les données de Statistics Mauritius montrent que l’investissement du secteur privé concernait tout particulièrement le secteur de l’immobilier. L’investissement dans les travaux de construction pourrait enregistrer une hausse de 10,2 % en 2018 après une hausse de 6,8 % de ce segment en 2017.